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marets inspecteur général, directeur des manufactures de France. Il en exerça les fonctions jusqu’en 1792, qu’il fut jeté dans un cachot ; et, malgré son dévouement constant au bien public, il n’échappa que par miracle aux égorgeurs de septembre. Déjà membre du bureau de consultation des arts et métiers, créé par Louis XVI, il fit partie de la commission temporaire qui sauva de la destruction tant de monuments précieux, sous le règne de la terreur. Plus tard il accepta, quoique septuagénaire, la place de professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de la Seine. Lorsque son grand âge le força de renoncer à l’enseignement, il n’en continua pas moins d’être utile par ses conseils aux fabricants et même aux simples ouvriers, dont il préférait la conversation à celle des savants, parce qu’il les jugeait plus exempts de tout esprit de système. Son éloignement pour la dispute l’empêcha de prendre aucune part à celles que lit naître entre les géologues son opinion sur la nature du basalte. Il avait fait dans sa jeunesse presque tous ses voyages à pied, vivant de pain et de fromage, accostant de préférence le mineur, le forgeron, le maçon, qui lui apprenaient toujours quelque chose. Cette vie active et frugale contribua beaucoup à le faire jouir d’une santé inaltérable. Régulier dans l’emploi de ses journées, il poussait cette régularité jusqu’à la minutie. « Personne, dit Cuvier, ne se souvenait de lui avoir vu changer la forme de ses vêtements, et, jusqu’à ses derniers jours, sa perruque et son habit ont rappelé à peu près les modes en usage sous le cardinal de Fleury. » Cet homme respectable mourut le 28 septembre 1815, âgé de 90 ans. Son Éloge a été prononcé par M. Silvestre à la société d’agriculture (voy. ses Mémoires, année 1816, p. 104), et par Cuvier in 1’Académie des sciences en 1818, le même jour qu’il y prononça celui de Werner (voy. ce nom), le plus illustre des adversaires de Desmarets. Les missions nombreuses et les fonctions publiques dont il a presque constamment été chargé ne lui ont pas laissé le loisir de se livrer à des travaux d’une certaine étendue. Si l’on en excepte son Dictionnaire de la géographie physique, Desmarets n’a guère publié que des opuscules ou des mémoires disséminés dans les journaux scientifiques, dans les recueils de l’Académie et de l’institut, ou bien enfin dans l’Encyclopédie méthodique, dont il fut un des plus utiles collaborateurs. Nous nous bornerons à citer : 1° Une édition améliorée des Expériences physicomécaniques de Hauksbée (voy. ce nom), qui mérita l’honneur d’être mentionnée dans les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1754 ; — une édition du Longueruana (voy. Longuerue) ; plusieurs articles dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, et des notes avec Darcet sur les Questions naturelles de Sénèque, traduction de Lagrange. 2° Dissertation sur l’ancienne jonction de l’Angleterre à la France, Amiens, 1753, in-12. 3° Éphémérides de la généralité de Limoges, 1765, in-12. 4° Conjectures physico-mathématiques sur la propagation des secousses dans les tremblements de terre, 1766, in-12. 5° Mémoire sur les principales manipulations qui sont en usage dans les papeteries de Hollande (recueil de l’Académie des sciences, année 1771. Suite, année 1774). Réimprimé séparément, Paris, 1774, in-4°. 6° Mémoire sur l’origine et la nature du basalte à grandes colonnes polygones, déterminées parla nature de cette pierre observée en Auvergne (recueil de l’Académie, année 1771 et 1773). Dans ce mémoire, qui est le premier titre de Desmarets comme géologue, il confirme tous les aperçus de Guettard sur l’existence des volcans en Auvergne ; mais, au lieu de trois cratères, il en indique soixante. Après avoir démontré que le basalte, dont on attribuait la formation à la mer, est une production volcanique, il démontre que cette pierre est une roche granitique ou un porphyre plus ou moins altéré par l’action du feu. Ce fait important, qu’il a eu le bonheur de découvrir et de constater, suffit, suivant l’expression de Cuvier, pour garantir à son nom une durée égale à celle dont jouissent les noms des plus illustres académiciens. 7° Mémoire sur les prismes qui se trouvent dans les couches horizontales des environs de Paris (recueil de l’institut, classe des sciences, t. 4). Sur la constitution physique des couches de la colline Montmartre (t. 5). — Sur la détermination des trois époques de la nature par le produit des volcans (t. 6). 8° (Dans l’Encyclopédie méthodique, Dictionnaire des arts et métiers) l’Art de construire le métier à bas, — celui du cartier ; - celui du cartonnier ; celui de conserver et de faire cuire les châtaignes ; — celui de fabriquer les fromages ; -celui de fabriquer le papier. Ce dernier a été réimprimé séparément en 1789, in-4°. 9° Le Dictionnaire de géographie physique de l’Encyclopédie méthodique, 1798-1828, 5 vol. in-4°, avec un atlas de 48 cartes. Cet ouvrage a été continué et mis au niveau de la science par MM. Bory de St-Vincent, Doin, Ferry et Huot. 10° Carte de la partie volcanique du département du Puy-de-Dôme. Cette carte, l’un de ses ouvrages les plus recommandables, a été publiée en 1 823 par son fils, M. Anselme-Gaëtan Desmarets, de l’Académie des sciences. W-s.


DBSMARETS (Cuuuszs), fameux chef de la police impériale, naquit en 1763 à Compiègne, fils d’un artisan qui obtint pour lui de Vévêque de Soissons une bourse au collège de Louis le Grand, où il fut élevé avec l’abbé Legris-Duval, devenu plus tard célèbre par la fondation d’une maison de charité pour les orphelins savoyards. Doué d’un esprit fin et délié, Desmarets brilla parmi ses compagnons d’études. Il s’était voué il l’état ecclésiastique lorsque la révolution survint, et changea ses projets. Prêtre et chanoine de la cathédrale de Chartres, il abandonna aussitôt le ministère sacré. Entreprenant par caractère et révolutionnaire par goût, il ne put rester spectateur impassible de la lutte qui s’engagea entre les divers partis. 1)’abord employé dans une administration militaire, il épousa une demoiselle de Neufcljàtel en Suisse, et