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EYR

du célèbre d’Anville, l’affligeant spectacle d’un homme de mérite qui se survit à lui-même. Retiré chez son frère Alexandre Eyriès, à Graville-l’Eure, près le Havre, il y est mort au milieu de sa famille le 13 juin 1846, emportant les regrets de tous ceux qui l’avaient connu, et laissant dans la science et dans les sociétés dont il était membre un vide difficile à combler. Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe, placée dans le cimetière de l’ancienne abbaye de Ste-Honorine. Possédant à fond, outre le grec et le latin, presque tous les idiomes du Nord, et comprenant bien ceux du Midi, Eyriès parlait, dit-on, neuf langues vivantes. Les facilités que lui donnait cette connaissance pour les études auxquelles il se livrait et pour entretenir une correspondance suivie avec les savants des différentes parties du monde qu’il avait vus dans ses voyages, ou dont il avait cultivé les relations pendant leur séjour à Paris, jointes à une immense lecture, à une mémoire extraordinaire et à une grande activité d’esprit, en avaient fait un homme profondément érudit. On doit reconnaitre que, comme critique, il rendait toujours hommage au mérite des autres, fussent-ils ses rivaux ; qu’il était un appréciateur judicieux de leurs travaux, et cherchait à les faire valoir autant que cela dépendait de lui. Emule, collaborateur et ami du bibliophile Boulard, il a consacré, comme ce dernier, pendant plus d’un demi-siècle, tous les instants dont ses autres occupations lui permettaient de disposer à la recherche et à l’acquisition des livres rares et anciens, pour lesquels il avait une véritable passion d’enfant. C’était encore un point de ressemblance entre eux ; ils différaient néanmoins en ce que Boulard ne bornait pas ses investigations à un seul genre, tandis qu’Eyriès s’attachait plus spécialement aux ouvrages relatifs à la géographie et aux voyages. Des découvertes précieuses, souvent inattendues, et qui le rendaient fier et heureux pendant plusieurs mois, ont été le fruit de ses recherches chez les bouquinistes de la capitale, qui tous le connaissaient personnellement et avaient pour lui de l’affection et de l’estime : Aussi a-t-il laissé une bibliothèque riche et bien composée, dont le catalogue a été publié, et qui a été vendue en vente publique et dispersée. Membre d’un grand nombre de sociétés savantes de l’Europe et même des autres parties du monde, qui avaient cru s’honorer en lui envoyant leurs brevets, il justifiait ces distinctions flatteuses, qu’il ne sollicita jamais. Vif, pétulant et quelquefois brusque, Eyriès, qui était au fond un excellent homme, a su conserver tous ses amis jusqu’au terme de sa carrière. Voici la liste chronologique des ouvrages publiés ou revus par Eyriès : 1º Voyage de découvertes dans la partie septentrionale de l’océan Pacifique pendant les années 1795, 1796, 1797, 1798, etc., par le capitaine Rob. Broughton, trad. de l’anglais, avec une préface du traducteur(Eyriès), dans laquelle il a la modestie de reconnaître que sa traduction a été revue par M. de Rossel, etc. Paris, 1807, 2 vol. in-8°. 2° Voyage en Pologne et en Allemagne, fait en 1793, par un Livonien, etc., trad. de l’allemand, Paris, 1807, 2 vol. in-8°. 3° Tableaux de la nature, ou Considérations sur les déserts, sur la physionomie des végétaux, etc., par M. A. de Humboldt ; trad. de l’allemand, Paris, 1808, 2 vol. in-12 ; et 1828, 2 vol. in-8°. 4° Affinités électives, par Goethe ; roman trad. de l’allemand, Paris, 1810, 3 vol. in-12. 3º Aline de Riesenstein, par Aug. Lafontaine ; roman trad. de l’allemand, Paris, 4 vol. in-12. 6º Mehaled et Seldi ou Histoire d’une famille druse, par le baron de Dalberg, trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 7° Barneck et Saldorf, ou le Triomphe de l’amitié, par Aug. Lafontaine ; trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 8º Fantasmagoriana, trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 9° Nouveau recueil de contes, par Fischer, Aug. Lafontaine et Kotzebue ; trad. de l’allemand, Paris, 1813, 3 vol. in-12. 10° Voyage en Perse, en Arménie, en Asie mineure et à Constantinople, ſait dans les années 1808 et 1809 par Jacques Morier ; trad. de l’anglais, Paris, 1813, 3 vol. in-8° et in-4°. Le 3º volume, qui contient le voyage de Scot-Waring à Chiras, n’a pas été traduit par Eyriès, mais par M. M... 11° Voyage en Norvége et en Laponie, pendant les années 1806, 1807 et 1808, par Léopold de Buch ; trad. de l’allemand, Paris, 1816, 2 vol. in-8°. 12º Voyage dans l’intérieur du Brésil en 1809 et 1810, contenant aussi un Voyage au Rio de la Plata et un Essai historique sur la révolution de Buenos-Ayres, par J. Mawe ; trad. de l’anglais ; Paris, 1816, 2 vol. in-8°. On trouve en tête un discours préliminaire qui paraît être du traducteur, et, à la fin des voyages, la Description des îles Açores, imprimée à Stockholm en 1812, traduite du suédois et abrégée par Eyriès. 13° Annales du règne de George III, par Aikin ; trad. de l’anglais, Paris, 1817, 3 vol. in-8°. 14º Voyage de Golownin, capitaine russe, contenant le récit de sa captivité chez les Japonais en 1811, 1812 et 1813, etc., et ses observations sur l’empire du Japon, suivi de la Relation de Ricord, capitaine russe, aux côles du Japon en 1812 et 1813 ; trad. sur la version allemande, Paris, 1818, 2 vol. in-8°, avec fig. et cartes. 15° Voyages dans le Belouchistan et le Sindhy, suivis de la Description géographique et historique de ces deux pays, par H. Pottinger ; trad. de l’anglais, Paris, 1818, 2 vol. in-8°, avec une carte. 16° Histoire des naufrages, par J.-L.-H.-S. Deperthes. Cet ouvrage avait paru pour la première fois en 3 parties in-8°, Reims, 1781 ; Eyriès en a publié deux nouvelles éditions, Paris, 1815, 3 vol. in-8°, et 1819, 3 vol. in-12. 17º Caramanie ou courte description de la côte méridionale de l’Asie mineure, par Fr. Beaufort ; trad. de l’anglais, Paris, 1820, 1 vol. in-8°. 18° Mémoire sur les découvertes de M. Mollien et des voyageurs qui l’ont précédé dans l’intérieur de l’Afrique, par Eyriès ; inséré à la fin du tome 2 du Voyage de