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EST

ESTERNOD (Claude d’) n’est pas, comme on l’a cru jusqu’ici, un personnage imaginaire, sous le nom duquel s’est caché François Pavie de Fourquevaux. Il naquit à Salins en 1590, et il prend soin d’apprendre à ses lecteurs que sa famille était ancienne et considérée. Il embrassa l’état militaire, et après avoir fait quelques campagnes, fut nommé gouverneur du château d’Ornans, dans le comté de Bourgogne. Il profita des loisirs que lui laissait cette place pour faire un voyage à Paris, où il se lia d’amitié avec Berthelot et d’autres écrivains du même genre. Il avait les passions très-vives, et pour les satisfaire il dissipa la plus grande partie de sa fortune. Il alliait à des mœurs très-licencieuses une grande piété et un zèle extrême pour la religion. D’Esternod mourut de la peste à Salins vers 1630, à l’âge d’environ -10 ans. On a de lui : 1° le Franc Bourguignon pour l’entreüen des alliances de France et d’Espagne, Paris, 1615, in-8° ; il y parle avec un peu. d’exagération des avantages qu’ofi’re à la France le voisinage de la Franche-Comté ; 2° l’Espadon satirique, composé en rimes françaises, Lyon, 1619, in-12. Cette édition porte le nom de Franchère, anagramme de Rqi-anche, l’un des villages dont Esternod était g seigneur, Lyon, 1621, in-12. Elle contient seize satires ; on en trouve des exemplaires avec les dates de 1622 ou 1626 ; Cologne, 1680 ou 1682, in-12. Cette édition est beaucoup plus belle que les précédentes, mais on en a retranché la 16° satire, dont le sujet est l’apostasie d’un capucin nommé Guénard, qui s’était retiré à Genève ( voy. Gasmzu ne Mourroar ). Si l’on en croit quelques catalogues, l’Espodon satirique a encore été réimprimé à Amsterdam, 1721, in-12, sous le titre de Salircs galante : et amoureuses de d’Esternod. Cet écrivain ne manque ni de naturel ni de facilité, mais son style est faible, souvent incorrect, et les sujets qu’il a traités de préférence prouvent autant de mauvais goût que de libertinage d’esprit.

W-s.

ESTÈVE (Jean), troubadour ancien, né à Narbonne ou à Béziers, s’attacha à Guillaume, seigneur de Lodève, qui commandait en 1285 la flotte française envoyée par Philippe le llardi contre l’Espagne. Celui-ci fut fait prisonnier, et son ami célébra dans un sirvente sa captivité, en engageant le roi de France à payer promptement sa rançon et à le délivrer. Estève est le seul troubadour qui ait daté ses pièces. Les plus agréables sont deux pastourelles qui ont de la naïveté et de la grâce : ~ Pauvre qui est jeune, dit-il, est bien riche quand il vit joyeux ; et plus fortuné est-il que le vieux riche qui passe sa vie dans la tristesse, compagne ~ de l’or. »

Z.



ESTÈVE (Pierre-Jacques), natif de Tortosa, exerça et professa d’une manière distinguée la médecine à Valence en Espagne. Il publia dans cette ville, en 1550, en un volume in-fol., une traduction latine des Epidémiques d’Hippocrate, avec des commentaires très-étendus. On a trouvé tant d’é-7 rudition dans cet ouvrage, dit Eloi, qu’on a pré EST 107 tendu qu’il appartenait à Galieu, qu’il était demeuré inconnu pendant plusieurs siècles, mais qu’Estève avait eu le bonheur de le découvrir et la vanité de se l’approprier : cette prétention n’a pas même l’ombre de la vraisemblance. —Es-ri : ve (Louis), né à Montpellier, y exerça la médecine, et publia divers opuscules qui ne jouissent pas d’une grande réputation : 1· Traité de l’ouïe où, après avoir exposé les parties organiques de l’oreille, on donne une théorie du tintoin et du sifflement, avec plusieurs expériences nouvelles, et la théorie du son et de l’audition, auquel on a joint une observation peut servir el éclaircir l’action du poumon du fœtus, Avignon, 1751, in-12. Ce traité, judicieusement apprécié par Haller, contient beaucoup d’hypothèses et peu de faits importants. 2°* Quœstiones chymico-medica : duodecim pro cathedrd vacante per obitwn D. Serane, Montpellier, 1759, in-1°*. 5°* La Vie et les Principes de M Fixes, pour servir il l’histoire de la médecine de Montpellier, Montpellier, 1765, in-8°*. C. ’

ESTÈVE (Pierre), membre de l’académie de Montpellier, né dans cette ville au commencement du 18°* siècle, cultiva plusieurs parties des sciences et de la littérature sans obtenir aucun succès remarquable. La médiocrité de toutes ses productions les a déjà condamnées à l’oubli, et il eut le malheur d’être lui-même le témoin de la réprobation dont elles étaient frappées. On a de lui : 1°* Nouvelle découverte des Principes de l’Harmonie, Paris, 1752, in-8°*. Cet ouvrage méritait d’être plus connu ; il est assez bon, ainsi que tout ce que l’auteur a publié sur les arts. 2°* Lettre d un ami eur l’exposition des tableaux au Louvre, 1755, in-12. 3°* Esprit des Beaux-Arts, Paris, 1753, 2 vol. in-12 ; c’est le seul des écrits d’Estève qui ait eu un instant de VoglC. 4°* Mémoire contre M de Causans, sur la quadrature du cercle (voy. Cwsaus ). 5°* Traité de la Diction, 1755, in-12 ; 6°* Histoire générale et particulière de l’Astronomie, Paris, 1755, 3 vol. in-12. 7°* Dialogues sur les Arts, Paris, 1756, in-12. Un sujet pareil, dit Sabatier, aurait eu besoin d’une plume plus exercée, plus de’licate et plus judicieuse que celle d’Estève. On lui attribue encore Origine de l’Univers, Berlin, 1758, in-12 ; la Toilette du Philosophe, Londres, 1751, in-12, et Lettre ti un Partisan du bon goût. W—s.

ESTHER, qui portait dans la langue de son pays le nom d’Edissa, qui veut dire myrte, était de la tribu de Benjamin, fille d’Abihaïl, vint au monde pendant le temps de la captivité de Babylone, et fut, selon quelques-uns, contemporaine de Darius, fils d’Hystaspe, qu’on croit être le même que celui que l’Ecriture nomme Assuérus ; d’autres interprètes croient qu’Assuérus est le même qu’Artaxerce Longue-main (1) [1]. Quoique Cyrus eût rendu la liberté aux Juifs, les soixante-dix

(1) M. de Chaumont, évêque d’Aqs dans ses Réptezions sur le Chmstianümeëîuis, 1693, 2 vol. ln-12 ), a prétendu établir gen : ëâzsâîîuân d1œ3·ther est Artaxercès-Ochns. Voyez le Journal des savants de 1693.

  1. (1) M. de Chaumont, évêque d’Aos, dans ses Réflexions sur le Christianisme (Paris, 1693, 2 vol. in-12), a prétendu établir que l’Assuérus d’Esther est Artaxercès-Ochus. Voyez le Journal des Savants de 1696.