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des sujets obscènes pour matière de leurs vers ne méritent point le nom de poête. » L’électeur le combla de bienfaits et lui donna entre autres la terre de Cuxheim, pour des vers que le poëte lui avait présentés. Dach abrégea ses jours par l’excès de travail ; il mourut d’une attaque d’hydropisie le 15 avril 1659, après avoir été élu cinq fois doyen et une fois recteur de l’université de Kœnigsberg. Les chants d’église qu’il a composés sont encore en usage aujourd’hui ; dans quelques-uns on n’a fait que retoucher le style. Après sa mort, on publia à Kœnigsberg, in-4o, un recueil de quelques-unes de ses odes, sous ce titre : la Rose, l’Aigle, le Lion et le Sceptre de l’électorat de Brandebourg. On voit à la bibliothèque de Rhediger à Breslau, une collection de ses ouvrages en 6 volumes manuscrits ; plusieurs ont été imprimés séparément dans les journaux d'Allemage.

G—y.


DACH (Jean), peintre, né à Cologne en 1566, fut élève de Barthélemi Spanger, toyagea en Italie, et à son retour passa par l’Allemagne. Ce fut l’époque de sa fortune. L’empereur Rodolphe II, grand amateur des arts, conçut une telle estime pour ses talents, qu’il se l’attacha et le renvoya en Italie pour y dessiner les plus beaux restes de l’antiquité. Plusieurs de ses dessins sont en Angleterre ; les contours en sont fermes et élégants. Dach fit à son retour un grand nombre de beaux tableaux pour la cour de Vienne. Ce peintre mourut dans cette ville fort âgé, dans l’opulence, et aussi estimé pour son caractère que pour ses talents. Ses ouvrages sont peu connus en France, et le Musée n’en possède point.

D—t.


DACHERY. Voyez Achery (d’).


DACHKOFF. Voyez Danschkoff, ci-après.


DACIANO (Joseph), médecin, moins connu qu’il ne mérite de l’être, naquit en 1520, à Tolmezzo, dans le Frioul, de parents pauvres. Son père, ouvrier tailleur, le conduisit jeune à Udine, où il s’établit dans l’espoir de trouver plus facilement les moyens de vivre avec sa famille. Ayant obtenu, en 1547, des magistrats d’Udine, un secours pour continuer l’étude de la médecine, il alla suivre les cours des plus célèbres professeurs de son temps, et revint en 1555 dans sa patrie adoptive. Revêtu presque aussitôt du titre honorable, mais peu lucratif, de médecin de la ville, les talents qu’il montra dans l’exercice de cette charge lui méritèrent en peu de temps la confiance générale ; et son modeste traitement fut augmenté à plusieurs reprises. Les succès qu’obtenait Daciano dans sa pratique, excitèrent la jalousie de ses confrères, qui tentèrent de l’empoisonner en lui faisant manger du pain ou l’on avait mêlé de la céruse et du sublime corrosif ; mais il reconnut à temps la présence du poison ; et dès lors il se tint en garde contre les projets de ses ennemis. Quoique fort occupé de son art, il n’était point étranger à la littérature ; il composait avec facilité des vers latins et italiens ; et l’on en trouve quelques-uns de lui dans la Raccoltà encomiastica di Salome della Torre, Venise, 1568. Cet habile praticien mourut en 1576, quelques mois après avoir terminé l’ouvrage sur lequel repose sa réputation : Trattato della peste e delle petecchie, nello quale s’in segna il vero modo che si des tenere per préservasse e curare ciasctmo oppresso di tali infirmita, etc., Venise, 15’T7, in-4o de 152 pages. La partie théorique de cet ouvrage n’offre rien de plus remarquable que la plupart des traités de médecine du même temps. Mais ce qui le rend précieux, ce sont les observations faites par Daciano au chevet de ses malades, et qu’il rédigeait ensuite avec autant d’exactitude que de précision. Ce médecin, l’un des premiers, a su distinguer la peste bubonique des fièvres contagieuses avec lesquelles on la confondait alors, et a déterminé ses signes caractéristiques. Dans toutes les circonstances, il avait combattu les affections contagieuses avec succès par les contre-stimulants. Aussi recommande-t-il d’employer, dès le principe de la maladie, la saignée, l’application des sangsues, les scarifications, etc. ; il cite à l’appui de son sentiment ce qu’il avait observé dans une épidémie qui dura depuis la fin d’avril jusqu’à la fin de septembre 1560, où tous les malades qui n’avaient

point été saignés succombèrent, tandis que les autres se rétablirent assez promptement. L’ouvrage de Daciano, devenu rare, était depuis longtemps tombé dans l’oubli, lorsqu’en 18t’7 le docteur Marcolini d’Udine en publia un curieux extrait dans son livre intitulé : Delle princïpali febbri tisiche di Udine nel secolo xvI ; e di una operetta del dottor Daciano, etc. Rétabli par là dans ses droits, ce zélé praticien est maintenant compté parmi les médecins qui se sont occupés le plus utilement des moyens de se préserver de la peste et de s’en guérir ; et il ne paraît en Italie presque aucune dissertation sur le typhus ou les autres maladies contagieuses sans que son nom y soit cité d’une manière honorable. ’

W-s.


DACIER (André), garde des livres du cabinet du roi, membre de l’Académle française et de celle des inscriptions et belles-lettres, naquit à Castres, le 6 avril 1651, et fit ses premières études au collège de cette ville. Son père l’envoya à l’Académie de Puylaurens, et bientôt après à celle de San- ’ mur, pour y profiter des leçons du célèbre Tanneguy-Lefèvre, qui l’associa aux études de sa fille, devenue depuis si justement célèbre sous le nom de madame Dacier (voy. l’article suivant). Le jeune Dacier répondit parfaitement aux soins de cet excellent maître, et fit des progrès rapides dans les langues grecque et latine, et dans tout ce qui tient à la critique littéraire et philologique. Lefèvre en fut si satisfait, qu’il le retint seul auprès de lui lorsqu’il congédia ses nombreux élèves. Un au après, la mort de cet homme célèbre obligea Dacier à retourner chez son père ; mais le désir de connaître ceux qui jouissaient alors de quelque réputation dans les lettres, et l’espoir de s’y faire distinguer lui-même, l’amenèrent bientôt à Paris. Tout le fruit de ce premier voyage fut de convain-