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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


F


FRANGIPANE, maison puissante de Rome, particulièrement dans les 11° et 12e siècles. Cette maison avait pris son nom d’une distribution de pain qu’elle avait faite à Rome dans un temps de disette. Elle tint le premier rang parmi la noblesse romaine jusqu’au temps où les Colonna et les Orsini s’élevèrent au-dessus de tous leurs concitoyens. La rivalité entre les Frangipani et les Pietro Leoni a causé plusieurs guerres civiles dans Rome et plusieurs schismes dans l’Église. Cenzio Frangipane, ayant embrassé la cause de Henri V contre les papes, fit élire en 1118 l’antipape Burdino, qui prit le nom de Grégoire Vlll. Douze ans plus tard, la maison Frangipane se déclara pour Innocent II ; mais les Pietro Leoni firent élire Pantipape Anaclet II. En 1268, Conradin fut arrêté dans sa fuite et livré à Charles d’Anjou par Jacques Frangipane, seigneur d’Astura. Il y a aussi une maison Frangipani en Hongrie ; qui prétend descendre de celle de Rome ; mais son nom paraît être esclavon, Franc Pani signifiant dans cette langue le seigneur Franc.

S. S-i.


FRANGIPANE (Cornelio), de l’illustre et ancienne maison de Castello dans le Frioul, naquit au commencement du 16e siècle. Après avoir terminé ses études d’une manière brillante, il fréquenta le barreau à Venise et ne tarda pas à fixer sur lui l’attention publique par ses talents oratoires. Il fut chargé plusieurs fois de complimenter les nouveaux doges au sujet de leur élection et porta la parole dans d’autres occasions d’éclat. Il lit en 1558 le voyage de Vienne, pour défendre un certain Mathias Hower accusé d’homicide, et prononça à ce sujet devant l’empereur un discours qui sauva son client. Frangipane faisait de la poésie son délassement ; et l’on trouve de lui, dans des recueils du temps, quelques pièces de vers assez agréables. Il mourut en 1581. Outre les discours qu’on vient de citer, on connaît de lui : 1° Une Traduction en italien des Oraisons de Cicéron pour Marcellus, Ligarius et Déjotarus ; elles sont imprimées dans le recueil des Diverse orationi par Fr. Sansovino, Venise, 1561, 1562 ·et 1569, in-&°, et dans la Raccolla d’alcune orationi d’uomini illustri. Padoue, 1690, in-12. La traduction de l’oraison pour Ligarius a été réimprimée seule dans la Raccolta di prose e poésie al uso delle regie Scuole, Turin, 1714, in-8o ; 2° Hélice, rime e versi di vari compositori friulani sopra la fontana Helice, Venise, 1566, in-4o. Ce rare volume contient la description en prose d’une magnifique fontaine que Frangipane avait fait construire dans son délicieux jardin de Tarcento et les vers italiens ou latins par lesquels ses compatriotes l’avaient célébrée à l’envi. — Claudio-Cornelio Frangipane, fils du précédent, naquit à Venise en 1555, fit ses études à Bologne et fréquenta ensuite les cours de l’université de Padoue. Après avoir pris ses degrés en droit, il visita les principales villes de France, d’Espagne, d’Allemagne et d’Italie, et revint à Venise, où on lui offrit une chaire de droit civil. Il la remplit pendant plusieurs années : F avec un grand succès, et fut ensuite nommé maître des requêtes près du conseil d’État : il rendit dans cette place des services importants à la république et mourut en 1650, à l’âge de 97 ans. On connaît de lui : 1° Allegatione over consiglio in jure per la vittoria navale contra Federico I, imp. e atto di Alessandro III, proposta da Cirillo Mechele (masque de Paul Sarpi), per il dominio della répub. di Venetia sopra il suo golfo contra alcune scritture de’Napolitani, 1616, in-4o, réimprimé plusieurs fois séparément, et inséré dans le 6e volume des œuvres de Sarpi, édition de Venise, 1677, in-12. 2° Del parlar senatorio, Venise, 1619, in-4o ; 3° Stilographiœ in principat Venetiarum Joannis Cornelii ; sive de Numa Pompilio insculpto in columna ante portant Decumanam palatii, pro religionis studio, déclaratio, ibid., 1625, in-4o*. On lui attribue encore une dissertation De adventu Alexandri III ; Venetias, un Traité de l’amour en italien, et quelques Opuscules moins importants. W—s.

FRANGIPANI ou FRANGEPANI (François-Christophe, comte de) a joué un rôle dans les troubles de Hongrie. Les privilèges de ce pays ayant été peu respectés par l’empereur Léopold Ier, le mécontentement national se manifesta, et vers l’année 1665 il se forma une conspiration dont le palatin Vesselengi donna le plan. Frangipani entra dans cette conspiration, ainsi que son beau-frère Pierre Serin ou Zrini, François Nadasti ou Nadasd, et plusieurs autres seigneurs du royaume de Hongrie. La cour de Vienne en fut instruite par ses agents et prit des mesures pour déjouer