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llais, instruit de la route que le duc devait suivre et de son dessein de traverser le Rhône à Anton, le sire de Gaucourt s’était entendu avec Grolée, et ils avaient fait venir du Velay une compagnie de gens de toutes nations qu’un capitaine espagnol, Rodrigue de Villandrada, amenait au roi de France. Cette compagnie se joignit aux hommes de bonne volonté qui étaient accourus à Lyon. Bientôt la forteresse de Colombier, près d’Anton, est occupée par cette armée improvisée. Surpris de voir que l’on était venu à sa rencontre, le prince d’Orange offre la bataille, et la perd (11 juin 1450) ; plutôt que d’être pris, il se jette à cheval et tout armé dans le Rhône, traverse le fleuve et va se réfugier dans le Bugey. Grolée, un des trois héros de cette journée, était le 9 juillet suivant dans le Mâconnais, à Vinzelles, d’où il écrivait aux échevins de Lyon que nombre de villages et de bourgs qui tenaient pour le duc de Bourgogne, avaient fait leur soumission, et il ajoutait : « Dieu merci ! l’on peut venir de Lyon à « Macon sans trouver de forteresse qui ne soit en « l’obéissance de M. le régent. » En juin 1434, Grolée se trouvait à l’entrée de Charles VII à Lyon, mais déjà il était atteint de la maladie qui le conduisit au tombeau le 25 décembre suivant. llfut inhumé dans l’église des Cordeliers, où reposaient plusieurs de ses ancêtres, qui en avaient été les bienfaiteurs. Un service pour le repos de son âme y fut célébré ; les échevins y assistérent, « attendu « le notable gouvernement dudit feu sénéchal. » Voyez Aymar du Rivail, de Allobrogilm : libri IX, p. 512 ; Chorier, Histoire du Dauphiné. t. 2, p. 427 ; M. de Barante, Duc : de Bourgogne. t. 5, p. 160, et t. 6, p. 95 çëdîl.. de 1825 ; la Biographie lyonnaise, p. 156, où se trouvent de courtes notices sur plusieurs personnages de la famille de Grolée ; nos Documents sur Lyon, sous Charles il et Charles VII, etc. A. P.


GROLIER, et non Gnotusu, comme Pécrivent la plupart des biographes(.le1uv), célèbre par la protection qu’il accorda aux lettres, était né àLyon en 1479, d’une ancienne famille originaire de Vérone. Son père, gentilhomme du duc d’origans, le fit venir à Paris, et ne négligea rien pour cultiver ses heureuses dispositions. Il apprit le grec et le latin, et s’appliqua à la lecture des bons auteurs de l’antiquité avec une telle ardeur, qu’on le cita bientôt comme un prodige d’érudition. François Ier ne laissa point échapper cette occasion de récompenser le mérite ; il honora Grolier de sa confiance, et le nomma intendant général de son armée dans le Milanais. après la perte de la bataille de Pavie, Grolier revint en France, où il continua, dit de ’l : hou, d’exercer avec beaucoup de soin et de fidélité la charge de trésorier, dans un temps où elle n’était pas encore avilie par le nombre (1). Il fut renvoyé en a

ll Il n’y uvnlt alors en France que quatre trésorier : généfaux. .. ~ * *

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Italie, près de Clément VII, et il se conduisit avec tant de sagesse dans la négociation dont il était chargé, que le souverain pontife voulut lui donner une preuve particulière de son estime, en prenant soin de la fortune de César, son fils naturel. Pendant son séjour à Rome, Grolier recherche la société des savants et se lia avec plusieurs d’entre eux ; il acquit aussi une grande quantité de livres, de manuscrits, de bronzes et de médailles, dont il forma dans la suite un cabinet, le plus précieux qu’on particulier eût alors en France. Un homme dont la vie entière avait été consacrée au service de l’État, et qui avait administré les finances du royaume sans que sa fortune s’en fuit accrue, paraissait devoir être à l’abri des atteintes de la méchanceté. Cependant il fut accusé de on ne sait quel crime ; et comme il se confiait dans sa seule innocence, il aurait infailliblement succombé, dit de Thou, s’il ’n’eût été défendu par mon père, qui ne se servait de l’autorité et du crédit qu’il avait dans le parlement que pour défendre les gens de bien contre les calomniateurs, les faibles contre les puissants, et les doctes contre les ignorants. Grolier mourut à Paris le 22 octobre 1565, à l’âge de 86 ans, et fut inhumé dans l’église St-Germain des Prés, auprès du maître-autel. Il avait en pour amis les savants les plus distingués, entre autres Budé, dont il fit imprimer le traité define par les Aides, en 1522 ; Érasme lui a donné de grands éloges ; Cœlius Rhodiginus, Alde Manuce, Baptiste Egnazio et plusieurs autres lui ont dédié quelques-uns de leurs écrits. Égnazio rapporte que Grolier ayant invité à diner plusieurs savants, il leur offrit à la fin du repas des gants où il avait enveloppé une somme en or. Ce trait suffit pour faire juger de sa générosité. De Thou a comparé sa bibliothèque à celle d’Asinius Pollio, la plus ancienne de Rome. Les débris en furent vendus en 1675, et Bonay. d’Argonne (Mélanges de littérature de Vigneul Merville) dit qu’il en eut à sa part quelques volumes, auxquels rien ne manquait ni pour la bonté des éditions, ni pour la beauté du papier et la propreté de la reliure. Ils sont, ajoute-t-il, tous dorés avec une délicatesse inconnue aux doreurs d’aujourd’hui : les compartiments sont peints de diverses couleurs, parfaitement bien dessinés, et tous de différentes figures. Chaque volume portait d’un côté, en lettres d’or, ces mots : J. Croleriî et amicorum, et de l’autre cette belle devise : Portio mea, Domine, sit in terra viventium ; son médaillier allait être transporté en Italie ; mais Louis XIV le lit acheter à un grand prix, ne voulant pas que la France fût privée d’une collection aussi précieuse. W—s.


GROLIG (Jean-Chrétien-André), né le 25 janvier 1777 à Klettstadt en Thuringe, perdit son père de bonne heure, mais reçut par les soins de sa mère cette éducation élevée qui développe en même temps le talent et la force de volonté. Ses premières études finies, il visita les universités d’Iéna d’abord, puis de Wittenberg, y étudie la