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à Bernis vers 1728, et mort le 19 mai 1771, a publié une Dissertation sur l’origine de la loi Papia Poppea, 1765, in-12. V. S. L.


GRAVES (Richard), écrivain anglais, né en 1715 à Mickleton dans le comté de Gloucester, hérita de son père un goût marqué pour l’étude. Lisant Hésiode et Homère à douze ans, il fut envoyé à l’université d’oxford, où il se joignit à quelques jeunes gens qui passaient leurs soirées ensemble à lire les auteurs grecs les plus difficiles qu’on ne leur expliquait pas au collège et à boire de l’eau. Ce penchant à l’étude et à la sobriété fut un peu contrarié par la liaison intime que Graves forma bientôt avec Shenstone. Il avait contracté, avant de savoir même, dit-il, son catéchisme, une habitude de rimer à laquelle il ne pouvait résister ; mais cette disposition ne lui avait pas fait négliger les études nécessaires à l’état ecclésiastique auquel il était destiné. Il obtint une cure dans le voisinage d’oxford. Son presbytère n’étant pas encore habitable, il se logea chez un fermier peu aisé : la fille de ce fermier lui inspira de l’amour, et il l’épousa. Vers 1750 il fut nommé curé de Glaverton, où il ouvrit ensuite une école, qu’il dirigea pendant trente ans. Il joignit à sa cure en 1765 celle de Kilmersdon, et la place de chapelain de lady Chatam. Le fanatisme et l’insolence d’un cordonnier méthodiste, récemment établi à Claverton, qui, non content d’y faire beaucoup de prosélytes, avait fait proposer à Graves d’essayer lequel, par ses prédications, convertirait le plus de pécheurs, lui inspirèrent l’idée du plus célèbre de ses ouvrages, le Don Quichotte spirituel, roman qui parut fort piquant en Angleterre, mais où on lui a reproché d’avoir prostitué en quelque sorte le langage de l’Écriture à un objet de plaisanterie. L’application de l’esprit, un exercice presque continuel et une frugalité excessive, l’avaient réduit à un état de maigreur extrême. La brièveté de ses visites faisait dire à M. Thickness : « M. Graves serait un des hommes du monde le plus aimable, s’il avait le temps de l’être. » Graves avait un esprit vif, subtil, piquant, qu’il portait dans la conversation comme dans ses livres ; il était même enclin au sarcasme et à l’épigramme, quoique d’ailleurs le meilleur homme du monde. Non-seulement il faisait profession de piété, mais il pensait qu’après avoir tout lu et tout examiné, tout homme devait nécessairement être chrétien. Il mourut le 25 novembre 1804, âgé de 90 ans. Voici la liste de ses ouvrages. dans lesquels on trouve toujours de l’esprit et de la raison, mais plus de naturel et d’élégance que de force et de profondeur : 1o le Feston, ou Recueil d’épigrammes avec un Essai sur ce genre de composition. Une médaille d’argent ayant été proposée en prix par les propriétaires d’un ouvrage périodique, pour le meilleur écrit sur la nature de l’épigramme, un garçon apothicaire ne se fit pas scrupule de s’approprier l’essai anonyme de Graves, l’envoya comme sien au concours, et la médaille lui fut adjugée. Ce ne fut que dans une publication subséquente que le véritable auteur se fit connaître. 2o Invitation à la race enplumée, 1765 ; l’un des plus jolis poëmes de Graves ; 5o le Don Quichotte spirituel, 1772, 5 vol. in-12 ; 4o Souvenirs de quelques particularités de la vie de Shenstone, en une suite de lettres à Guill. Seward, 1778 ou 1788. Ces lettres ont pour objet de réfuter des critiques de Gray, de Mason, et surtout de Johnson, qui avait avancé que Shenstone n’avait ni l’esprit étendu ni le goût de l’instrutction. 5o Lucubrations composées d’essais, rêveries, etc., en prose et en vers. 1786, in-8o, sous le nom de Peter of Pountefract ; 6o Galateo, ou Traité sur la politesse, traduit de l’italien de De la Casa, évêque de Bénévent ; 7o Columelle, ou le Malheureux anachorète, conte dialogué en 2 volumes, où en peignant les effets d’une vie solitaire et indolente pour un jeune homme d’esprit et de talent, on suppose qu’il a fait allusion à la situation de Shenstone ; 8o Euphrosine, recueil de poésies en 2 volumes, qui a eu plusieurs éditions ; 9o Eugène, ou Anecdotes du vallon d’or, Londres, 1785, 2 vol. in-12 ; 10o Rêveries de la solitude, contenant des essais en prose, une nouvelle traduction de Muscipula (poëme latin d’Holdsworth), et des poésies originales, 1795, in-8o ; 11o Plexippus, ou le Plebéien ambitieux, en 2 Volumes ; 12o le Fils du fermier, conte moral en vers ; 13o les traductions suivantes du grec : la Vie de Commode, par Hérodien ; Hiéron, sur l’état de la royauté, de Xénophon, 1795, in-12 ; les Méditations d’Antonin ; 14o la Coalition, ou la Répétition de l’opéra pastoral d’Echo et Narcisse, comédie en trois actes ; 15o l’Amour de l’ordre, poëme ; 16o Sermons sur divers sujets. 1799, in-8o ; le seul de ses ouvrages auquel il ait mis son nom ; 17o Récréation d’un vieillard (Senilities), ou Amusement : solitaires, en prose et en vers, 1801, in-8o ; 18o L’Invalide, avec les moyens probables de jouir de la santé et d’une longue vie, par un nonagénaire, 1805, in-12. Ce fut le dernier de ses écrits qu’il publia ; mais ce n’en est ni le moins utile ni même le moins agréable à lire. On a publié après sa mort un recueil intitulé les Badins, composé d’essais badins, d’anecdotes badines et de quelques badinages poétiques, par un adepte dans l’art de badiner, etc. C’est un mélange amusant. Le ton des poésies est d’une légèreté remarquable dans un vieillard nonagénaire.

Parmi les anecdotes, on y en trouve quelques unes sur Wm. Blackstone, avec qui l’auteur avait été lié. Graves fut un des coopérateurs du recueil intitulé The Olla podrida.

X-s.


GRAVESANDE (Guillaume-Jacob’s), physicien, géomètre et philosophe hollandais, naquit à Bois-le-Duc le 27 septembre 1688. Le nom de sa famille est proprement Storm van ’s Gravesande. C’était une ancienne famille patricienne de Delft, qui a donné des magistrats à cette ville des l’année 1419, et qui fut l’objet des persécutions des ducs d’Albe pour son attachement au prince d’O-