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26 DIÉ P Mais celui-ci n’attend pas le choc, il s’élance et accule les Russes au ravin, les rejette sur les faubourgs de Friedland qu’il tourne par la route de Kœmsberg, tandis que Ney y pénètre par la route d’Eylau. C’est an milieu de Friedland en flammes et dont les ponts coupés n’offrent plus dâ retraite à l’ennemi, que Ney et Dupont se rejoignent. Ce dernier avait, par son coup d’œil et par son énergique entrain, contribué au succès du Ian de Napoléon, au gain de sa plus belle bataille. Ju ue-là, Dupont avait eu cette mauvaise fortunes de combattre loin des regards de l’empereur. Napoléon le tenait en grande estime, mais ne l’avait jamais vu à l’œuvre. Cette fois, il ut le juger autrement que par les résultats : il llui donna sur le champ de bataille les titres de grand-aigle de la Légion-d’Honneur et de comte de l’Empire. Nous avons insisté sur les faits d’armes du général Dupont, et ce n’est que justice ; car un seul jour de malheur et de honte a plus compté dans sa vie et pèse encore plus aujourd’hui sur sa mémoire, que tant de brillantes journées. Rappelons donc ce qu’était Dupont, lorsque, après a paix de Tilsitt, il fut appelé à prendre part à la campagne d’Espagne. So dat éprouvé par quatorze ans de service, officier hardi tout à la fois et savant, heureux et sagace, administrateur et organisateur ha~ bile, il avait attiré l’attention par ses cou d’éclat de Pozzolo, d’Albeck, de Halle, de Èiedland. Parmi tant de généraux distingués, il s’était fait remarquer par une initiative ardente, téméraire yîeut-être, mais toqjours justifiée par le succès. e général Foy, ans son Histoire dela guerre dans la Péninsule, dit de lui : « Il n’y avait pas dans l’empire un général de division classé plûs haut que Dupont. L’opinion de l’armée, d’accord avec la bienveillance du souverain, le portait au premier rang de la milice ; et quand il partit pour l’Anda ousie, on ne doutait pas qu’il ne trouvàt à Cadix son bâton de maréchal. » Et c’est là pourtant qu’il allait trouver la défaite et la honte. Le guet-apens de Bayonne venait de changer en haine ardente la passagère sympathie que le peuple espagnol avait ressentie pour Napoléon. e 2 mai 1808, Madrid s’était soulevé, et la terrible répression exercée par le grand-duc de Berg avait encore exalté la fureur de la nation envahie. C’était avec 80,000 conscrits que l’empereur avait fait occuper l’Espagne, et 65,000 à peine étaient en état e porter les armes : le reste était déjà dans les hôpitaux. Sur ce nombre, Dupont, placé à la tète du deuxième corps d’armée, en commandait 18,000, avec lesquels il tenait la droite de Madrid, de Ségovie à Escurial. Deux ré iments suisses placés à Talavera, trois autres à ’gortose, Carth ène et Malaga faisaient nominalement partieaâe ses forces. Il devait les prendre en se irigeant sur Cadix, où sa présence était appelée par de graves évènements. Le 20 mai, la

DUP double abdication arrachée à Charles IV et à Ferdinand VII avait mis le comble à l’indignation espagnole. Quatre Eure après, les Asturies, cette Vendée de l’paagne, donnaient le signal de l’insurrection. Galice, Léon, la vieille Castille suivaient cet exemple. Le 26 mai, l’Andalousie se soulevait à son tour, et la’unte de Séville, centralisant la résistance, déclarait la guerre à la France et ordonnait une levée en masse. En huit jours toute l’Espagne était en feu. La capitale frémissait, contenue ar le maréchal Moncey, par toute la cavalerie die Murat et par les troupes de Dupont échelonnées de l’Escurial à Aranjuez et Tolède. Le point le plus important à préserver était d’abor Cadix, où étaient réunis sous les ordres de l’amiral Rosily, les débris de la flotte française échappée au désastre de Trafalgar. La ville était en pleine insurrection et menaçait de bombarder nos vaisseaux. Le général espagnol Castaüos y réunissait 15 à 18,000 hommes de troupes rélières et organisait l’insurrection. À aën, a Élirdoue, Augustin de Echavarri armait les bandes de la Sierra-Morena et les contrebandiers de la côte, et occupait les défilés, route nécessaire du Midi. L’insurrection d’Estrémadure et de Grenade enlevait à l’armée française les trois régiments suisses de Malaga, de Carthagène et de Tarragone dont le général, .R eding, prenait le commandement d’une armée improvisée. Enfin, on craignait de voir s’opérer à Cadix la jonction des Anglais aux Espagnols, évènement qui eût assuré la perte de a flotte. Dugont reçut l’ordre de forcer les défilés de la ierra-Morena et de se porter à marches forcées sur Cadix. Il partit de Tolède à la fin de mai, ’ laissant sur la route de Madrid les divisions Frère et Védel, et emmenant la division Barbou, la cavalerie du corps d’armée, les marins de la garde et les deux seuls régiments suisses restés à l’armée française. La division Barbou comptait environ 12,000 hommes, dont 2, lx00 suisses, 2,600 hommes de cavalerie, 7 à 8,000 hommes de l’artillerie et du génie, et 5 àl 600 marins. Dupont traversa les défilés sans résistance sérieuse. Le 3 juin, il était à Baylen. C’est là seulement qu’il apprit l’insurrection du Midi ; car il était arti, comptant trouver l’Andalousie tranquillise et rallier les renforts suisses déjà passés à. l’ennemi. Il fallait renoncer à ce sup-plément de forces, comme à une jonction possible avec Kellermann posté à Elvas, sur la frontière du Portugal. Cette situation inconnue au quartier-général, changeait les nécessités de la campagne : Dupont envoya demander à Madrid le reste de son corps d’armée. Ce endant il ne croyait encore avoir à faire en Andalousie qu’une promenade conquérants. » En attendant, il voulut frapper de terreur l’insurrection par un coup inattendu. Cordoue en était l’avant-garde. Dupont partit de Baylen dans la vallée du