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non plus des frais, souvent considérables, que devaient entraîner ou ses observations, ou ses expériences. Négligent de ses propres affaires, il aurait probablement dissipé son patrimoine, sans l’esprit d’ordre et de conduite de sa femme (Louise Agasse), personne de mérite, digne de lui, mais plus calme, plus retenue, et connaissant mieux les ressources et les exigences du ménage., A. lil.


GOSSE (l :’}'n|-nvxe), auteur dramatique, né en 1775 à Bordeaux, était secrétaire de l’arsenal de Nantes au commencement de la révolution, dont il adopta d’abord les principes avec ardeur. Il s’enrola dans un bataillon de volontaires bretons qui vint à Paris en 1792, et dans lequel il fut fait ollieier. C’est alors qu’il débuta dans la carrière dramatique par une pièce de circonstance. Simonneau, tanneur à Etampes et maire de cette ville, avait été massacré le 5 mars 1792 par la populace, qui voulait le forcer à diminuer le prix du pain. l’assemblée législative lui vota un monument sur la place publique d’Étampes, et le 5 juin 1792, fit céléhrrr une féte pour honorer sa mémoire. Gosse prit ce brave citoyen pour le héros d’un drame en un acte et en vers, qui fut représenté sur le théâtre du Marais au commencement de 1795. Peu de temps après il fut envoyé dans la Vendée, où il fit la guerre jusqu’en 1796. Une blessure, par suite de laquelle il resta boiteux, l’engagea à donner sa démission, et il se livra désormais à son goût pour la littérature et pour le théâtre. Les excès commis pendant le règne de la terreur avaient modifié ses opinions. On en voit la preuve dans sa comédie des Femme : politiques, en trois actes et en vers, re résentée en 1797. « Les P

comédiens sans-culottes du théâtre de la République, est-il «lit dans le Iñactionnaire des grand : « homme. : du jour (1), se seraient rendus suspects « aux frères et amis, s’ils avaient eu l’aristocratie « de représenter une pièce aussi contre-révolutionnaire. Alors l’auteur fut forcé de la faire « jouer au théâtre de la rue du Bac (2). » Des vers heureux, des caractères neufs et bien soutenus, et surtout la couleur d’opposition imprimée par l’auteur à cet ouvrage, tout contribua à son succès ; mais les représentations en furent arrêtées pendant quelque temps par ordre supérieur, d’après les plaintes de deux ou trois dame. : d’laonueur(5) de madame Tallien, qui furent choquées de voir leurs ridicules et leurs vices exposés sur la scène avec tant de vérité. En 1800, Gosse lit preuve des mêmes opinions dans un roman intitulé les Ilmanls vendéens. 4 vol. in-12, où il a su reproduire la couleur locale et retracer des événements intéressants. En1801 il fut du nombre des hommes modérés que le gouvernement consulaire cherchait à s’attacher dans toutes les positions. Nommé en conséquence inspecteur des ll) Paris, lloréal au 8 fmai 1800), 1 vol. in-12. (2) ’fhèâtre appelé des Victoires nationales. l3l Voyez Pourrage cité dans la note l.XVll. 7

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remontes, puis receveur de la loterie à Toulon, Gosse conserva cette dernière place jusqu’en 1815. Compris dans les nombreuses destitutions qui avaient lieu alors, il ouvrit à Toulon un établissement de limonadier ; c’est ce qui a inspiré à l’auteur du Martyr-ologe littéraire cette réflexion : « Hélas ! tel vaudevilliste qui n’a pas son « talent fait demander l’auteur ! et serait bien « plus sage de se faire appeler garçon ! » Comme il ne réussissait pas dans son officine, Gosse vint à Paris faire de l’opposition libérale, et fut un des copropriétaires rédacteurs du journal intitulé le Miroir. Il remit alors au théâtre sa comédie des Femme : politiques, réduite en un seul acte. Cette reprise eut peu de succès. Le Médímnt. comédie en trois actes et en vers, représentée le 25 septembre 1816, est sans contredit son meilleur ouvrage. Le caractère principal est bien tracé ; il y a des situations comiques amenées et développées avec art, et un grand nombre de vers piquants et faits pour devenir proverbes. En 1818 il donna un Recueil de fables. 1 vol. in-12. Ces apologues, politiques pour la plupart, n’ont pas du tout leur succès aux circonstances ; on y remarque des llctions ingénieuses, entre autres l’Arm-e exotique, allusion touchante aux malheurs d’un exilé : Ton écorce n’a plus d’odeur,

Ta feuille, hélas ! parait flétrie ; Bel arbre, d’nù vient ta langueur ! u Je ne suis plus dans ma patrie. n On peut encore citer le Chien du ministre el le Chat du minùtere. Il’année suivante Gosse, qui se livrait beaucoup trop à son extrême facilité, publia des Proverbe : dramatiques. 2 vol. in-8°. Les journaux libéraux en firent le plus grand éloge ; sans doute on y trouve quelques scènes piquantes et des détails ingénieux ; mais le ton des personnages mis en action par l’auteur n’est pas celui de la bonne société, et souvent il attaque les principes les plus respectables. Gosse fut un des fondateurs dp la Pandore, qui remplaça le Miroir, et comme tel il eut un procès à soutenir en police correctionnelle. Il est mort subitement à Toulon, le 21 février 1834, des suites d’une altercation qu’il venait d’avoir avec un de ses anciens amis. On a de lui, outre les ouvrages que nous venons de citer : 1" l’Ep›-euee par res-semblasse, comédie en un acte et en vers, représentée au théâtre hlontansier-Variétés ; 2° l’.~l uleur dans.ron ménage. opéra-comique en un acte, 1799, in-8° : cette bluette, pleine d’esprit et de gaieté, est restée longtemps au répertoire du théâtre Feydeau ; 5° Dorphinle, ou le Bienfaíeant par intérêt. comédie en trois actes et en vers, donnée au même théâtre en 1799 : elle eut peu de succès, ainsi que les suivantes ; 4° l’E : clove par amour. opéra-comique, 1800, in-8° ; 5° le Roman, opéra-comique en un acte, 1800 ; 6° le Nouveau débarqué. comédie-vaudeville, 1800 ; 7° le Maréchal de Sao-e, 1800 : le peu de succès de ces différentes pièces dégoúta probablement leur auteur, qui cessa pendant plusieurs années de s’exposer . 26