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helléniste, composa la musique. En 1819, elle fit représenter au Théatre-Français le Marquis de Pomenars, comédie en un acte et en prose. En 1821, Paër cherchait un livret d’opéra-comique, madame Sophie Gay remania le Chanoine de Milan, d’Alexandre Duval, comme elle avait remanié la Sérénade de Regnard, et Paër lui dut le grand succès du Maître de chapelle. Une aventure du chevalier de Grammont, comédie en 3 actes et en vers ; Marie ou la Pauvre fille, drame en 3 actes et en prose, ont vécu âge de pièces. La Veuve du tanneur a été une des soirées triomphantes de l’hôtel Castellane ; mais la Duchesse de Châteauroux, représentée en 1843, n’a fait que passer sur la scène de l’Odéon. Madame Sophie Gay avait alors soixante-sept ans. La vieillesse commençait à marquer sur son talent, qui n’était que la moindre part d’elle-même ; mais elle n’a jamais pesé sur son esprit. Madame Sophie Gay est restée jusqu’à ses derniers moments ce qu’elle avait toujours été, une femme du monde et dont l’atmosphère naturelle était dans le monde, une femme qui vivait du mouvement et de l’animation des sociétés brillantes, qui vivait de toutes les curiosités de l’esprit, de toutes les nouveautés de l’art, d’un concert et d’une première représentation, d’une lecture et d’une répétition générale. La mort ne l’inquiétait qu’avec l’idée de la solitude, et elle disait souvent à ses amis qu’elle irait mourir chez eux, de peur que cette demoiselle ne la trouvât seule. La vieillesse ne lui déplaisait pas, en ce qu’elle est exempte de toutes les vanités qui troublent la vie, et qu’elle jouit de tout avec sérénité : des arts, de l’amitié, de la nature. Les plus jolis vers qu’elle a laissés sont intitulés le Bonheur d’être vieille, et elle a regardé sans doute comme une grande part de ce bonheur d’avoir été liée avec trois générations d’artistes ou d’illustres amateurs, depuis le chevalier de Boufllers jusqu’à Balzac, depuis Méhul jusqu’à Meyerbeer, depuis Garat jusqu’à Duprez, depuis mademoiselle Contat jusqu’à mademoiselle Rachel. Madame Sophie Gay est morte ainsi qu’elle avait souhaité de mourir, sans avoir connu l’isolement, sans avoir manqué de la douce consolation des arts. Son piano était ouvert auprès d’elle, et comme ses pensées étaient tournées vers Dieu, des mains amies, exécutant des mélodies pures et religieuses, soutenaient l’essor de cette âme qui se détachait lentement de la vie. Après avoir cité quelques-unes des productions de madame Sophie Gay, nous donnerons la liste complète de ses ouvrages : 1° Laure d’Estell, Paris, 1802, 3 vol. in-12 ; 2° Léonie de Montbreuse, Paris, 1813, 2 vol. in-12 ; 3° Anatole, Paris, 1815, 2 vol. in-12 ; 2° édition, 1822 ; traduit en anglais par la baronne Hemart, Paris, 1841, in-8° ; 4° la Sérénade, 1818 ; 5° les Malheurs d’un amant heureux, Paris, 1818-1823, 3 vol. in-8° ; 6° le Marquis de Pomenars, comédie en un acte et en prose, Paris, 1820, in-8° ; 7° le Maître de chapelle, 1821 ; 8° Une aventure du chevalier de Grammont, comédie en trois actes et en vers, Paris, 1822, in-8° ; 9° Marie ou la Pauvre fille, drame en trois actes et en prose, Paris, 1824, in-8° ; 10° Théobald, épisode de la guerre de Russie, Paris, 1828, 4 vol. in-12 ; 11° le Moqueur amoureux, Paris, 1830, 2 vol. in-8° ; 12° un Mariage sous l’empire, Paris, 1832, 2 vol. in-8° ; 13° Scènes du jeune âge, Paris, 1833, 2 vol. in-12 ; 14° la Physiologie du ridicule, Paris, 1833, 2 vol. in-8° ; 15° Souvenirs d’une vieille femme, Paris, 1834, in-8° ; 16° la Duchesse de Châteauroux, Paris, 1834, 2 vol. in-8° ; 17° le Chevalier de Canolle, opéra comique en 3 actes, musique de M. Defontmichel, Paris, 1836, in-8° ; 18° le Comte d’Egmont, Paris, 1836, 2 vol. in-8° ; 19° les Salons célèbres, Paris, 1837, 2 vol. in-8° ; 20° Marie de Mancini, Paris, 1840, 2 vol. in-8° ; 21° Marie-Louise d’Orléans, Paris, 1842, 2 vol. in-8° ; 22° la Duchesse de Châteauroux, drame en 4 actes, Paris, 1844, in-8° ; 23° Ellenore, Paris, 1844-1846, 4 vol. in-8° ; 24° le Faux Frère, Paris, 1845, 3 vol. in-8° ; 25° le Comte de Guiche, Paris, 1845, 3 vol. in-8° ; 26° le Mari confident, 1849 ; 27° Société du travail à domicile, discours, suivi d’une pétition en vers en faveur de l’œuvre, prononcé par madame Sophie Gay, 1849. Du reste, ce qui n’a pas été publié à part se trouve dans les Nouvelles nouvelles, le Livre des Cent et un et la collection de la Presse. E. T—y.


GAY (Delphine). Voyez Girardin (madame Émile de).

GAY-LUSSAC (Josarn-Louis), membre de l’Académie des sciences, un des physiciens et surtout des chimistes les plus illustres de son temps, naquit le 6 décembre 1778 à St-Léonard le Noblat, petite et ancienne ville du Limousin, située sur une hauteur au bas de laquelle coule la Vienne, à vingt et un kilomètres de Limoges. Il mourut à Paris le 9 mai 1850, d’une atrophie du cœur, maladie dont il nourrissait le germe depuis longtemps, et qui avait pris tout à coup un développement funeste, quatre mois auparavant. Gay-Lussac était membre de l’Académie royale de Prusse, de la Société royale de Londres ; de l’académie impériale de Russie ; des sociétés d’Édimbourg, de Stockholm, de Turin, etc., etc. ; il était grand officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre du Mérite de Prusse ; chevalier de l’ordre de l’Étoile polaire de Suède, etc. (1).-Son père, Antoine Gay, ou Gay-Lussac, fils d’un médecin, était avocat et procureur du roi ; ll remplissait les fonctions de juge dans la partie de la ville qui est bâtie sur les bords de la Vienne, et qu’on (1) Nous avons sous les yeux, en rédigeant cet article : tflla biographie de Gay-Lussac lue en séance publique de l’Ac : nlémie des sciences le 20 décembre 1862 par Arago ; 2° la notice sur la vic et les travaux de Gay-Lussac par M. Biot, lue à la séance anniversaire de la Société royale de Londres le 30 novembre 1850 ; 3° les discours prononcée sur la tombe de Gay-Lussac par MM. Arago, Thénard, Chevrcul, Bccquerel, Puulllct et Dev pi-ctz ; 4° une notice sur Gay-Lussac par M. le docteur Mussoulard, gendre de son Irène : elle lut insérée en grande partie dans le Journal de Liluolpu, et sctennine par une liste din travaäix de Gag-Lussrc à aquelle nous n’avous trouvé à ajouter que uq ou s ante es.