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« émissaires de l’agent jugèrent qu’il ne les seconderait pas bien dans leurs mesures vexatoires, car il fut changé peu de temps après. » Exilé et transporté à l’extrémité sud de la colonie, vers l’embouchure de la rivière d’Oyapock, Freytag vint quelque temps après reprendre son service à Cayenne, où l’appela un nouveau gouverneur. De retour en France en 1804, avec les restes de son régiment, il fut accueilli avec bienveillance par Napoléon, qui le plaça dans l’armée de réserve, sous les ordres du général Mathieu Dumas. Il lit successivement les campagnes d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne et de Russie ; et après avoir passé par tous les grades, il fut promu à celui de maréchal de camp. Il faisait partie de la division du maréchal Ney, dans la marche glorieuse de l’extrême arrière-garde qui couvrit de Smolensk à Orcha la retraite de l’armée française. En 1815, le général Freytag, marié et père de famille, rentra dans la vie privée, et il occupa ses loisirs en écrivant des Mémoires qui ont paru en 1821 (Paris, 2 vol. in-8°), accompagnés de notes, de développements curieux donnés par son éditeur, M. C. de Beauregard, arrivé à Cayenne avec les troupes envoyées pour relever le régiment d’Alsace. Ces Mémoires, dans lesquels des aventures romanesques sont confondues avec les événements de la carrière militaire de Freytag et des anecdotes sur la déportation, ont été fort recherchés lors de leur apparition. Le caractère de bonté, de franchise de l’auteur, et une certaine naïveté d’honnête homme, en ont fait le succès, en même temps que les incidents d’une vie orageuse. Le général Freytag est mort à Paris, le 23 avril 1832, après avoir reçu des marques d’intérêt et de bienveillance de la part d’illustres déportés, devenus ses protecteurs, et de princes qui ne pouvaient oublier ni méconnaître les traits honorables qui se présentent comme une compensation des excès de la première révolution. Freytag, feld-maréchal hanovrien, commanda en 1793 les troupes hanovriennes qui se réunirent à l’armée des alliés. Forcé le 6 septembre dans son camp près de Bruges, il fut blessé et fait prisonnier ; mais le hasard ayant fait connaître le village où les Français l’avaient mis, le général Valmoden s’y porta sur-le-champ et le délivra. Le lendemain ses troupes éprouvèrent un nouvel échec. Freytag montra de la bravoure pendant toute cette campagne ; mais il fit presque toujours la guerre d’une manière malheureuse et mourut peu

de temps après.

B-g-d.


FRÉZIER (Amédée-François), ingénieur et voyageur, naquit à Chambéry en 1682. Sa famille descendait de celle des Frazer d’Écosse, dont une branche vint ã la fin du 16e siècle chercher, à cause des troubles religieux, un asile en Savoie. Frézier, d’abord destiné au barreau, montra une aversion insurmontable pour cet état. Entré en 1700 dans un régiment d’infanterie française, il fit un voyage en Italie, parcourut une partie de la France, et profita ensuite des progrès qu’il avait faits dans les sciences pour obtenir une place dans le corps du génie en 1707. Il se trouvait là dans son véritable élément ; ce qu’il prouva en publiant, peu de temps après, un Traité des feux d’artifice. On l’envoya ensuite à St-Malo, où il coopéra efficacement aux travaux que l’on exécutait pour l’agrandissement de la ville. La réputation qu’il acquit fit jeter les yeux sur lui en 1711, pour aller prendre connaissance des colonies espagnoles de l’Amérique méridionale. À son retour en 1715 il présenta au roi le résultat de son voyage et lui expliqua les principales parties de son travail. Louis XIV, juste appréciateur du mérite, lui témoigna sa satisfaction et lui accorda une gratification. Frézier fut encore employé trois ans à St-Malo, puis fut fait en 1719 ingénieur en chef à St-Domingue. Il s’y occupa d’une carte de l’île et de ses débouquements, et il y joignit un plan de la ville de Santo-Domingo. Quoique sur une petite échelle, cette carte, gravée en 1721, a été fort utile aux géographes. La santé de Frézier l’ayant forcé de demander son rappel en France, il fut nommé ingénieur en chef à Philipsbourg et à Landau, et enfin directeur des fortifications de Bretagne en 1740. Il demanda et obtint sa retraite en 1764, et mourut à Brest le 26 octobre 1773, dans sa 92° année. Il avait eu la croix de St-Louis en 1728 ; mais il n’était parvenu qu’au grade de lieutenant-colonel, parce que, dans son arme, l’avancement dépend du nombre des sièges auxquels on a assisté et que les différentes missions auxquelles il avait été employé au dehors avaient mis obstacle à ce qu’il en vît plus de deux. On a de Frézier : 1° Traité de feux d’artifice, Paris, 1706, in-12, fig. ; la Haye, 1741 ; augmenté, Paris, 1747, in-8°, 1lg. ; 2° Relation d’un voyage de la mer du Sud aux côtes du Chili et du Pérou, fait pendant les années 1712, 1713 et 1714, Paris, 1716, in-1°, avec cartes et fig. ; 2° édition, augmentée, ibid., 1732, in-4° ; Amsterdam, 1717, 2 vol. in-12 : traduit en allemand, Hambourg, 1718, in-8° ; 2e édition, avec un supplément tiré du Voyage d’Anson, ibid., 1749, in-8°, fig. ; en anglais, avec un supplément par Edmond Halley et une Relation des jésuites du Paraguay, Londres, 1718, in-1° ; en hollandais, Amsterdam, 1718, 1727, in-4°. Frézier s’embarqua le 6 janvier 1712 à St-Malo, sur un navire marchand ; il passa le détroit de le Maire le 8 mai et aborda à la Conception, au Chili, le 16 juin. Il visita ensuite les divers ports et les capitales du Pérou et du Chili, partit de la Conception le 19 février 1711, et après avoir abordé au Brésil et aux Açores, arriva à Marseille le 17 août. Il s’occupa principalement de ce qui concernait le gouvernement, les mœurs, le commerce et l’industrie des pays qu’il avait vus, et fit des observations sur les erreurs des cartes sur la position des ports et des rades où il avait abordé. Il existe des différences quelquefois assez considérables entre les plans de