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relatif à la Trinité, sur laquelle, comme on sait, l’amant d’Héloïse eut d’abord des principes qui différaient de ceux que professaient les théologiens. On a encore imprimé une autre lettre de Gautier, sur une question de théologie, à laquelle Arnoul, archidiacre de Seès, avait donné lieu. Cette pièce, que Hugues Mathou a imprimée dans ses observations sur Robert Poulet (Pallas), est, quoi qu’il en dise, de Gautier de Mortagne, et non d’un Guillaume de Mortagne, auquel, trompé par l’initiale G ou W, employée indistinctement à cette époque au commencement des noms de Gauthier, Guillaume, etc., il l’attribue mal à propos et contre toute vraisemblance. Les recherches que nous avons eu occasion de faire à cet égard nous ont déterminé à nous ranger, contre le P. Mathou, de l’avis de l’abbé Trigan, qui l’a justement combattu. Gautier mourut et fut inhumé à Laon en 1174.


GAUTIER DE SIBERT, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, naquit à Tonnerre, en Bourgogne, d’une famille alliée à celle du fermier général du même nom. Destiné à exercer une place dans la finance, son penchant irrésistible pour la littérature l’emporta sur le vœu de ses parents. Dénué d’ambition et au-dessus du besoin, il vint à Paris cultiver les lettres en paix, et faire de l’étude son occupation favorite. En 1767, l’Académie des inscriptions récompense son zèle par une place d’associé. Gautier de Sibert a enrichi le recueil de cette société savante de huit Mémoires : sur la loi Sempronia ; sur la question, s’il y a eu un ordre du tiers état sous les deux premières races de nos rois ; sur les idées religieuses, civiles et politiques des anciens peuples, relativement à la barbe et à la chevelure ; sur le nom de cour plénière ; sur la philosophie de Cicéron, et sur la différence qui existe entre la doctrine des philosophes académiques et celle des philosophe sceptiques. On lui doit encore les ouvrages suivants : 1° Variations de la monarchie française dans son gouvernement politique, civil et militaire, ou Histoire du gouvernement de la France depuis Clovis jusqu’à la mort de Louis XIV. Paris, 1765, 4 vol. in-12 ; ibid., 2° édition, 1789. l’auteur y suit graduellement les usages, les lois de la monarchie française, la nature des revenus publics, les mutations des domaines et des flefs, l’accroissement et l’affaiblissement de la juridiction ecclésiastique ; il traite des assemblées de la nation, etc., du gouvernement féodal, etc., et enfin de l’accroissement successif des prérogatives de la noblesse ; du passerage, ainsi que des droits et fonctions des différentes charges de la couronne. Les formules de Marculfe, les capitulaires de Charlemagne, les institutions et établissements de St-Louis, y sont aussi expliqués et commentés. Cet ouvrage, très-utile à ceux qui s’occupent de notre ancienne histoire, est écrit avec clarté ; mais ou y pourrait désirer plus de critique, et des citations plus multipliées des différents ouvrages, soit manuscrits ou imprimés, qu’il a mis à contribution, et qui forment ses autorités ; 2° Vies des empereurs Tite, Antonin et Marc-Aurèle, 1769, in-12 ; 3° Histoire des ordres royaux hospitaliers et militaires de St-Lazare, de Jérusalem et de Notre-Dame du mont Carmel. Liège et Bruxelles,

1775, in-1°. Cet ouvrage a un but d’utilité assez bien rempli ; cependant on y remarque quelques taches, qui prouvent que l’auteur n’était pas profondément versé dans l’étude de la langue grecque. 4° Considérations sur l’ancienneté de l’existence du tiers état, et sur les causes de la suspension de ses droits pendant un temps. 1789, grand in-8°. Lors de la suppression des académies, Gautier de Sibert est retourné à Tonnerre, où il avait des propriétés, et où il est mort en l’an 6 (1798). C’est à tort que quelques biographes l’ont placé parmi les membres de l’institut ; il n’a jamais été affilié d’aucune manière à ce corps savant.


GAUTIERI (le chevalier Joseph) naquit en 1769, à Novare, d’une des familles les plus respectables de cette ville. Il fit ses premières études au collége de Monza, et, il Page de quinze ans, en sortant de cette célèbre institution, il fut agrégé à l’Académie des Arcades de Rome, récompense qui était donnée à l’élève le plus distingué. Les nobles Caccia, Novarais, avaient fondé un collége gratuit près de l’université de Pavie, collége qui fut transporté à Turin d’après les traités de 1814. Gautiéri y fut admis comme élève pendant six années ; il eut pour professeur le célèbre Pierre Frank, qui le dirigea avec soin dans cette illustre université où, en 1791, il prit avec une certaine distinction le doctorat en médecine. Riche par sa famille, Gautiéri voyagea en Allemagne en 1792, visita le Tyrol, la Carinthie, la Styrie pour étudier les deux monstrueuses maladies du strume et du crétinisme, maladies propres à ces contrées. À Vienne il publia : de Tyroliemium, Carinthiorum, Styriorumque : anno 1794, in-8°. Dans cet important ouvrage, l’auteur, qui avait reconnu par lui-même l’état et les causes de la maladie, indique aussi le traitement à suivre pour sa guérison. En Allemagne, Gautiéri se perfectionna dans l’art de guérir, et se concilia l’amitié de Creutzer, de Fichtel, de Jacquin et de plusieurs naturalistes, ce qui lui inspira du goût pour l’histoire naturelle, science sur laquelle il a laissé des ouvrages intéressants. La minéralogie eut aussi pour lui beaucoup de charmes ; il se procura une grande collection de substances dans ses voyages en Hongrie, dans le Baunat, en Gallicie et à Freyberg, où il connut Werner, dont il devint secrétaire au bureau des mines. En 1799, il continua ses voyages ’en Saxe, en Alsace et en Suisse, et partout l’histoire naturelle et la pathologie furent ses principales occupations. Lors des événements politiques qui séparèrent le Novarais du Piémont, et le réunirent à la république Cisalpine, Gautiéri revint dans sa patrie après huit ans d’absence ; et