Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 10.djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

incroyables. En quarante jours ils arrivèrent à Latac, capitale d’un royaume qui fait partie du second Thibet. Desideri tut regardé, par le roi et par ses courtisans, comme un lama européen. Ils lui dirent que leur livre rassemblait au sien. S’il faut s’en rapporter tl son témoignage, la plupart des lamas lisent leurs livres sans les entendre. Les missionnaires, d’abord traités avec de grands égards, furent bientôt en butte aux soupçons de la cour, parce que des marchands de Cachemir, venus à Latac pour acheter de la laine, les dénoncèrent comme de richés négociants. Une visite faite chez les missionnaires prourala fausseté de la délation. Desiderl commençait àétudier la langue du pays, espérant fixer son séjour à Latae, lorsqu’il apprit qu’il y avait un troisième Thihet, nommé aussi Lassa. Il résolut, contre son inclination, d’en faire la découverte, et après une marche de six mois par des lieux déserts, les missionnaires entrèrent à Lassa au mois de mars 1716. Peu de temps après, ils eurent une affaire très-désagréable devant les tribunaux du royaume. Bientôt ils parvinrent à se justifier et furent présentés au roi. Desideri, malgré les désagréments de tout genre qu’il éprouvait et qui étaient probablement dus à son zèle trop ardent, resta in Lassa jusqu’en 1727. Un ordre du pape, auquel les capucins avaient fait parvenir des plaintes, le rappela en Europe. À son arrivée à Rome, Desideri remit à la congrégation de la propagande trois requêtes contre les capucins missionnaires au Thibet, et demanda à retourner en

Asie, ce qui lui fut refusé. Il mourut à Rome en 1733. On a de lui une lettre dans le t. 12 des Lettres édi/ianles, et une autre que Zaccaria a insérée en entier dans le livre intitulé : Bibliotheca Pistoriensis, p. 185. Desideri, ainsi que les autres missionnaires qui ont visité le Thibet, s’est peu occupé de décrire le pays. Il s’est principalement attaché in noter les conformités qu’il a cru observer entre notre religion et celle des Thibetains. La route de Desideri par le Cachemir qtient le milieu entre celle des PP. d’oi-ville et Grueber, et celle du P. Goes. Elle est plus directe ; elle fait connaître des régions non parcourues par les voyageurs anglais qui, vers la fin du 18e siècle, allèrent du Bengale au Thibet. Desideri a traduit en latin le kangiar ou sahorin, livre qui chez les Thibetains à la même autorité que l’Écriture sainte chez les chrétiens, et que Zoukaba, homme en réputation de grande sainteté parmi ceux, a publié en 108 volumes. Il préparait d’autres ouvrages lorsqu’il tut rappelé. Ses manuscrits furent déposés au collège de la Propagande. E-s.

. DESIDEBIUS. Voyez IJ :-îcexca et Dwnsa.


DESILLES (....), gentilhomme Breton, né a St-Malo, le 7 mars 1767, officier au régiment du roi, infanterie, où il entra fort jeune, mérite la mention la plus honorable dans li histoire de.nos révolutions, époque désastreuse, pendant laquelle tant d’autres se sont fait une réputation si différente. Après la fédération du 14 juillet 1790, l’insubordination avait gagné presque tous les corps de l’armée, tout y était en dissolution. Une insurrection très-dangereuse s’étant manifestée dans la garnison de Nancy, où était le régiment du roi, le marquis de Bouille eut ordre de marcher sur cette ville, avec 3,000 hommes de gardes nationales, ou de troupes de ligne, restées fidèles au roi Louis XVI ; il y arriva le 3t août 1790 (voy. Boun.u1 :). Avant de faire agir ses soldats, le marquis employa les négociations, et voulut engager les rebelles à se soumettre ; il était sur le point d’y parvenir, lorsque les intrigants qui dirigeaient cette révolte, portèrent la populace et quelques soldats de la garnison, à faire feu sur ses troupes, avec une grosse pièce d’artillerie chargée de mitraille. Desilles s’élança au-devant de ces furieux, et parvint un instant à les contenir ; il arracha même à plusieurs reprises les mèches des mains des canonniers. Ne pouvant empêcher, de cette manière, l’exécution de leurs projets, il se précipite au-devant de la bouche du canon ; on l’en arrache, il saute sur un autre canon, qui était une pièce de 24, qu’on se préparait à tirer, et s’assied sur la lumière ; il est massacré dans cette situation (voy. les Mémoires de Bouillé). Le feu est mis à l’infernale machine, et une soixantaine de soldats, ou de gardes nationales tombent morts ; mais leurs camarades, furieux, pénétrant dans la ville, au milieu des coups de fusil tirés sur eux, des fenêtres, des portes, et de toutes les issues. Le marquis de Bouillé perdit la moitié de ses troupes dans cette affaire, et vint cependant à bout, avec ce qui lui restait, de comprimer l’insurrection. L’affaire de Nancy fait époque dans l’histoire de la révolution. C’est de là que date la première scission entre les révolutionnaires, appelés jacobins, et les constitutionnels qui, jusqu’alors, avaient paru marcher sur la même ligne. Les jacobins se déclarèrent pour les révoltés ; les constitutionnels, au’ contraire, les vouèrent in l’opprobre, et voulurent les faire punir. Le dévouement de Desilles devint, pour ces derniers, l’objet d’un culte politique. Il fut célébré par l’assemblée nationale de la manière la plus solennelle, et devint en même temps le sujet de plusieurs pièces de théâtre : la peinture et la sculpture s’en emparèrent son portrait et son buste parurent partout ; mais ce triomphe public ne dura qu’autant que l’autorité qui le lui avait décerné : bientôt on lui substitua des idoles de sang, et toute sa famille fut prescrite (voy.

LA ROUARIE).

B-s.


DESING (Anseuue), savant bénédictin, néà Amberg, en 1699, embrasse la règle de St. Benoit in Ensdort’ dans le Palatinat, tut pendant quelque temps professeurs Freysiugen, et enfin abbé d’Ensdorf ; il mourut en 1773. Voici les principaux des ouvrages qu’il nous a laissés : t° Melhodus contracte historia :, Amberg, 172ä, in-fol. ; 2° Institutione : st.yli-histo*ricí, Curtii et Livíi prœcípue imítatíoní accomodatœ, Augsbourg, 1772, in-8°, 5° édition 5 3°.tbrégé de l’histoire universelle, Freysiqan, t73t, in-12 ; 4° Secours nécessaires pour étudier