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tiens ; le troisième, la superstition de Phœbé (Phaebus), ou la sottise du febvé. On y lit, entre autres anecdotes. que le bon évêque de Belley commença un jour un sermon par ces mots : Phœbe Domine, comparant au gâteau des Rois le royaume de J.-C. dont il distribuait ensuite les portions aux fidèles suivant leur mérite. Les curieux réunissent ces deux éditions, et y joignent la réfutation par Nicolas Barthelemy, avocat de Senlis sous ce titre : Apologie du banquet sanctifié de la veille des Rois, Paris, 1665,1684, in-12 ; 3° Oraison funèbre de Diane-Henriette de Budos, duchesse de St-Simon, Paris, 1671, in-1°. 4° Réponse aux lettres de M. Arnauld, produites par Jean Gontin, curé de St-Hilaire de Senlis. Ce factum, très-rare, a pour objet un procès alors pendant à la Tournelle, entre le frère de Deslyons et ledit Gontin. Durant ce procès, l’irascible Arnauld avait soutenu de son crédit la nièce de Deslyons, dans ses déportements contre Son propre père. 5° Éclaircissements de l’ancien droit de l'évêque et de l’Église de Paris, sur Pontoise et le- Vexin françois, Paris, 1694, in-8o. Deslyons s’y prononce pour l’évêque de Paris, contre les prétentions de l’archevêque de Rouen. Le parlement rendit un jugement contraire. 6° Quelques Lettres contre la musique et les instruments, que l’on introduisait de son temps, dans l’office des ténèbres, 1698, in-4o. Deslyons a laissé en manuscrit son Testament, pièce assez considérable ; une Lettre sur la sépulture des prêtres, et une Apologie du jeûne de la veille de la Pentecôte. Ces manuscrits, et d’autres encore étaient conservés avant la révolution, dans la bibliothèque du prieuré de St-Maurice de Senlis (voy. les Mémoiresde Nieeron). D. L


DESMAHIS (Marin Grosteste). Voyez Grosteste.


DESMAHIS (Joseph-François-Edouard de Consembleu), naquit à Sully-sur-Loire, le 3 février 1722. Son père, premier magistrat du duché, le destinait à la robe ; mais le fils ne pouvait échapper aux muses : il habitait un lieu tout rempli de souvenirs poétiques ; Chapelle, Chaulieu et Fontenelle y avaient fait des vers, et Voltaire vint habiter quelque temps le château de Sully. Il n’en fallait pas tant pour lui faire chérir un talent dont il avait en lui l’heureux germe. Dès l'age de dix-huit ans, il vint à Paris, et, sous les auspices de Voltaire, fut accueilli dans les plus brillantes sociétés. C’est alors[1] qu’il fit ce grand nombre de poésies fugitives qui lui ont donné un rang assez distingué parmi nos poêles aimables. Il entra bientôt dans la carrière du théâtre, et donna le Billet perdu, ou l'impertinent, comédie en 1 acte et en vers. Elle eut beaucoup de succès, et quoiqu’on l’ait reprise rarement depuis, elle est restée dans la mémoire des amateurs. « L'Impertinent, dit Laharpe, pétille « d'esprit, mais aux dépens du naturel : les vers sont d’une tournure spirituelle, mais rarement adaptée au dialogue, et le style n’est rien moins

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que dramatique. La pièce est une dissertation il sur la fatuité, un recueil de maximes et d’épigrammes ; il y en a d’assez jolies pour qu’on désirat de les trouver ailleurs ; il y en a qui seraient mauvaises partout. » Desmahis est encore auteur de deux comédies qui n’ont point été jouées, le Triomphe du sentiment et la Veuve coquette. Il avait entrepris deux autres pièces dont il n’a laissé que des fragments, l'Inconséquent et l’Honnété homme. Il achevait ce dernier ouvrage, lorsqu’une mort prématurée l’enleva dans sa 39° année, le 25 févríer 1761. Il a fait dans l’Encyclopédie les articles Fat et Femme, morceaux dans lesquels on a justement blâmé la frivolité des idées et l’afféterie du style. Suivant l’expression de Clément, Desmahis avait tout l’esprit qu’on peut avoir en petite monnaie. La plus considérable et la plus connue de ses pièces fugitives est le Voyage d’Eponne, plug ordinairement appelé Voyage de St-Germain. Ses œuvres ont été réunies en 2 vol. in-12, Paris, 1778, par les soins de M. de Tresseol. Une édition incomplète avait déjà été publiée sous le titre d’Oeuvres diverses, Genève (Paris), 1763, 1 vol. in-12. Desmahis était fort recommandable par les qualités du cœur ; sensible à l’amitié, il disait : « Lorsque mon ami rit, c’est à lui à m'apprendre le sujet de sa joie ; lorsqu’il pleure, c’est à moi à découvrir la cause de son chagrin. » Il disait encore : « Content de vivre avec les grands hommes de mon siècle dans le cercle de l’amitié, je n’ambitionne point d’être placé auprès d’eux dans le temple de mémoire. » Il pensait que « si l’union et l’harmonie régnaient parmi les gens de lettres, ils seraient, malgré leur petit nombre, les maîtres du monde ». C’est pour cela qu’il détestait la satire. « Abjurez pour jamais ce malheureux genre, disait-il à un homme qui s’y exerçait, si vous voulez conserver avec moi quelque liaison. » A—G-R.


DESMAILLOT (Antoine-François Ève, plus connu sous le nom de l'auteur dramatique, était fils d’un avocat au bailliage de Dôle, et naquit en cette ville en 1747. Envoyé par son père à Besançon pour y faire son cours de droit, il quitta ses études, s’enrôla comme soldat dans le régiment de Guienne, et ayant su gagner l’amitié de ses chefs, au, bout de quelques mois, fut nommé sergent. Mais, ennuyé bientôt de l’état militaire, il profita du voisinage de la frontière pour déserter, s’enfuit en Hollande, et, s’étant engagé dans une troupe de comédiens, resta sept ans attaché comme premier acteur au Théâtre-Français d’Amsterdam. Des circonstances favorables lui ayant permis de rentrer dans sa patrie, il s’établit à Paris, et y fit jouer sur différents théâtres de petites pièces, dont quelques unes eurent du succès[2]. Dans le Journal de Paris du 28 janvier 1785, il réclama la priorité pour

  1. Le plus grand nombre fut composé pour une dame qu’il aima tendrement, et qu’il ne put épouser. Le dépit lui fit depuis abandonner le séjour de Sully (Mém. de Famille).
  2. L’auteur du Martyrologe littéraire, p. 107, dit de Desmalllot : «En 1788, il fit jouer un opéra en 5 actes qui lui valut un témoignage gracieux de la munificence royale : en 1793 il donna au théâtre de la République le Congrès des rois