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2 DUP autres volumes suivirent avec une extrême rapidité. L’ouvrage de Dupin trouva des critiques, et les jugements n’y étantpas toujours mesurés, ni même exempt ! d’err0¤l’B, ne laisaèrlnt pas que de leur fournir matière. Un des premiers qui se présenta fut dom Mathieu Petit-Didier, savant bénédictin de la congrégation de St-Vannes, qui depuis fut abbé de »Senones, et que le pape nomma évêque de Macra. Il publia en 1691, sous le titre de Remarques, un volume d’observations sur les trois premiers tomes de la Bibliothèque universelle. Dupin y répondit dans son 5° tome. En 1692 et 1696, dom Petit-Didier donna deux autres volumes de Remarques, et forma même, de ses élèves les plus instruits, une académie pour examiner les volumes de Dupin à mesure qu’ils paraîtraient. Les remarques du savant bénédictin déplurent à Dupin, qui se donna le tort d’y répondre avec amertume. Elles étaient néanmoins si justes, (âne Bossuet, quoiqu’il estimât Dupin et fît cas e ses laborieux travaux, crut ne pouvoir garder le silence sur les écarts dans lesquels l’avait entraîné ou la liberté, ou la légèreté de ses jugements. Ce prélat, dans l’acte de tentative de l’abbé Fagon, qu’il présidait collège de Navarre, ·en 1692, s éleva forteme’i# contre fin exactitude de Dupin, dans l’exposition de la doctrine du péché originel. Dupin répondit et ne se rétractait point. Bossuet crut alors pouvoir recourir à’des moyens plus efficaces. Il adressa au chancelier Boucherat et à de Harlay, archevêque de Paris, un mémoire dans lequel il exposait différentes erreurs, ou contenues, ou favorisées dans la Bibliothèque universelle. Il en concluait la nécessité d une rétractation formelle de la part de l’auteur, ou d’une censure rigoureuse. Dupin préfére le parti de la rétractation, et le grand acine, dit-on, aida à l’y déterminer. Bossuet satisfait, et qui savait combien les talents et la plume de Dupin pouvaient être utiles lt l’Église, lui rendit son amitié ; mais l’auteur da la Bibliothèque universelle n’évita point la censure. Malgré la soumission de Dupin, l’archevêque de Paris rendit contre lui un décret, en ate du 1lt-avr111696, et son ouvrage fut supprimé par arrêt du parlement ; mais il lui fut permis de le continuer en changeant le titre. Les erreurs n’on lui reprochait, étaient d’afl’aiblir la piétg des fidèles, en diminuant de la vénération due à la sainte Vierge ; de favoriser le nestorianisme ; d’ôter aux preuves de la primauté du Saint-Siége, une partie de leur force ; d’attribuer aux Pères de l’Église des erreurs sur l’immortalité de l’âme, et de parler d’em avec trop peu de res cet. Ce ne fut as la scale affaire qui viat troubljerlo repos du ilàupin. Il s’était joint aux opposants à la bulle Uuigenilus ; il avait été, en orbonne, un des principaux instruments de ce qui y avait été fait contre elle, et il fut l’un des signataires du J ° 1 i 5-

DUP cas de conaaience. On l’exila à Chàtelleraut, on lui ôta sa chaire du collège royal, et ce ne fut encore qu’à la condition d une rétractation qu’il obtint son rappel ; mais il ne racouvra point sa chaire. Clément XI, que sans doute ou avait indisposé contre Dupin, remercia Louis XIV du châtiment qu’il avait fait infliger à ce docteur, et lui donna dans son bref des qualifications d’une sévérité, ui, peut-être, outrepasse un peu ses fautes. 3uoiqu’attaché aux personnes e ce parti, Dupin, diaprès la faci ité avec laquelle on obtint ses rétractations, ne peut passer pour un janséniste obstiné. Non seulement il ne méritait pas d’être traité avec cette rigueur ; mais même, si l’on en croit le chance ier d’Aguesseau, il fut victime d’une opinion qu’il ne’artagpait pas. Sa vie était destinée à étre troublée. avait formé une sorte de liaison avec Guillaume Wake, archevêque de (lantorbéry, et il entretenait un commerce de lettres pvec ce’prélat, homme éminent de l’église anglicane. ette liaison avait commencé en 1718, par l’entremise de M. Beauvoir, chapelain de milord Stairs, ambassadeur à Paris. Cet ecclésiastique anglican avait eu occasion de s’entretenir avec Dupin, et la conversation s’était portée sur la possibilité et les moyens de la réunion de la communion anglicane à l’ég|ise romaine, en faisant des concessions de part et d’autre. M. Beauvoir avait informé l’archevéue de Cantorbéry des particularités de la conzêrence, et on s’était écrit plusieurs fois. Le régent fut informé de cette correspondance, sur laquelle on jeta des soupçons. D’ailleurs elle avait |ieu°a l’insu de la cour de Rome, ua l’abbé Dubois, aspirant au cardinalat, voulait ménager. I y eut ordre d’on lever les papiers de Dupin, et de les porter au palais Royal. Lafitau, évêque de Sisteron, dit s’y être trouvé alors. Si on en croit son rapport, Dupin dans les papiers qu’on examine, avançait a que lea principes de notre foi peuvent s’accorder a avec la religion anglicane ; que, sans altérer les dogmes, on peut abolir la confession auriculaire ; ne plus parler de la transsubstantiation ; anéantir les vœux de religion, retrana cher le Jeûne et Pabstinenoe du caréme ; se a passer u pape et permettre le mariage des prêtres. » i ce récit était exact, et que ces propositions fussent effectivement les sentiments de Dppin, il serait impossible de le diacnlper. On ëgpdit à son sujet d’autres bruits calomnieux. ennemis prétendirent, que non seulement c’était sa véritable doctrine, mais encore que sa conduite y était conforme, et qu’il était marié. Il est aujou1·d’hni généralement reconnu que oes un utationa sont fanases, et que le rapport de Iîatitaa est exagéré. Il n’était question dans ces piers que de projpts de réunion, connus did l’archevêque de ans de Noailles, du procureur-général Joli de