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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


D

DUPIN (Jean), nommé aussi par quelques biographes Dumain ou Durpin, né dans le Bourbonnais en 1302, était moine de l’abbaye de Vaucelles, diocèse de Cambrai. Son existence, passée dans l’humble obscurité du cloître, n’est connue que par ses écrits. Il est auteur d’un ouvrage en vers et en prose, intitulé : le Livre de Bonne Vie, Chambéry, 1495, in-fol. goth. très rare ; il en existe une 2° édition sous ce titre : le Champ vertueux de Bonne Vie, Paris, in-4°, sans date, goth. L’auteur suppose qu’un chevalier nommé Mandevie, lui apparaît dans un songe, et lui fait passer en revue les différents états de la société. Aucun n’est épargné ; mais il paraît s’être attaché, surtout, à faire des désordres du clergé une peinture effrayante. On attribue au même auteur l’Évangile des Femmes, petit poëme en vers alexandrins, conservé parmi les manuscrits de la bliothèque impériale (N° 7218, ancien fonds, et N° 2, fonds de l’église de Paris). On ne doit pas confondre ce poëme avec le Livre des Connoilles (quenouilles), connu aussi sous le titre d’Évangile des Femmes, ouvrage très rare, imprimé à Lyon en 1473, in-4°, goth., dont l’auteur est resté inconnu. Jean Dupin mourut en 1372, suivant Lacroix du Maine, dans le pays de Liége, et fut enterré à l’abbaye des Guillemins, ou moines de Saint-Guillaume.

W—s.


DUPIN (Louis Ellies), docteur de Sorbonne et professeur de philosophie au collège royal, naquit le 17 juin 1657, d’une famille noble de Normandie. Il fut un des théologiens les plus érudits et en même temps l’un es savants les plus distingués de son temps. Mais cette érudition et les opinions qu’elles lui. inspirèrent lui valurent une vie agitée, malgré la paix ordinaire de l’état religieux qu’il avait embrassé. Il eut du reste des adversaires et des défenseurs également illustres. Son père iutson premier maître, et bientôt s’en adjoignit d’autres, qu’il choisit Emi les plus habiles. Ce concours de soins fit re au jeune Dupin des progrès rapides. Il avait à. peine dix ans qu’il fut en état d’entrer en troisième au collège d’Harcourt. Il y eut pour professeur M. Laire, qui, prévoyant ce que pouvait devenir un tel élève, le prit en affection et lui · inspira un tel amour pour l’étude, qu’elle devint son unique plaisir, et l’occupation de tous ses moments. Après avoir fait sa philosophie dans le même collège, Dupin se détermina pour l’état ecclésiastique, et fit son cours en Sorbonne. Ce fut dès lors que, dans le dessein de se préparer à ses thèses, il s’adonna avec une ardeur extrême à la lecture des saints Pères, des conciles et des auteurs ecclésiastiques. Il prit le degré de bachelier en 1680, fit sa licence avec le succès qu’on devait attendre de ses connaissances déjà profondes, et reçut le bonnet de docteur en 1684. Ses lectures lui avaient fourni de nombreux matériaux. Fort de ces richesses, il conçut le projet d’une bibliothèque universelle de tous les auteurs ecclésiastiques. Il se proposa d’y donner l’histoire de leur vie, le catalogue, la critique et la chronologie de leurs ouvrages, un sommaire de ce qu’ils contiennent, un jugement sur leur style et leur doctrine, et le dénombrement des différentes éditions de leurs œuvres : c’était un plan immense ; Dupin sut y suffire. Non seulement il parvint à l’exécuter, mais on vit encore sortir de sa plume, presque coup sur coup, un grand nombre de livres sur toutes sortes de matières. Il était cependant détourné par d’autres occupations. On le nommait de presque toutes les commissions que la faculté de théologie formait dans son sein, soit pour ses propres affaires, soit pour celles sur lesquelles elle était consultée. Il faisait assidûment ses leçons au collège royal. Il ne refusait le secours de ses conseils et de ses lumières à aucun des écrivains qui avaient recours à lui. Il composait des mémoires pour les uns, des préfaces pour les ouvrages des autres ; non seulement sa facilité et sa fécondité pourvoyaient à tout, mais il trouvait encore le temps de se livrer à la société, de cultiver ses amis et d’aller se délasser avec eux de son travail. Le 1er volume de sa Bibliothèque parut in-4°, en 1686. Il contenait les auteurs des trois premiers siècles. Dupin n’avait alors que vingt-neuf ans. Ce premier volume a été réimprimé avec des retranchements, des changements et des augmentations considérables. Les