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crédit de Philelphe, un emploi honnête à la cour du duc de Milan, François Sforza ; mais il retourna enfin à Rome en 1453 : Nicolas V lui fit un très-bon accueil et lui rendit toute sa confiance. Dans cette place, qu’il occupa si longtemps, il aurait facilement fait sa fortune, s’il avait pris l’état ecclésiastique ; mais il était marié. Content de laisser à ses cinq fils une éducation soignée et de les avoir formés aux sciences, il partagea le peu de biens qu’il avait pu amasser entre ses filles, pour leur servir de dot. Ses fils portaient les prénoms d’Antoine, Gaspar, Jérôme, Julien et François, et tous cinq le nom de Biondo. Magnam spem, dit-il lui-même. Dei munere constitutam videmus in quinque BIONDIS natis nostris qui literis omnes pro aetate sunt pleni (Ital. illustr. Region., t. 6, p. 348. Ce passage nous parait laisser peu de doute sur la question de savoir si c’était Florio ou Biondo qui était son nom de famille. Il mourut à Rome le 4 juin 1463, âgé de 75 ans, laissant plusieurs savants ouvrages qui ont été recueillis et publiés ensemble à Bâle en 1531 et réimprimés en 1559, In-fol. 1e le long séjour qu’il fit à Rome et l’examen attentif des restes innombrables d’antiquité, dont cette capitale du monde était remplie lui firent concevoir l’idée de publier une description, la plus exacte qu’il lui serait possible, du site, des édifices, des portes, des temples et des autres monuments de l’ancienne Rome ; c’est ce qu’il exécuta dans un ouvrage qu’il dédia au pape Eugène IV, et qui est intitulé : Romae instauratur libri tres : ouvrage d’une érudition prodigieuse pour le temps, et dans lequel les monuments sont expliqués, pour la première fois, par les témoignages des anciens auteurs, recueillis et examinés avec un soin et une attention infatigables. La première édition de ce livre parut, selon Maittaire, à Vérone, 1482, in-fol. 2e Le gouvernement, les lois, la religion, les cérémonies des sacrifices, la milice, la guerre, les triomphes, enfin la forme entière de l’administration de la république romaine, sujet encore plus difficile, qui exigeait plus de travail et de plus longues études, et qui n’avait encore été essayé par personne, fut l’objet d’un autre ouvrage de Biondo, qu’il n’écrivit que dans les dernières années de sa vie ; il lui donna pour titre : Romae triumphantis libri decem, et le dédia au pape Pie II : le même bibliographe en cite une première édition de la même année 1482, à Brescia, aussi in-fol. 3e C’est encore à l’étude des antiquités qu’il faut rapporter l’ouvrage qu’il composa, à la demande d’Alphonse d’Aragon, roi de Naples, et qui contient, sous le titre d’Italia illustrata, le description de l’Italie entière, divisée comme elle l’était anciennement en quatorze régions, avec des recherches sur l’origine, l’histoire et les révolutions de chaque province et de chaque ville. La première Édition parut à Rome, cher J.-Ph. de Lignamine, en 1474, in-fol., par les soins de son fils Gaspard Biondo.

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4e il avait entrepris un ouvrage historique d’une plus grande étendue, et qui devait embrasser l’histoire générale depuis la chute de l’empire romain jusqu’à son temps ; mais lorsqu’il mourut il n’en avait écrit que trois décades et le premier litre de la quatrième, qui furent imprimés d’abord séparément : Historiarum ab inclinatione Romani imperii ad annum 1440, decades III, libri XXXI, Venise, 1483, in-fol. Le pape Pie II (Anaeas Sylvius) fut si satisfait de ce travail, qu’il voulut en faire un abrégé, qui parut à la suite de la seconde édition : cum abreviatione Pii II, papae. Venise, 1484, in-fol. ; mais, l’abrégé ne s’étend que jusqu’à la fin de la deuxième décade. 5e Le même recueil contient encore un ouvrage sur l’origine et l’histoire de la république de Venise, lequel avait aussi paru une première fois sous le titre : De origine ac gestis Venetorum, Vérone, 1481, in-fol. La bibliothèque d’Oxford possède, dit-on, un manuscrit intitulé Blondi Consultatio an bellum vel pax cum Turcis magis expediat recip Venetae. La décision de l’auteur est pour la guerre. Ou cite aussi deux manuscrits de lui, dans la bibliothèque du Vatican, l’un ayant pour titre De expeditione in Turcas ad Alphonsum regem ; et l’autre : Decadem ad ducem Gennae. Le sujet est le même que celui du précédent, et ils tendent au même but. Les ouvrages historiques Biondo pèchent surtout par le style, qui est sec et peu élégant. Ceux qui ont l’antiquité pour objet ont le même défaut ; on y peut reprendre aussi des erreurs et beaucoup d’omissions. Rome et l’Italie furent mieux connues et mieux décrites par les antiquaires du Xe siècle, et l’ont été plus parfaitement encore dans le 18e et de nos jours ; mais Flavio Biondo entra le premier dans la carrière ; il l’aplanit, il la prépara pour ceux qui devaient le suivre, et ses ouvrages, quoique imparfaits, supposent en lui beaucoup de savoir, d’application et de sagacité.

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FLAVITAS ou FRAVITAS, patriarche de Constantinople, parvint par la ruse à cette dignité en 488, après la mort d’Acace. L’empereur Zénon, embarrassé du choix d’un pontife, imagina de publier un jeûne solennel et de mettre un papier blanc cacheté sur l’autel, en priant le ciel de permettre que le nom de celui qui conviendrait au siège patriarcat se trouvàt inscrit sur le papier à la fin du jeûne. L’ambitieux Flavitas corrompit l’eunuque chargé de veiller sur le billet sacré et y fit adroitement inscrire son nom, sans qu’on pût s’apercevoir de cette fraude. Par ce moyen, Flavitas fut proclamé. Il conserva sur le siège de Constantinople l’esprit d’intrigue qui l’y avait porté. D’un côté, il protestait dans ses lettres au pape Félix de sa soumission au Saint-Siège ; de l’autre, il excitait et encourageait secrètement les hérétiques. Ces manœuvres coupables furent découvertes, et bientôt on pénétra le secret de son élection sacrilège ; il allait être puni, lorsque la mort vint le dérober au châtiment, un an après son élection. L―S―B.