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Petersbourg et d’implorer solennellement l’indulgence du vainqueur. L’empereur Nicolas envoya le prince Dolgorould à Téhéran, et là fut donnée une terrible satisfaction aux Russes. Quoique les plus coupables se fussent soustraits à leur punition par la fuite, on s’empara de quinze cents individus du peuple, et on les mutila cruellement pour avoir pris part à l’émeute. Le grand mollah, qui n’avait pas empêché les mollahs, ses subordonnés, de recevoir dans la mosquée les corps de six Persans tués par les Cosaques, fut banni. On fit, le 29 (juillet, des obsèques solennelles à Gribojedof ans le couvent de St-David à Tiflis ; l’empereur assigna une pension à sa mère et à sa veuve. Telle fut la fin déplorable d’un jeune diplomate, qui aurait trouvé plus de bonheur et de gloire dans le culte paisible des muses vers lequel l’entraînaient ses goûts. Une notice sur Gribojedof et quelques lettres de lui ont été insérées dans le journal russe le Fils de la Patrie, 1830.


GRIESBACH (Jean-Jacques), né le 4 janvier 1745 à Buzbach, dans le grand-duché de Hesse-Darmstadt, professeur de théologie à Halle en 1775, puis à Iéna en 1775, et conseiller ecclésiastique de la cour de Saxe-Weimar, est un des théologiens allemands qui se sont le plus distingués de son temps dans la critique sacrée. Doué d’une raison supérieure, d’une érudition immense, d’une grande force d’application, élève et ami de Semler, mais plus calme que lui, tout en faisant les concessions exigées par l’esprit du siècle, surtout en Allemagne, il a plus qu’aucun autre dans ce gays contribué à contenir dans de certaines ornes l’esprít d’une foule de novateurs, qui ne tendaient a rien moins qu’à renverser tout ce qu’il y avait eu jusqu’alors de positif en religion, comme en morale et en politique. Ses nombreuses dissertations sur plusieurs points importants du Nouveau Testament et de l’histoire ecclésiastique, et surtout son Introduction à l’étude de la dogmatique populaire, qui a eu quatre éditions en Allemagne depuis 1779 jusqu’en 1789, ont singulièrement contribué à éclairer la critique et à fixer l’opinion flottante de beaucoup de ses compatriotes. Son édition grecque du Nouveau Testament. in-4°, imprimée à Leipsick en caractères fabriqués exprès chez le célèbre typographe Glischen, et publiée en 1807, et une édition de luxe terminée en 1806, sont de beaux monuments de critique. La plupart de ses ouvrages, roulant sur des objets peu populaires, n’ont pu avoir le succès brillant de productions du jour ; mais leur avantage n’en sera que plus durable. Outre ses travaux théologiques et ses cours, Griesbach avait beaucoup d’autres occupations, comme membre des états de Saxe-Weimar pour l’université de Iéna, et en cette qualité chargé de presque tous les intérêts de cette académie, comme un des directeurs de la Gazette de Iéna. et comme collaborateur actif de plusieurs ouvrages périodiques, tels que le Répertoire pour la littérature biblique et orientale, la Bibliothèque générale allemande et la gazette littéraire déjà citée. Ces nombreuses, occupations et l’habitude de prolonger son travail très-avant dans la nuit, lui occasionnèrent de bonne heure des infirmités auxquelles il succomba le 24 mars 1812. Peu de personnes ont exercé dans leur patrie une plus heureuse influence, et ont été entourées dans leur vie privée d’une égale considération. Les savants trouvaient auprès de lui une conversation nourrie ; les jeunes gens, de continuels encouragements, de grandes lumières, appuyées par une grande expérience. Ses principaux ouvrages, après ceux que nous avons cités, sont : Dissertatio de fide historica, ex ipsa rerum, quæ narrantur natura judicanda. 176-1, in-4° ; Diss. hist. theol. locos theologicas ex Leone M. pontifice romano sistens, Halle, 1768, in-10 ; Diss. de codicibus quatuor evangeliorum origenianis. partie 1, ibid., 1771, in-4°. Ce fut au talent déployé par Griesbach dans ces dissertations, qu’il dut sa nomination à la place de professeur extraordinaire de théologie à Halle. Ses succès dans cette université l’ayant fait appeler à Iéna, il s’y distingua successivement par les ouvrages suivants : De vera notione vocabuli Πνεῦμa in cap. I/III epistolæ ad Romanios I et II. Iéna, 1776 et 1777, in-4° ; Diss. curarum in historiam textus græcí epistolarum Paulinarum Specimen I, Iéna, 1777, in-4° ; Progr. de fontibus unde evangelistæ suas de resurrectione Domini narrationes hauserint, 1784 ; Pr. de imaginibus judaïcis, quibus auctor epistolæ ad Hebræos in describenda Messiæ provincia usus est, parties 1 et 2, 1791-1792 ; Symbolæ criticæ ad supplendas et corrigendas varias N. T. lectiones ; accedit multarum N. T codicum græcorum descriptio et examen, partie 1, Halle, 1785 ; partie 2, 1795, in-8° ; Commentar. in textum græcum N. T., parties 1 et 2. L’oraison funèbre de Griesbach, prononcée par M. Kœthe, professeur à Iéna, le peint avec une grande vérité. La notice qui accompagne cette oraison funèbre renferme une esquisse de sa vie et de ses ouvrages. L’article nécrologique de M. Paulus, dans le numéro 8 des Annales philologiques de Heidelberg, de 1812, contient un tableau fidèle des qualités morales de Griesbach, et un jugement raisonné sur ses principaux ouvrages et sur l’effet qu’ils ont produit en Allemagne. Il fait voir que Griesbach a rendu à la critique théologique en général, autant de services qu’Eichhorn à celle de l’Ancien Testament.

GRIESINGER (Jean-Burchard), pasteur protestant, naquit à Worms en décembre 1658 ; il perdit la vue n’ayant encore que trois ans, ce qui ne l’empêcha cependant pas de se livrer aux études, quand il eut atteint Page de dix-neuf ans ; il se rendit ensuite à Strasbourg et à Iéna, et après avoir été promu, dans cette dernière ville, en 1670, au degré de maître en théologie, il y prê-