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4 DAC cre Dacier qu’il ne suffit pas toujours d’appo1·te1· dans cette capitale du zèle et des talents ; qu’il faut encore y être servi par les circonstances, avantage qui lui manqua pour· lors. Il ne se rebuta cependant point ; et, plus heureux à un second voyage, il fut présenté au duc de lllontausier, qui, charmé d’ajouter un savant de plus à la liste des interprètes dauphins, le chargea de travailler sur Pomponius Festus. C’était mettre son érudition à une épreuve délicate : peu d’auteurs, en etiet, réclamaient aussi puissamment que celui-ci la sagacité d’un commentateur habile (voy. Fasrus). Cet ouvrage, imprimé d’abord à Paris en 1681, in-1°, le fur ensuite à Amsterdam, en 1699, in-4o*, et cette édition estla plus recherchée, parce que l’ony afait entrer les notes entières des éditeurs précédents, et de nouveaux fragments de Festus. Peu de temps après la publication de ce premie1· ouvrage, qui annonça Dacier d’une manière si avantageuse, il épousa l’ancienne compagne de ses études, mademoiselle Lefèvre, et cette alliance, si heureuse sous tous les rapports, puisque tous les genres de convenances s’y trouvaient réunis, ne fit que ranimer encore son zèle pour l’étude. Il donna successivement : 1° les œuvres d’Horace, en latin et en français, avec des remarques historiques et critiques, Paris, 10 vol. in-12, 1681-1689 (voy. SAMnou). Il ne faut chercher dans cette traduction, ni la grâce, ni l’élégance d’Horace ; mais il y a beaucoup à proüter dans les notes ; et Pérudition que le commentateur y prodigue, dirigée avec plus de goût et de sagesse, peut conduire à des résultats précieux pour 1intelligence de l’auteur. 2° Réfleœions morales de l’empereur Marc··Antonin, avec des remarques et la vie de ce prince, 2 vol. in-12, Paris, 1690 ; 3° la Poétique d’Aristote, traduite en français avec des remarques sur tout l’ouvrage, 1 vol. in-4o et in-12, Paris, 1692. Quelques savants ont regardé cette traduction comme le chef-d’œuvre de Dacier ; du moins n’a-t-elle pas été surpassée par celle de l’abbé Batteux, et la préface surtout est excellente. 4° œdipe et l’Electre de Sophocle, avec des remarques, 1 vol. in-12, Paris, 1692. L’objet principal de cette traduction était de confirmer, par des exemples, la justesse des principes et l’utilité des règles exposées dans la Poétique. 5° Vies des hommes illustres de Plutarque, trad. en français avec des remarques, t. 1, Paris, 1694, in-4o. Cet essai, qui ne contient que cinq Vies, avait pour but d’interroger l’opinion publique, avant de conduire plus loin une entreprise aussi longue et aussi difficile. 6° Les œuvres d’IIippocrate, traduites en français avec des remarqués, et conférées sur les manuscrits de la bibliothèque du roi, 2 vol. in-12, Paris, · 1697. Ce volume ne comprend que le traité Dc aere, aquis et locis, le Jusjurandum, et deux opuscules apocryphes. 7° Les œuvres de Platon, traduites en français, etc. (c’est-à-dire quelques dialogues choisis, avec la Vie de Platon et l’exposition des principaux dogmes de sa philosophie), 2 vol. in-12, Paris, 1699. 8° La Vie de PythaL

DAC gore, ses symboles, ses vers dorés ; la Vie d’Hiéroclès, et son Commentaire sur les vers dorés, Paris, in-12, 1706. On fut redevable de cet ouvrage au règlement de 1701, qui obligeait chaque membre de l’A cadémie des inscriptions à entreprendre quelque ouvrage conforme au gem-e de ses études. 9° Le Manuel d"Epictète, avec cinq traités de Simplicius, traduits en français avec des remarques, 2 vol., Paris, 1715. 10° Vies des hommes illustres de Plutarque, etc., 8 vol. in-4o, Paris, 1721 ; et 9 vol. in-8o, Amsterdam, 1723, réimprimées depuis. Ce fut par ce grand travail que Dacier termina une carrière si laborieusement remplie. inconsolable de la perte de son épouse, morte en 1720, il ne lit plus que languir les deux années qu’il lui survécut, et la suivit enfin, au moment où il flattait sa douleur de l’illusion d’avoir retrouvé une autre Lefèvre dans mademoiselle de Launay depuis madame de Stael. Il mourut le 18 septembre 1722, âgé de 71 ans, d’un ulcère à la gorge, qui l’inquiétait si peu, que la veille même il était encore à l’Académie. Ses notes sur Quinte-Curce sont en manuscrit à la Bibliothèque nationale. A-D—n.

DACIER (Asse-Lrmlzvne), épouse du précédent, naquit à Saumur en 1651. Son père, le célèbre Tannegui-Lefèvre, ne songeait point à faire de sa fille une savante ; le hasard lui révéla ses rares dispositions. Présente un jour à la leçon qu’il dormait à son jeune frère, elle s’occupait à broder, et ne paraissait que prêter peu d’attention à ce qui se passait autour d’elle ; mais, s’apercevant que l’écolier répondait fort mal aux questions du professeur, elle lui suggéra, en travaillant, les réponses qu’il devait faire. Surpris et charmé en même temps de cette découverte, Lefèvre partagea dès lors ses soins entr-e son fils et sa fille, et bientôt l’écolière fit, sous un maître aussi habile, des progrès qui l’étonnèrent1ui-même. En peu de temps elle sut assez de latin pour entendre Phèdre et Térence : elle passa alors à l’étude du grec, et fut bientôt capable de lire Anacréon, Callimaque, Homère et les tragiques. Un nouveau motif d’émulation vint seconder ses dispositions et son goût pour l’étude des lettres anciennes. Son père lui donna le jeune Da- « cier pour émule et pour’compagnon de ses travaux ; et cette liaison, formée d’abord par la conformité des goûts et des études, devint ensuite une alliance respectable, cimentée par l’estime et la tendresse mutuelles. Après la mort de son père, arrivée en 1672, mademoiselle Lefèvre vint à Paris, déjà précédée d’une réputation qu’elle justifie. bientôt par son édition de Callimaque. Averti de son mérite par le bruit public, le duc de Montausier lui fit proposer de travailler à quelques-uns des auteurs latins destinés à l’éducation du dan- 7 phin ; mais elle refusa d’abord cette tâche honorable comme trop supérieur-e à ses forces. De nouvelles instances triomphèrent de sa modestie, et elle se chargea avec succès d’interpréter et de commenter Aurelius Victor, Florus, Dictys de Crète, et Darès le Phrygien. Ce fut au milieu de ces doc