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Ayant publié en 1792 un mémoire en faveur des directeurs de cette administration, que Clavière, ministre des finances, avait destitués, il perdit lui-même sa place ; et, l’année suivante, traduit au tribunal révolutionnaire pour avoir fait dans cet écrit l’éloge de Louis XVI, il fut cependant acquitté. Compromis dans la conspiration royaliste de Brotier (1797), il n’échappa que par la fuite au mandat d’arrêt lancé contre lui. Le 22 mai 1814, Gouin fut présenté à Louis X’lll et lui offrit le mouchoir trouvé sur Louis XVI au moment de sa mort. Il y joignit une pièce de vers et un recueil d’opuscules de sa composition. Il rentra en 1816 dans l’administration des postes, dont il fut nommé en 1821 l’un des cinq administrateurs généraux, reçut la même année la croix de la Légion d’honneur, et mourut le 21 décembre 1825. Un a de lui : 12 Pétition des chien : à la convention nationale. 1796 ; 2° Projet ¢l’une pompe funèbre pour le 21 janvier 1797 ; 5° Procès criminel de la révolution, 1799 ; 4° Hymne á la Divinité : ur le retour du roi, 1814 ;*5° Réponse à la dénonciation de M. Méhée de la Touche, contre le : ministre : du roi. Paris, 1811, in-8o de 16 pages ; 6° Euai lai :- torigue sur félalzlissement de : poste : en France, sur Ier produit : progressifs de ce domaine royal, le : changements ou amélioration : opéré : dans son organisation, depui : l’ année 1464 ju.rqu’au moi : d’octobre 1825, Paris, 1825, in-4o. On’y trouve des détails curieux. P—nr.
GOUJET (Cuuxoe-Pn-znne), chanoine de St-.lacques
de Pllópital, l’un des écrivains les plus
laborieux du 18e siècle, naquit à Paris le 19 octobre
1697. Il était d’un tempérament délicat, et
il essuya pendant sa jeunesse plusieurs maladies
assez graves pour mettre sa vie en danger. Ce
fut peut-être ce motif qui détermine son père,
peu aisé et d’un caractère dur, à lui permettre
de suivre le goût qu’il montra de bonne heure
pour Pétude. Il fit ses basses classes au collége
Mazarin, et sa rhétorique sous les Pères Porée et
Sanadon. Le premier fit quelques démarches
pour l’engager à entrer chez les jésuites, et
l’abbé Goujet, devenu janséniste, « regardait
« comme une grâce singulière du ciel de lui avoir
« échappé. » Cependant son ardeur pour l’étude
et sa faible santé lui inspirèrent de l’éloignement
pour le monde. Il prit en 1705 l’habit ecclésiastique,
fit son cours de théologie, et osa soutenir
dans sa thèse de licence des principes condamnés
par la bulle Unigenilier. En 1719 il se présenta
pour être admis dans la congrégation de l’Oratoire ;
mais il en sortit au bout d’un an, du consentement
des supérieurs, pour prendre possession
du canonicat de St-Jacques, dont il avait été
pourvu par les collateurs sans aucune sollicitation.
L’abbé Goujet ne tarda pas à se signaler
parmi les appelants : conférences particulières
ou publiques, instructions, lettres, discours,
voyages, il init tout en œuvre pour faire triompher
une cause qu’il regardait comme celle de la
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vérité. Cette conduite devint un obstacle à sa fortune ; mais il s’en consola par l’idée qu’il remplissait son devoir. On lui offrit des cures, des bénéfices ; il les refusa tous, parce qu’on aurait exigé de lui une rétractation qui blessait sa conscience. Au milieu de cette vie agitée, son amour pour l’étude, loin de s’afi’aihlir, semblait prendre une nouvelle force. Il avait traduit, d’après le conseil d’un ami, le traité de Grotius, De la vérité de la religion ; et cette traduction, accompagnée de notes judicieuses, fut très-bien reçue. Ce premier succès l’encouragea, et il publia plusieurs morceaux intéressants dans les Nouvelle : littéraire : et dans la Continuation des mémoires de littérature (voy. Dasuou-ns). Il céda ensuite aux sollicitations de quelques personnes qui l’engageaient à se charger de terminer l’Histoire ecclésiastique de Fleury. Il ne se dissimulait pas toutes les difficultés d’un pareil travail ; et pendant l’impression de son Histoire du concile de Constance, ayant appris que le P. Fabre avait fait une continuation de l’ouvrage de Fleury, il renonça avec plaisir à la sienne et prit même l’engagement de revoir celle de son rival (voy. Faune). Depuis il ne se passa pas une seule année sans que l’abbé Goujet donnàt au public quelques nouvelles productions. Son attachement aux devoirs de son état et le zèle avec lequel il continuait à les remplir l’obligeaient souvent à prendre sur les heures du sommeil pour se livrer à ses études. Uexcès du travail l’échauffait ; et la fièvre, en le retenant au lit, le forçait à un repos indispensable ; maisà peine rétabli il se hatait de reprendre un genre de vie si contraire à la santé. Aux retours fréquents de fièvre et de colique se joignirent, en 1755, des douleurs dans la vessie. Le jour où il devait être soudé, s’étant voué au diacre Paris, il rendit sans effort cinq pierres, dont l’une, dit-il, armée de pointes aiguës, était grosse comme le petit doigt d’un enfant de six ou sept ans ; il ne manqua pas d’attribuer sa guérison à l’intercession du bienheureux diacre ; trait qui sufiit pour prouver son entêtement dans les principes du jansénisme, et qui explique aussi sa haine contre ceux qu’il croyait en être les adversaires. Cette haine perce surtout dans ses corrections et suppléments au Dictionnaire de Moreri. Les appelants y sont représentés comme des martyrs de la foi, et les théologiens de Port-Royal comme autant de Pères de l’l-Église ; tandis que le mérite des écrivains opposés y est sans cesse rabaissé avec cette même mauvaise foi que l’abbé Goujet reprochait à ses ennemis. Uimpression du Supplément éprouva de grandes difficultés ; on demanda à Goujet des corrections qu’il refusa avec aigreur. Le ministre fit saisir les exemplaires qui restaient en magasin ; et la vente n’en fut permise qu’avec de nombreux cartons (1), (1) La manière dont Gouiet se vante ¢l’a-oir en ces cartons pour les réfuter avant Pixnpresslon prouve qu’il n’était pu très-scrupuleux quand il ùglsuit de l’intérêt de son parti. Il np