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froidement le professeur, je me soumets. Il s’aperçoit néanmoins que le modèle à suivre contenait des irrégularités ; il a soin de copier mot « pour mot, et lorsqu’il a fini remet le billet au « jeune homme, qui était resté le pistolet au poing « et le bras tendu ; celui-ci parcourt l’écrit, paraît « satisfait et ouvre la porte à Desormeaux. Au « sortir de la maison, incertain de ce qu’il devait « faire, et pourtant ne voulant pas payer les 6,000 francs, Desormeaux alla consulter le doyen de la faculté (J.-J. Leroux), qui fut d’avis d’instruire sur-le-champ l’autorité. Ils allèrent ensemble chez le préfet de police : deux heures après le jeune homme était arrêté : une visite avait été faite à son domicile ; on y avait trouvé le modèle du billet écrit de sa main, le billet de Desormeaux et les pistolets encore chargés à balle. D’ailleurs le prévenu convenait de tout. Cependant, lorsqu’il fut question de le mettre en jugement, non-seulement Desormeaux ne voulut point se porter partie civile, mais encore il fit lui-même en faveur du jeune homme des démarches auprès des juges, qui, touchés de tant de générosité, prononcèrent l’acquittement, toutefois après avoir annulé le billet. » Lorsque l’Académie de médecine fut créée, en décembre 1820, Desormeaux en fut nommé membre titulaire par le suffrage de ses pairs. Son assiduité aux séances, son zèle à s’acquitter des travaux dont il était chargé, un véritable talent de discussion ne tardèrent pas à le faire remarquer de ses collègues, qui le portèrent à la présidence, place où il se distingua par une impartiale fermeté. Un peu plus tard, Desormeaux fut décoré de la croix d’honneur, puis devint médecin en chef de l’hospice de la Maternité en remplacement de Chaussier. Le 28 avril 1830, il venait de sortir le matin en cabriolet pour faire sa visite à l’hospice : il était ir peine à cent pas de son domicile, lorsqu’il perd connaissance, et, cinq minutes après, il n’était plus. Comme ou n’a pas fait l’ouverture de son corps, il est probable qu’il succomba à une apoplexie foudroyante, âgé seulement de 52 ans. Desormeaux a peu écrit ; nous ne connaissons de lui que : 1° Précis de doctrine sur l’accouchement par les pieds, Paris, 1804, brochure in-8°, thèse inaugurale. 2° De aboftu, Paris, 1811, brochure in-1°. Cette dissertation, que Desormeaux soutint pour le concours d’accouchements, décèle une érudition étendue et choisie, une critique judicieuse et une saine doctrine. 3° De nombreux articles concernant l’Art des accouchements, les maladies des femmes et des enfants nouveau-nés, insérés dans le Dictionnaire de médecine en 21 volumes. Ces articles se font généralement remarquer par la méthode, la clarté, la précision, et l’éloignement de toute hypothèse. S’ils étaient réunis, ils pourraient presque former un corps de doctrine obstétrique. Le nom de Desormeaux se trouve attaché à une traduction en français de l’ouvrage de Morgagni, De sedíbus et causis morborum ; mais c’est Destouet seul qui l’a faite. M. le docteur Honoré a publié un Notice historique sur le docteur Desormeaux, Paris, 1830, brochure in-8°, et M. Raige-Delorme en a aussi composé une, qui est imprimée dans les Archives générales de médecine, Paris,

1830.

R-d-n.


DESORMERY (Lrãorow-Bxsrrszv), né en 1740, à Bayon en Lorraine, vint à Paris après avoir terminé ses études à Nancy, et fit exécuter plusieurs rnotets au concert spirituel. Il donna, en 1776, à l’Académie de musique, Euthyme et Lg/ris ; et en 1777, Myrtü et Lycoris : ces deux ouvrages eurent beaucoup de succès, et le second surtout eut plus de soixante représentations consécutives. Les décorations ayant été consumées ir l’íucendie de la salle en 1782, et les auteurs, malgré leurs instances, n’ayant pu faire remettre cet ouvrage, Désormery se retira, au bout de quelques années, dans les environs de Beauvais, où il est mort, plus

que septuagénaire.

P—x.


DESOTEUX. Voyez Cornrxrrx.


DESPARD (Enocinn-Maan), militaire anglais, connu par sa fin malheureuse, naquit en irlande. Après s’être distingué dans la guerre d’Amérique, ilquitta l’armée de ligue, passa, en 1799, à la Jamaïque pour y* servir comme ingénieur, et contribua à mettre cette île dans un état de défense respectable. En 1781, il fut envoyé pour commander dans l’île de Rattau, voisine de l’Amérique espagnole, et sur laquelle s’étaient réfugiés les Anglaischasses de la baie de Honduras. Il aida, l’année d’après, avec Nelson, à reprendre les établissements de la côte des Mosquites, et la paix de 1783 ayant rendu aux Anglais la elite de Honduras ; Despard fut nommé chef de cet établissement avec le titre de surintendant. Des contestations s’élevèrent en 1786 entre les colons et ceux de la côte des Mosquites, qui l’avaient quittée. Despard ayant déplu aux premiers, ils envoyèrent un député en Angleterre pour se plaindre de lui. Peu écoutés d’abord, ils parvinrent, lorsque lord Grenville entra au ministère, à faire suspendre Despard de ses fonctions. Il arriva en Europe en 1790, portenrde témoignages honorables ; mais il essaya vainement, pendant deux ans, d’obtenir justice, cl de se faire payer les sommes qu’il réclamait. Lorsque le gouvernement anglais prit des mesures de rigueur, en 179-1, Despard l’ut arrêté momentanément. Ensuite, lors de la suspension de la loi d’habeas corpus, il fut renfermé fort étroitement. Des membres du parlement élevèrent assez fréquemment, mais inutilement, la voix en sa l’aveur. Quand on leva la suspension de la loi, on lui offrit de le mettre en liberté, ù condition de donner caution de se représenter quand il en serait requis. Il refusa cette condition et demanda îr être jugé. Enfin on le relacha sous la simple promesse de paraître quand il serait mandé. On l’oubliait, lorsqu’au mois de novembre 1802, on apprit avec la plus grande surprise, que Despard avait été arrêté avec plusieurs conspirateurs dont il était le chef Tous appartenaient aux basses classes de la société, ou bien étaient de simples soldats.