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maîtres. Connaissant le mérite de l’abbé Girard, l’évêque de Rodez, M. de Cicé, le nomma professeur de rhétorique en 1775 au collège qu’il venait de fonder dans cette ville. Le refus du serment exigé des ecclésiastiques lui fit perdre cette place en 1791 ; mais il eut le bonheur d’échapper aux recherches des comités révolutionnaires, sans être obligé comme la plupart de ses confrères, de quitter la France. En 1804, il consentit à se charger de la direction de l’école secondaire de Figeac ; et, quatre ans après, il fut nommé proviseur du lycée de Cahors. Des motifs qui furent appréciés par le conseil de l’université ne lui permirent point d’accepter cette place ; et, l’année suivante (1809), il fut réintégré dans la chaire de rhétorique de Rodez, objet de sa modeste ambition. Nommé proviseur du lycée de Rodez en 1812, puis inspecteur de l’Académie de Cahors en 1820, il reçut la même année la décoration de la Légion d’honneur, et mourut le 22 avril 1822. Au nombre de ses élèves, il doit être permis de citer l’évêque d’Hermopolis (voy. FRAYSSINOUS). Il est auteur des Préceptes de rhétorique, Rodez, 1787, in-12, ouvrage élémentaire dont les nombreuses réimpressions attestent l’utilité ; celle de 1859 est la onzième. Une Notice sur l’abbé Girard insérée dans le Journal des Débats, et reproduite dans l’Annuaire nécrologique de M. Mahul, lui attribue quelques ouvrages de littérature encore inédits. W—s.

GIRARD (Gaspard), médecin, né à Lyon le 5 octobre 1754, se fit agréger au collège royal de chirurgie de cette ville en 1785, et prit le grade de docteur en 1789. Il y exerça l’art de guérir avec beaucoup de succès, et fut généralement aimé à cause de la douceur et de l’aménité de son caractère. Il soutint quelques opinions médicales qui n’étaient point admises par le plus grand nombre de ses confrères ; mais il le fit toujours avec tant de bienséance et de politesse qu’il n’eut jamais d’ennemis. En 1821, la société de médecine de Lyon le choisit pour son président. Il mourut le 28 janvier 1850. Les écrits qu’il a laisses Sont : 1o Essai sur le tétanos rabien, ou Recherches et réflexions sur les accidents qui sont quelquefois la suite des morsures faites par les animaux dits enragés, suivies de quelques notions sur les moyens de prévenir et de guérir cette maladie, Lyon, 1809, in-8o. Girard cherche à prouver que, dans l’affection appelée rage, la maladie est locale ; que la salive d’un animal, prétendue vénéneuse, n’y est pour rien ; que les accidents qui sont quelquefois la suite des morsures faites par les animaux sont les mêmes que ceux qui sont déterminés par toute autre cause, et ont le plus grand rapport avec le tétanos traumatique ; que la rage n’est point par conséquent une maladie essentielle, et que ce mot devrait être remplacé par celui de tétanos. Les docteurs Percival et Benjamin Rush, de Philadelphie, avaient déjà soutenu que la rage était une affection purement tétanique. Bosquil

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lon avait aussi prétendu que le virus de la rage n’existait point, et que les accidents qui survenaient étaient produits par la peur. Ces diverses manières de voir ont été plusieurs fois renouvelées de nos jours. Quoique l’opinion du médecin lyonnais ne soit pas admissible, on ne peut s’empêcher de convenir qu’il l’a défendue avec talent. j 2o Observations relatives à la ligature du cordon ombilical, Lyon, 1812, in-8o. L’auteur prétend qu’en liant le cordon avant que les artères ombilicales aient cessé de battre, on fait refluer le sang dans le bas-ventre et dans le foie, et qu’il en résulte diverses maladies, entre autres la jaunisse. À l’époque où cet opuscule fut composé, l’impératrice Marie-Louise était sur le point d’accoucher. Girard envoya son manuscrit au ministre de l’intérieur, qui deinanda l’avis de la faculté de Paris, laquelle approuva pleinement la doctrine contenue dans ce, mémoire. On trouve à la fin quelques nouvelles notes sur la rage. 3o Réflexions sur la non-existence du virus rabique, ou Objections adressées à M. le docteur E. Plaindoux, relatives ti son observation sur la rage, insérée dans la Revue médicale, Lyon, 1827 ; in-8o. Cet opuscule renferme des observations et des faits nouveaux relatifs à l’opinion de l’auteur sur la rage. 4o Mémoires et, observations de médecine et de chirurgie pratique, Lyon, 1829, in-8o. Ce recueil contient la plupart des mémoires et observations que Girard avait fait paraître dans divers journaux de médecine. Le plus étendu de ces mémoires est sur l’usage de l’ammoniaque liquide pour la cure de quelques maladies.

G—T-H.

GIRARD (Pierre-Simon), ingénieur des ponts et chaussées, naquit à Caen le 4 novembre 1763, et fit ses premières études dans cette ville. Entraîné par son goût pour les sciences, il entra dans la carrière des ponts et chaussées, et vint dans la capitale. En 1792, il remporta un prix à l’Académie des sciences par un mémoire sur les écluses. En 1798, il suivit Bonaparte dans son expédition d’Égypte, et fit partie de cet institut qui se livra à des recherches si utiles, et dont il reste des monuments si précieux. On trouve, dans la collection des Mémoires sur l’Égypte, plusieurs dissertations de Girard relatives aux mesures agraires, à l’agriculture et à la contribution foncière de cette contrée. On remarque encore, dans la Décade égiptienne (t. 3), un mémoire de cet ingénieur sur l’agriculture et le commerce du Saïd ; et, dans le tome 1er, une intéressante Notice sur l’aménagement et le produit des terres de la province de Damiette. Revenu en France, Girard y jouit de toute la faveur qui s’attachait alors à ceux qui, dans cette aventureuse expédition, avaient été les compagnons du nouveau maître de la France. Bonaparte le fit bientôt ingénieur en chef. Il entra à l’Académie des sciences, et fut chargé en 1802 de la direction du canal de l’Ourcq. C’était une grande preuve de confiance, et elle excita des réclamations d’autant plus vives que Girard n’avait