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du genre humain, signes de pucelage, défloration, conception et belle industrie dont use nature en la promotion du concept et plante prolifique, Rouen, 1612, in-8º. Ce livre renferme une opinion qui trouva un redoutable adversaire dans le savant anatomiste Riolan. Duval, d’après les rêveries de quelques rabbins, y admet l’hermaphrodisme comme une chose réelle, et soutient qu’Adam possédait cette singulière organisation. 4º Réponse au discours fait par le sieur Riolan contre l’histoire de l’hermaphrodite de Rouen, Rouen, 1615, in-8º. F—r.


DUVAL (Jean-Baptiste), orientaliste et antiquaire, était natif d’Auxerre. En 1600, il se livra à l’étude de l’arabe sous Étienne Hubert, professeur au Collége royal ; et, ayant eu l’occasion d’aller à Rome en 1608, il y fit connaissance de J. B. Raimondi, qui lui fit présent de quelques livres arabes, et s’engagea à se fortifier dans cette langue. Duval entretint aussi des liaisons fort étroites avec Jean Hesronite et Gabriel Sionite, maronites très savants. Quoi qu’il en soit, sa réputation comme orientaliste est très médiocre ; mais il paraît qu’il avait acquis une grande connaissance des médailles et des antiquités, et avait recueilli un grand nombre d’objets, ayant voyagé en Italie et en Syrie. Le roi lui accorda le titre de secrétaire-interprète de son cabinet pour les langues orientales. Il mourut à Paris en novembre 1632. On a frappé en l’honneur de ce savant une médaille qui a été gravée et décrite dans le Mercure de juin 1742, et dont on trouve la description dans Moréri. Duval cultiva aussi la poésie latine avec succès, et fit dans sa jeunesse de longues pièces de vers sur différents sujets. On lui doit une édition de Cassiodore, Paris, 1600, 2 vol. in-8º, et plusieurs ouvrages dont on trouve le détail dans la Gallia orientalis de Colomiez, et dans Papillon ; nous mentionnerons seulement : 1º l’École françoise pour apprendre à bien parler et écrire selon l’usage du temps, Paris, 1604, in-12. 2º Apothéose, ou Oraison funèbre de M. Hier. de Gondy, Paris, 1604, in-8º. Les bibliographes qui ont parlé de Duval paraissent n’avoir pas connu cette pièce. 3º Recueil de poésies latines, Paris, 1616. L’auteur d’une lettre insérée dans le Mercure de juin 1742 dit que ce recueil contient environ deux cents épîtres sous différents noms, cinquante-trois épitaphes et quelques épigrammes. La première des pièces qui le composent, intitulée Apologia pro Alcorano, est un badinage où Duval s’égaie aux dépens du livre sacré des musulmans. 4º Une nouvelle édition, corrigée pour le texte et augmentée de plus de deux cents médailles, des Imagines imperatorum et augustorum d’Énée Vico, Paris, 1619, in-4º, et la traduction italienne du discours sur les médailles, du même auteur. 5º Dictionarium latino-arabicum Davidis regis, quo singulæ ab co usurpatæ dictiones ita enunciantur, ut concordantiam psalmorum constituant et grammaticam ac dictionaria latino-arabica suppleant, Paris, 1632, in-4º. C’est un dictionnaire latin-arabe, dans lequel on ne trouve aucun mot arabe ; Duval a simplement extrait, du psautier arabe-latin de 1614 et 1619, tous les mots latins, en les plaçant dans l’ordre alphabétique, et en indiquant le psaume et le verset où ils se trouvent. On peut, au moyen de cette méthode, composer et écrire en arabe. Pour donner un exemple de l’utilité de son livre et de la manière d’en faire usage, l’auteur imagine une lettre écrite par David à Bethsabée, où le roi-prophète déclare ses amours avec dignité et retenue ; elle est suivie de la réponse de Bethsabée, qui s’excuse avec modestie, et trouve d’autres beautés beaucoup plus dignes qu’elle des hommages du roi. Ces eux lettres suffisent pour prouver la tournure d’esprit de Duval, homme moins érudit que singulier dans ses goûts. Duval a fourni à la France métallique de J. de Bie plusieurs médailles et explications, ainsi que ce célèbre graveur l’avoue dans sa préface. J-N.


DUVAL (André), de la maison et société de Sorbonne, né à Pontoise le 15 janvier 15614, fut reçu docteur de la faculté de théologie de Paris en 1594. Henri IV ayant établi deux chaires royales de théologie positive en 1598, Duval et Philippe de Gamaches furent nommés pour en être les premiers professeurs. Quoi qu’en dise Baillet, on ne peut guère contester à Duval la science suffisante pour remplir une de ces places. Il fut aussi choisi pour celle de l’un des trois supérieurs généraux des carmélites en France. Duval penchait vers l’ultramontanisme. Son attachement à cette opinion de la cour de Rome l’avait rendu agréable à Maffei Barberin. alors nonce en France, et depuis pape sous le nom d’Urbain VIII. Malfei l’employait dans l’occasion, et l’avait chargé de lui découvrir un théologien qui consentît à écrire en faveur de la puissance du pape contre les Vénitiens, qui ne voulaient pas l’admettre sans restriction. Il arriva que, sur ces entrefaites, on proposait une nouvelle édition des œuvres de Gerson, où le pouvoir pontifical est réduit à ses justes bornes. Duval en avertit le nonce, qui eut le crédit de faire retarder la publication de l’ouvrage. André Duval fut un des plus grands adversaires du syndic Richer, qui défendait courageusement les libertés de l’Église gallicane, et que son caractère ardent fit aller trop loin. Si l’on en croit Baillet, les procédés de Duval furent poussés jusqu’à la persécution. Ce même Baillet accuse Duval d’avoir, sous de spécieux prétextes, attiré Richer dans la maison du P. Joseph, capucin, et confident intime du cardinal de Richelieu, où, de force, et par la crainte de deux assassins introduits dans fa chambre pour l’effrayer, on lui fit signer une déclaration contraire à ses