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ET LA COIWREFAQON. XVII l’autorité, la lumière toujours présents ; la solution préte aux difficultés, aux incertitudes, à l’insuffisance même du savant ou de l’homme spéclal. L’ouvrage collectif dans son association des idées, des talents et des spécialités diverses, est, certes, l’un des instruments les plus utiles de la civilisation et du progrès. La société a donc le plus vif intérêt à favoriser, ti encourager ces sortes d’entreprises, et pourtant, elles présentent tant d’obstacles matériels, littéraires et moraux, que l’on compte les conceptions véritablement dignes de crédit et d’est une qui en soient sorties victorieuses ou achevées. Il s’agissait cette fois de décider si ces. œuvres sl difficiles et sl chanceuses ne resteraient point, selon la lol, la récompense et la propriété de celui sans lequel elles n’existeraient pas ; si, du vivant de ce créateur, elles pouvaient tomber devant lui en poussière et en lambeaux, de façon à aller enrichir des résultats de ses sacrifices et de sa création des spéculateurs également étrangers et aux uns et aux autres. Ils’agissait enfin de savoir si désormais les ouvrages collectifs devaient être une exception dans cette protection intelligente que les peuples civilisés accordent lt toute œuvre de l’esprit. Nous ne craignons pas de le dire : cette question, c’était celle de la vie ou de la mort des œuvres collectives ; c’étaient les ciseaux remplaçant la plume, c’était le maraudeur substitué à l’organisateur ; si cette théorie eùt triomphe, l’ouvrage collectif ne pouvait plus étre une œuvre originale ; il n’était plus qu’une variété de la contrefaçon ou un département du plagiat. Grace aux arrêts qui ont couronné le combat de la Biographie universelle, les principes et la lol sont rétablis dans leur moralité : l’esprit reprend sa place contre la spécne lation servile, et c’est pour cela que la Biographie universelle entend enregistrer et conserver dans ses annales les arrêts dont on vient de parler et qu’elle reproduit la la suite de ce récit. Quant à la Biographie universelle, sous l’égide de ces arréts, sa propriété est désormais à l’abri de toute contestation comme de toute atteinte ; ses droits sont irrévocablement fixés. Par Parret de cassation du 16 juillet 1853, M. Michaud est proclamé auteur de l’ensemble de son ouvrage et coauteur de ses diverses parties dans leurs rapports avec l’ensembIe. Par l’arrét d’Orléans, du 10 juillet 185h, son droit, reconnu sur l’ensemble, est encore reconnu supérieur à celui de ses collaborateurs pour les parties de cet ensemble. Par le second arrêt de la même Cour, du 12’février 1855, MM. Didot frères ont été condamnés à 45,200 fr. de dommages-intérêts pour réparation de l’atteinte qu’ils avaient portée à cette propriété. Enfin, par un dernier arrêt du 17 mars suivant, la Cour impériale de Paris a reconnu à son tour à M. Michaud et à sa cessionnaire la propriété de l’ensemble et la copropriété de tous et de chacun des articles formant l’ensemble. Le doute, désormais, n’est donc plus possible ; la justice a définitivement et souverainement tranché la question. Mme Desplaces, substituée aux droits de Michaud comme • sa cessionnaire, a un droit à la fois individuel et exclusif et sur toutes- les parties de la Biographie universelle, considérée comme œuvre collective, et sur chacun de ses articles considérés comme écrits partiels. Nul ne peut à l’avenir, sans violation de la propriété, détacher de l’ensemble une seule des parties, c’est-à-dire, une seule des notices dont il se compose, en vertu du double droit de M. Michaud et comme copropriétaire partiel et comme seul propriétaire du tout. La Biographie universelle, ainsi que tous les ouvrages qui ont eu un grand retentissement et une grande valeur scientifique et littéraire, a été l’objet des plus nombreuses déprédations. De toutes parts, on a puisé chez elle comme dans un de ces réservoirs où