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ET LA CONTREFAQON. XV i Biographie Michaud. C’était en quelque sorte, l’impliquer dans sa propre accusation, c’était la frapper dans son honneur et dans son autorité. Le plagiat et l’emprunt ne sont pas seulement à ses yeux des infractions à la probité littéraire, incompatibles avec la dignité des lettres ; ils sont encore le signe infaillible des ouvrages médiocres, de l’avidité du lucre illégitime, des esprits impuissants à produire par eux-mêmes une œuvre capable d’appeler la faveur du public. Pourtant, le mémoire qu’on présentait à la cour d’Orléans produisait une certaine quantité d’articles identiques, publiés à la fois dans l’œnvre des frères Michaud et dans le Dictionnaire biographique de Chandon et Delandine ; et on en tirait cette logique conclusion : l’œnvre Chandon et Delandine ayant paru avant celle de Michaud, Michaud, sans aucun doute, avait I pillé Chandon et Delandine. · · Forte de sa propre conscience, la Biographie universelle avait la certitude de n’avoir copié personne. Cependant les pièces étaient imposantes et décisives ; les juges en étaient très-justement émus. Les adversaires de MM. Didot recoururent aux écrits originaux, et ils n’eurent pas de peine à découvrir la plus triste des fraudes. Plusieurs éditions avaient paru du Dictionnaire Chandon et Delandine : les unes antérieures, les autres postérieures à l’année 1811, époque ou avaient été publiés dans la Biographie universelle les articles signalés. Or, ces articles ne figuraient dans aucune des éditions de Chaudon et Delandine antérieures la publication de MM. Michaud. Ils se trouvaient, pour la première fois, dans l’édition de 1821, c’est-à-dire dans une édition de dix années postérieure au moment ou ils avaient paru dans la Biographie universelle. Les diverses éditions de l’un et de l’autre ouvrage furent présentées à la cour ; elle put se convaincre elle-même que l’emprunt existait en effet, mais qu’il avait été fait sur la Biographie Michaud et non par la Biographie Michaud, et que les contrefacteurs aux abois avaient très-sciemment tenté de surprendre la religion de la justice. La Cour, blessée en quelque sorte dans sa probité, voulut à la fois constater par son arrêt et cette tentative et streonfnsion. · ’ Ce n’était point certes la seule fois que dans le cours de cette longue et pénible lutte, Mme Desplaces avait en à redresser et rectifier les grièves erreurs de ses adversaires. Toute sa discussion fut remplie de combats de cette nature, et, à son honneur, ce témoignage lui a été rendu dans la solennité des audiences, ’que durant trois années entières, pas une de ses assertions, pas une de ses reetiûcations n’a pu être l’objet d’une contradiction. Ce qu’elle ’ écrit ici, elle l’écrit en face de ceux qu’elle a si souvent elle-même contredits et démentis. Elle ne craint pas qu’ils la démentent. Leslois de la morale sont inéluctables ; l’usurpation du bien d’autrui ne peut pas s’appuyer sur la vérité, et la vérité est la puissance et la défense du droit. Toutefois nous n’eussions point parlé de cet incident, qui peut-être dans ce procès plein d’épisodes n’a pas eu plus d’intérêtjque tant d’autres, s’il ne servait à constater pour le pu- j blic un fait auquel nous attachons la plus haute importance. La Biographie universelle, dans son ensemble et ses détails, a été fouillée, confrontée, collationnée avec tout ce qui l’a pré-·· ’ cédée dans le même genre, par l’œil clairvoyant de ses ennemis les plus intéressés à enlever à. C sa rédaction son caractère d’originalité, de conscience et de probité. De tous ces efforts il n’est rien resté, sinon la preuve, judiciairement acquise et proclamée, que cet ouvrage si » vaste, si divers dans ses matières, si laborieux dans son exécution, n’avait pas une seule page, n’avait pas.un seul article qui ne fùt directement émané, conformément à son programme et