Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 15.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Frézier et ceux du P. Feuillée. Le premier, tout en relevant des inexactitudes qui se trouvent dans ceux du religieux, rend justice à ses connaissances ; il s’est efforcé de ne pas redire les choses dont Feuillée a parlé. S’il est meilleur ingénieur que lui, d’un autre côté, il lui est inférieur pour ce qui a rapport à l’histoire naturelle. Attaqué par le P. Feuillée, qui, dans la préface de sa relation, avait inséré contre lui une véritable diatribe (voy. Feuillée), Frézier ne prit la plume pour se défendre que parce que ce religieux avait voulu le faire passer pour un malhonnête homme et un menteur. Sa Réponse au P. Feuillée parut en 1727, in-4°, et fut ajoutée à l’édition de 1752 du Voyage à la mer du Sud. Des cartes qui ornent cette relation, la plus importante est celle des parages de la Terre du Feu, depuis les îles Malouines jusqu’aux côtes du Grand-Océan. Frézier y rectifie ce qui avait été publié auparavant, et donne le premier de bons détails sur toute cette étendue de mer. Il avance, dans un autre endroit, que l’île de la Trinidad est bien distincte de l’île de l’Ascençaon, puisqu’il a abordé à cette dernière et que leurs positions diffèrent ; son assertion à cet égard est regardée au moins comme douteuse. Il ne cessa de s’occuper de recherches géographiques, car Prévost dit, dans son Histoire des voyages, qu’il a reçu de Frézier quelques bons avis sur les premiers tomes de son recueil. 3° Dissertation Historique et critique sur les ordres d’architeclure, Strasbourg, 1758, in-4° de 68 pages ; on l’a réunie à l’ouvrage suivant : 4° La théorie et pratique de la coupe des pierres et des bois, ou Traité de stéréotomie à l’usage de architecture, Strasbourg, 1757-59, 5 vol. in-8°, avec 111 planches ; ouvrage fort estimé, plus savant et plus commode que celui de La Rue. Cette édition, imprimée loin de l’auteur, outre beaucoup de fautes typographiques ; l’Errata du tome 2° a près de 5 pages : on préfère la réimpression de Paris, 1769 ; 5° Éléments de stéréotomie à l’usage de l’architecture, pour la coupe des pierres, Paris, 1759, 1760, in-8°, fig. : c’est un abrégé de l’ouvrage précédent, dont l’auteur a retranché ce qui n’est relatif qu’à la pratique ; 6° Lettre concernant l’Histoire des tremblements de terre de Lima, et quelques autres morceaux insérés dans le journal de Verdun (novembre 1755 et avril 1756) ; 7° Remarques sur le Traité d’archíleclure de Cordemoy, dans les Mémoires de Trévoux de septembre 1709, p. 1618-1640, et septembre 1711, p. 1569-1587 : il y discute les grands principes de l’architecture des églises, et justifie celle de St-Pierre de Rome. Dans ses réponses, insérées aux cahiers de juillet et août 1710 et de juillet 1712 du même journal, l’abbé Cordemoy montre plus d’aménité dans la discussion ; mais Frézier y déploie bien plus d’érudition et de connaissance de l’art. 8° Lettre concernant les Observations de M. Leblanc, sur l’architecture des églises anciennes et modernes, et autres morceaux imprimés dans le Mercure de France, en 1751, 1750 et 1754, C’est Frézier qui a apporté en France la grosse fraise du Chili (Voy. Histoire naturelle des fraisiers, par Duchesne, p. 181).


FREZZA (Jean-Jérôme), graveur à l’eau forte et au burin, naquit à Canemorto près Tivoli en 1659. Il étudie à Rome, sous Arnold de Westerhout, et y lit des progrès assez rapides. Cet artiste a gravé un grand nombre d’estampes d’après les plus célèbres maîtres italiens, parmi lesquelles on distingue une Vierge assise sous un arbre, d’après Louis Carrache ; le Jugement de Paris ; une Sainte Vierge et une Assomption de la Vierge, d’après Carle Maratte ; la Zingara, ou Repos en Égypte, d’après le Corrége ; la Descente du St-Esprit, d’après le Guide ; une suite de dix estampes, y compris le titre, représentant les tableaux de la chapelle Ste-Anne, dans l’église de la Madonna in Monte-Santo, peints par Nicolo Berrettoni ; les Fables de Diane, d’après le Dominiquin. Il a gravé aussi une suite de dix-sept estampes, d’après les tableaux que l’Albane a peints dans la galerie Verospí ; deux sujets de Polyphème et d’Acis et Galathée, d’après Badalocci ; les Centaures, connus sous le nem de Furietti, tirés du musée Clémentin à Rome. Le faire de cet artiste est simple et peu chargé de travaux, ce qui le rend un peu mou. Il vivait encore en 1728. — Frezza (Horace), peintre napolitain, a cherché à imiter Lanfranc et le Dominiquin ; ayant ensuite voulu voler de ses propres ailes, il adopta une manière sèche et dure, qui lui fit perdre le fruit des succès qu’il avait d’abord obtenus. Cet artiste, mort à 50 ans, dans l’indigence, florissait vers 1680.


FREZZI DE FOLIGNO (Frédéric), poëte italien du 14e siècle, était né dans cette ville de l’Ombrie dont on joint toujours le nom avec le sien. Ou ne connaît ni la date de sa naissance ni l’emploi qu’il lit des premières années de sa jeunesse. Étant entré dans l’ordre de St-Dominique, il y fut maître en théologie, provincial de la province romaine, et enfin, le 17 octobre 1405, évêque de Foligno sa patrie, dont il gouverna l’église avec un zèle exemplaire pendant environ treize ans. Toute sa carrière est celle d’un bon religieux et d’un digne évêque : il ne parut dans le monde comme poëte qu’après sa mort. Envoyé au concile déPise en 1409, il le fut aussi à celui de Constance. Son zèle pour le bien de l’Église l’engagea à établir dans le couvent des dominicains de Foligno, et sous la protection de St-Thomas, une Académie des conciles, dont les travaux et les conférences littéraires n’avaient point d’autre objet que la connaissance historique de tous les conciles précédents, et la discussion des matières de droit canon, de dogme, de discipline ou d’érudition ecclésiastique qui avaient été agitées dans leurs sessions. Il mourut en 1416 à Constance même, lorsque le concile durait encore. Il n’est resté d’autre ouvrage de Frezzi qu’un long poëme divisé en quatre livres, et chaque livre en plus ou