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dans le 18e siècle, semble avoir cultivé les lettres plus par délassement que par le désir de la réputation. L’obscurité dont elle s’est constamment environnée a rendu infructueuses toutes les recherches qu’on a faites sur sa personne, et on ignore même l’époque de sa mort, que quelques biographes placent vers l’année 1770. Les ouvrages connus de madame Fagnan sont : 1° Minet bleu et Louvette ; cette féerie, écrite d’un style agréable, fut d’abord imprimée dans le Mercure de France. L’abbé de la Porte l’inséra ensuite dans la Bibliothèque des fées et des génies, 1765 ; elle a été réimprimée dans le Cabinet des fées, t. 55, et encore dans les Contes merveilleux, 1814, 4 vol. in-12. Le but de ce petit conte est de prouver qu’avec un bon cœur on ne peut jamais être véritablement laide. Le choix d’un pareil sujet pour son début laisse croire que madame Fagnan n’était pas bien pourvue des charmes de la figure. 2° Kanor, conte traduit du sauvage, Amsterdam (Paris), 1750, in-12 ; 3° Le miroir des princesses orientales, Paris, 1755, in-12. Les idées de ces deux contes sont communes, la marche en est embarrassée ; aussi n’eurent-ils pas le même succès que le premier. 4° Histoire et aventures de milord Pet, la Haye (Paris), 1755, in-12 ; plaisanterie de mauvais ton, sans en être plus piquante, et qui eut peu de succès (1)[1]. W-s.

FAGNANI (Jean-Marc), noble milanais, né sur la fin de l’année 1524, cultiva les belles-lettres et la poésie avec quelque succès. Cependant il résista longtemps aux sollicitations de ses amis qui l’engageaient à publier quelques-unes de ses productions. Il était âgé de quatre-vingts ans lorsqu’il consentit enfin à laisser imprimer un de ses ouvrages, sans doute celui qu’il regardait comme le meilleur, et on ne l’accusera pas de s’être pressé de faire un choix ; c’est un poëme latin intitulé : De bella ariano. L’auteur y décrit la guerre que, suivant une tradition populaire, St-Ambroise eut à soutenir contre les ariens de son diocèse. Ce poëme, très-rare en France, est cité avec éloge par Argelati et Tiraboschi. Jean-Marc Fagnani mourut au commencement de l’année 1609 : son oraison funèbre fut prononcée par Pozzobonelli. Aquilino Coppini parle de quelques autres poésies du même auteur, qui n’ont point été imprimées. — Raphaël FAGNANI, parent du précédent, mort en 1627, a laissé l’Histoire des plus illustres familles de Milan, 8 vol. in-fol., manuscrit conservé dans la bibliothèque des avocats de cette ville. W—s.

FAGNANI (Prosper), canoniste longtemps renommé, fut pendant quinze ans à Rome le secrétaire de diverses congrégations. On le consultait comme un oracle ; il entreprit, par l’ordre d’Alexandre VII, un long Commentaire latin sur les Décrétales, publié à Rome, en 1661, 5 vol. in-fol.,

(1) L’épître dédicatoire de cet ouvrage est signée Jean Fosse ; suivant toutes les probabilités cependant il serait bien de Madame Fagnan. Nous devons ajouter que la France littéraire de 1760 l’attribue au chevalier Duclos. E. D-s. sa

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et réimprimé à Venise en 1697. La première édition, qu’il avait soignée lui-même, est la plus estimée : la table de cet ouvrage passe pour un chef-d’œuvre. Fagnani fut aveugle pendant vingt—huit ans, et ne travailla qu’avec les secours d’autrui. Il comprit dans son ouvrage ce que les anciens avaient dit de meilleur, ainsi que le Droit nouveau que les Constitutions des papes avaient introduit. Il mourut en 1678, à l’âge de 80 ans. B—1.

FAGNANO (Le comte Jules de Charles de), marquis de Toschi et de St-Onorio, né à Sinigaglia en 1690, et mort vers l’an 1760, est un des géomètres distingués que l’Italie a produits. Nous n’avons pu recueillir le moindre détail sur sa vie. On sait seulement que, vers l’an 1719, il donna, dans les journaux italiens et dans les Actes de Leipsick, plusieurs Mémoires sur des problèmes de géométrie et d’analyse transcendante. Il a réuni ces pièces à plusieurs autres qui n’avaient point encore vu le jour, et a publié le tout sous ce titre : Produzioni matematiche, Pise, 1750, 2 vol. in-4o. Le premier volume contient une Théorie générale. très-détaillée et peut-être trop longue, des proportions géométriques ; le second offre d’abord un traité des Diverses propriétés des triangles rectilignes, et ensuite plusieurs pièces relatives aux propriétés et à quelques usages de la courbe appelée Lemniscate. Ce second volume est intéressant par les résultats curieux et remarquables que l’on y trouve. Il paraît que la Lemniscate était la courbe favorite de Fagnano : il l’a retournée dans tous les sens, et en a même fait graver la figure sur le frontispice de son livre. — Fagnano eut un fils (Jean-François de FAGNANO de Toschi), qui fut archidiacre de Sinigaglia, et qui aimait aussi beaucoup les mathématiques ; les journaux de Leipsick, particulièrement ceux des années 1774, 1775 et 1776, contiennent divers Mémoires de lui sur la géométrie et l’analyse. N—·r.

FAGNIER. Voyez VIAIXNENS.

FAGON (Gui-Crescent) naquit le 11 mai 1638, dans le jardin des plantes de Paris, dont Gui de la Brosse, son oncle, était fondateur et intendant. Les premiers objets qui s’offrirent à ses yeux furent des plantes, dit Fontenelle ; les premiers mots qu’il bégaya furent des noms de plantes ; la langue de la botanique fut sa langue maternelle. Après la mort de son père, commissaire des guerres, qui perdit la vie sous les murs de Barcelone, en 1649, le jeune Fagon, placé au collège de Ste-Barbe, y fit d’excellentes études. La médecine devint ensuite l’objet spécial de ses travaux. La plupart des thèses qu’il soutint présentent un vif intérêt. Dans l’une, il examine s’il existe réellement une génération spontanée des animaux et des végétaux ; dans l’autre, il préconise la diète lactée comme le meilleur moyen thérapeutique du rhumatisme et de la goutte ; mais il se d’ gna surtout en défendant, avec une rare sagacité, la circulation du sang, qui n’était encore regardée que comme une hypothèse ingénieuse. Sa dissertation

  1. (1) L’épître dédicatoire de cet ouvrage est signée Jean Fosse ; suivant toutes les probabilités cependant il serait bien de Madame Fagnan. Nous devons ajouter que la France littéraire de 1760 l’attribue au chevalier Duclos. E. D-s.