Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 16.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Salm) a publié en 1802 un Éloge historique de Pierre Gaviniés. Fayolle a publié Notices sur Corelli, Tartini. Gavíniès, Pugnani et Viottí, 1810, in-8°, avec cinq portraits.


GAVIROL (Soliman Ben), l’un des plus fameux rabbins qui aient écrit en arabe, était natif de Malaga, florissait à Saragosse dans le 11e siècle et mourut, suivant Zacut et Yachia, à Valence en 1070. Il cultiva avec succès la grammaire, la philosophie, l’astronomie, la musique et les autres sciences : mais la philosophie morale et la poésie firent ses délices ; il réussit tellement dans cette dernière, que Charizi trouve ses vers admirables et supérieurs à ceux de tous les autres poëtes : il porte un jugement aussi favorable concernant sa manière d’écrire sur la philosophie morale, genre dans lequel il a composé deux chefs-d’œuvre en arabe ; le premier est intitulé Tikkun middot ou Correction des mœurs, divisé en cinq sections, qui traitent des cinq sens, des vertus et des vices, de leurs rapports et qui se trouve en cette langue originale à la Bibl. bodl., n° 558 du nouveau catalogue d’Uri, parmi les manuscrits hébreux. Suivant une note qu’on lit dans ce manuscrit, il aurait été composé à Saragosse l’an des Grecs 1428 (1116 du christianisme). Mais deux manuscrits que Rossi possédait de la traduction en hébreu que Judas Ben-Tibbon fit de cet ouvrage, portent l’un et l’autre que Gavirol le composa l’an 805 ou 1045. Voy. le Catalogue raisonné des manuscrits de Rossi. t. 2, p. 129 et t. 5, p. 125, à l’art. des manuscrits 584 et 12-16, où il relève une erreur de l’édition de Riva, à Trente, en 1562, et de Wolf, qui, confondant une lettre avec une autre, fixe l’époque de la composition de cet ouvrage à l’an 808 ou 1048. Un troisième manuscrit, dont Rossi a fait postérieurement l’acquisition, confirme la leçon des deux qu’il avait déjà ; et s’il est vrai, comme les écrivains hébreux l’attestent, que Gavirol mourut en 1070, il n’est point douteux que leur leçon ne soit préférable à celle du manuscrit arabe de la Bibl. bodl. Le second ouvrage de notre auteur sur la morale a pour titre : Michvar appenim. Choix de perles. Plusieurs l’attribuent à Jedaïa Appenini ou Bedrachi ; mais il est certainement de Gavirol. Le temps où vivait Ben-Tibbon, traducteur de Gavirol, prouve d’une manière péremptoire que l’ouvrage est de ce philosophe, puisque Bédrachi, auquel on l’attribue, vivait un siècle après lui. Gavirol a composé en hébreu divers ouvrages et beaucoup de poésies, dont Rossi parle dans son Dict. hist. des aut. hébr. À son article (voy. Jedaïa).


GAWRY (le comte de), seigneur écossais qui, mécontent de l’administration du duc de Lennox et du comte d’Arran, ministres de Jacques VI, roi d’Écosse, entra dans une conspiration formée par une partie de la haute noblesse, pour expulser du royaume ces favoris universellement détestés. Son château de Ruthwen fut choisi pour le lieu de l’exécution de ce dessein ; et ce fut cette circonstance qui fit donner aux conjurés le nom de lord : de Rutliwen. C’est en effet dans ce château qu’ils tinrent leur souverain captif, jusqu’à ce qu’il eut consenti à l’éloignement de ses ministres (voy. Jacques Ier, roi d’Angleterre). Quoique les coupables eussent pris la précaution de se l’aire solennellement amnistier par une déclaration royale (1582), cet énorme attentat ne resta pas longtemps impuni ; car le premier acte de Jacques Vl, rendu à la liberté, fut de rappeler le comte d’Arran et de le rétablir dans toute sa puissance. Les lords de Ruthwen furent alors contraints de prendre la fuite pour se soustraire aux persécutions de l’implacable favori. Gawry, qui avait empêché les conjurés de sacrifier le comte d’Arran à leur haine, avait des droits à la reconnaissance de ce dernier : mais il fut cruellement trompé dans son attente. Sous prétexte d’un nouveau complot, il fut arrêté, livré à un tribunal qui le condamna à perdre la tête, et l’ex6cution suivit immédiatement la sentence (1584). Le supplice de Gawry laissa dans le cœur de ses enfants un profond ressentiment contre le roi, qui l’avait souffert après avoir accordé au comte un pardon spécial. Ils crurent toutefois devoir étoufer quelque temps le cri de la vengeance. Enfin, après seize ans de dissimulation, ils résolurent d’immoler Jacques aux mànes de leur malheureux père. Dans cette vue, ils invitèrent ce prince à se rendre à leur maison de Perth, pour assister, disaient-ils, à la découverte d’un trésor qui y était caché. Au jour indiqué, le roi arriva sans défiance et presque sans suite. Aussitôt un des fils de Gawry le fit entrer dans une chambre solitaire, où un homme armé de toutes pièces avait été aposté pour lui donner la mort. À l’aspect de son roi, l’assassin laissa échapper le fer de ses mains. Mais le fils de Gawry, accablant Jacques de reproches, tira son poignard, qu’il se préparait à enfoncer dans le cœur de ce prince, lorsque l’homme armé s’écria que, lui vivant, il ne laisserait pas égorger à ses yeux son souverain, et courut ouvrir une fenêtre, tandis que le roi repoussait vivement son antagoniste. Alors Jacques, appelant à son secours, cria avec force : /la meurtre ! on m’a : : a.r : ine ! Quelques gens de la suite du roi, qui étaient dans la rue, reconnurent la voix de leur maître : ils franchirent en un instant l’escalier, et s’élançant dans l’appartement, parvinrent à dégager le prince des mains de son

meurtrier, qui, accablé par le nombre, eut bientôt mordu la poussière. Comme ils s’attendaient à étre attaqués par l’ainé des fils de Gawry, qui ne s’était point encore montré, ils enfermèrent le roi dans un cabinet, dont ils résolurent de dé-