capacité lui valurent l’entière confiance de ce prince, qui ne prenait aucune décision importante sans avoir son avis. Il continua à jouir de la même faveur sous Charles d’Anjou, successeur de René ; et ce fut Forbin qui lui persuada, dans le cas où il mourrait sans enfant mâle, de laisser ses États au roi de France. Charles étant mort le 11 décembre 1481, Louis XI prit possession de la Provence et en nomma Forbin gouverneur, avec le privilége de disposer de toutes les charges en faveur de qui il jugerait convenable. L’année suivante, Forbin convoqua les états et y fit confirmer les ordonnances qu’il avait rédigées pour l’administration du pays : il nomma son gendre grand sénéchal, son fils juge-mage et distribua les autres emplois à ses parents ou à ses créatures. Ce haut degré de fortune lui avait suscité de nombreux ennemis ; ils cherchèrent à le perdre dans l’esprit du roi en l’accusant de faire un emploi coupable des deniers publics. Le roi, fatigué des plaintes qu’il recevait, envoya un commissaire pour examiner la conduite de Forbin, qui n’eut pas de peine à confondre ses accusateurs. Mais après la mort de Louis XI, il fut obligé de céder à ses ennemis et adressa au roi la démission de tous ses emplois. Il survécut plusieurs années à ce revers, qu’il soutint avec courage, et mourut à Aix au mois de février 1508. Palamède Forbin, dit un de ses compatriotes (Bouche), est un des plus grands hommes en tout genre que la Provence ait produits depuis Charlemagne. — Forbin (Gaspard de), seigneur de Soliers et de St-Caunat, fut député par la noblesse de Provence à l’assemblée des notables convoquée à Rouen en 1617. Il a laissé des ouvrages manuscrits, parmi lesquels on cite : 1° Mémoire sur les troubles de Provence de 1578 á 1588, in-4°. Cet ouvrage était conservé dans la bibliothèque du marquis d’Aubais ; 2° Mémoire : pour servir et l’histoire de Provence. contenant ce qui s’est passé depuis le mois de mai 1588 jusqu’au 16 novembre 1597. Le Long dit que César Nostradamus a bien profité de cet ouvrage pour la rédaction de son Histoire de Provence.
FORBIN. Voyez Janson et Rosemberg.
FOBBIN (Cuunn), chef d’escadre des armées
navales de France, naquit en 1656 à Gardane
près d’Aix en Provence. Sa famille était l’une des
plus distinguées de cette province. Il entra de
bonne heure dans la marine, fut recommandé au
maréchal de Vivonne par son oncle, qui était capitaine
de vaisseau, et servit en 1673 dans l’expédition
de llessine. Ennuyé ensuite du repos dans
lequel on le laissait, il entra dans l’armée de
terre ; mais il reprit bientôt la mer et fit la campagne
d’Amérique avec le comte d’Estrées ; puis,
avec Duquesne, celle dans laquelle Alger fut
bombardé. Dans toutes les occasions il se distingua
par une valeur qui allait jusqu’à la témérité.
Lorsqu’en 1685 le chevalier de Chaumont fut
envoyé en ambassade à Siam, Forbin l’accompagna en qualité de major. L’activité qu’il montra en s’acquittant des fonctions de cet emploi plut tellement au roi de Siam, que ce prince voulut le retenir auprès de lui quand Chaumont revint en Europe. Constance, principal ministre de ce monarque, fut ravi de ses desseins sur Forbin. La liberté
avec laquelle ce dernier s’expliquait sur le peu d’avantage que la France retirerait de ses liaisons
avec ce pays lointain donna au ministre lieu de craindre qu’un homme d’un caractère si franc ne fit échouer, en retournant en France, les projets qu’il avait formés pour son propre intérêt sur une alliance avec ce pays et qu’il conduisait avec
beaucoup d’adresse. Il persuada au roi de prendre
à son service un certain nombre d’étrangers.
Forbin se vit, malgré sa répugnance, obligé
d’accepter la charge de grand amiral, général des
armées du roi et gouverneur de Bancok, et reçut
les marques de sa dignité. Ce poste éminent ne
lui attira que des désagréments de tout genre de
la part de Constance même, jaloux de la faveur
que le roi lui témoignait. Au bout de deux ans il
demanda, sous prétexte de sa mauvaise santé, à se
retirer du service et en obtint la permission. « Je
« m’estimais si heureux, dit-il dans ses Mémoires,
« de quitter ce maudit pays, que j’oubliais dans
« ce moment tout ce que j’avais eu à souffrir. » Il
se rendit à Pondichéry et, après différentes courses
dans les mers voisines, il s’embarqua pour la
France, où il arriva en 1688. Le rapport qu’il fit
en parlant à Louis XIV ne fut pas favorable au
royaume de Siam ; et dans les entretiens qu’il eut
avec Seignelai, ministre de la marine, et avec le
P. Lachaise, il ne leur déguisa pas la vérité sur ce
pays. Lors de la guerre qui éclata en 1689 le chevalier
de Forbin eut le commandement d’une
frégate destinée à croiser dans la Manche. Il fit
une partie de cette campagne avec Jean Barth, et
tous deux` soutinrent brillamment l’honneur du
pavillon français. Le sort des armes est journalier ;
après avoir fait des prodiges de valeur ils
furent pris, conduits à Plymouth et mis sous les
verrous. Deux hommes d’un caractère aussi entreprenant
ne pouvaient supporter longtemps le
repos ni la captivité. La fortune sourit à leurs efforts ;
ils s’échappèrent et abordèrent heureusement
sur les côtes de Bretagne. Quand Forbin se
présenta chez le ministre, celui-ci, qui pouvait à
peine en croire le témoignage de ses yeux, lui
dit : D’où venez-vous ? — D’Angleterre. — Mais
par où diable avez-vous passé ? — Par la fenêtre,
monseigneur. — Forbin demanda au roi, que le
récit de son aventure intéressa beaucoup, la permission
d’aller prendre sa revanche. Il obtint le
grade de capitaine de vaisseau et une gratification
pour Pindemniser des pertes qu’il avait éprouvées :
il remercia le ministre et le roi ; mais, .non
moins généreux que reconnaissant, il représenta
que l’on avait l’air d’oublier Jean Barth, qui cependant
méritait que l’on se souvtnt de ses services,
qui était son commandant, et qui dans la
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