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ayant adhéré au régime de la terreur, et empreint d’une couleur de royalisme très-prononcée. Une circonstance qui a précédé le combat de quelques heures, à la suite duquel la victoire est restée à la convention, jette une lumière sur le caractère du général Danican. Il envoya proposer au comité de défense de l’assemblée, de désarmer ce qu’on appelait les patriotes, offrant de son côté, le désarmement des sections. Cette proposition, qui pouvait passer pour une marque de faiblesse ou de crainte, ne fut pas accueillie. Nous ne rappellerons pas ici les circonstances de ces journées ; elles se trouvent ailleurs. Que pouvaient le désaccord des sections entre elles et l’inexpérience de leur général, contre les forces militaires commandées par Barras nommé général en chef, ayant sous ses ordres les généraux Bonaparte, Berruyer, Canclaux, Brune, Verdier et autres commandant les troupes tirées du camp établi dans la plaine des Sablons et disposant d’une artillerie nombreuse et bien servie ? Après la déroute des sections, le général Danican parvint à s’échapper et à passer en Allemagne, tandis qu’un conseil de guerre, rassemblé au théâtre français, le condamnait à la peine de mort. Réfugié à Hambourg et ensuite à Blankemburg, il fut employé à ce qu’il paraît comme agent de Louis XVIII. Peu de temps avant le 18 fructidor il fit paraître et répandit à Paris des brochures dans un style assez médiocre, entre autres : le fléau des tyrans et les brigands démasqués, traits sans portée, décochés en fuyant de nouveau la proscription. Depuis cette époque jusqu’en 1811, ce général mena une vie errante et aventureuse. En 1799 il se trouva en Suisse avec un petit rassemblement d’émigrés. Après avoir séjourné quelque temps en Piémont, il rentra en France et parcourut les départements du midi qu’il essaya vainement de soulever. Fatigué et dégouté de ses tentatives, il se retira en Angleterre où le gouvernement lui accorda une pension dont il a joui longtemps, on ne sait pour quel genre de service. Après la seconde restauration, il vint en France et sollicita vainement des ministres du roi sa réintégration dans son grade et la récompense des services qu’il prétendait avoir rendus. Ne pouvant rien obtenir, il retourna en Angleterre. Selon quelques personnes qui l’ont connu, l’inconsistance de son caractère, la faiblesse et la médiocrité de son esprit, et, il faut le dire, quelque chose qui ressemblait à de l’intrigue, ne permirent pas de l’employer, ni même de lui tenir compte du mouvement qu’il s’était donné au 13 vendémiaire et depuis. Le général Danican peut être considéré comme un de ces hommes que l’agitation des révolutions portent en haut, leur offrant une

occasion favorable de se produire ; mais qui, faute de décision, de talents, d’esprit de suite, peut-être même de bonheur, disparaissent et rentrent bientôt dans leur obscurité. Il est mort à Itzehoe, dans le duché de Holstein en décembre 1848, âgé de 58 ans.

C. de B.


DANIEL, l’un des quatre grands prophètes, issu du sang des rois de Juda, fut dans son enfance emmené captif à Babylone, après la prise de Jérusalem, l’an 602 avant J.-C. Élevé a la cour de Nabuchodonosor, il fit de grands progrès dans la langue et dans les sciences des Chaldéens, et commença à faire éclater sa sagesse en découvrant l’innocence de Susanne (voy. Susanne). Quelque temps après, Nabuchodonosor vit en songe une grande statue, composée de divers métaux, et qui fut brisée par un rocher roulant du haut d’une montagne. À son réveil, le roi de Chaldée appela les mages ; mais déjà le songe s’était effacé de sa mémoire, et néanmoins il leur ordonna de le lui rappeler et de l’expliquer sur-le-champ. Ils avouèrent l’impuissance de leur art, et furent condamnés à mort. Mais Daniel devina, expliqua le songe, fut établi chef des mages et intendant de Babylone. Le roi vit encore pendant son sommeil un grand arbre qui fut abattu, mais dont la racine demeura attachée a la terre, et Daniel prédit au grince qu’il serait chassé de son palais et réduit à l’ tat des bêtes. Il est dit dans les livres Saints, que la prédiction fut vérifiée par l’événement (voy. Nabuchodonosor). Il parait que Daniel était absent de Babylone lorsque le roi se fit élever une statue d’or, et ordonna qu’on l’adorât ; mais il ne faut pas croire les rabbins, qui prétendent qu’à cette époque le prophète enlevait furtivement des pourceaux sur les terres d’Égypte. Trois compagnons de Daniel (Sidrac, Mizac et Abdenago) ayant refusé d’adorer l'idole, furent jetés dans une fournaise ardente d’où, suivant l’Écriture, ils sortirent sains et saufs. Frappé de ce prodige, Nabuchodonosor publia une loi en faveur de la rellgion des Juifs. Daniel conserva son crédit sous Evilmérodach et Balthazar, qui régnèrent après Nabuchodonosor. Il expliqua devant Balthazar les mots mystérieux tracés par une main inconnue sur les murs de la salle du festin (voy. Balthazar). Ce fut pendant le règne de ce prince que Daniel eut ces fameuses visions des quatre animaux qui sortaient de la mer, et qui désignaient les quatre grands empires des Chaldéens, des Perses, des Grecs et des Romains. Plusieurs commentateurs substituent à l’empire des Romains celui des Séleucides et des Lagides. Les Pères et les interprètes croient que Dieu révéla alors à son prophète, par le ministère de l’ange Gabriel, les persécutions d’Antiochus Épiphanes, sa punition miraculeuse, et les victoires des Machabées. Ils pensent qu’Alexandre le Grand et Darius Codoman sont figurés par un bouc combattant avec ses cornes un bélier qui succombe, et que les successeurs d’Alexandre sont désignés par les cornes qui s’élevaient de la tête du bouc. Darius le Mède (voy. Darius, fils d’Hystaspes), successeur de Balthazar, partagea le gouvernement de ses provinces entre cent vingt satrapes, et éleva Daniel au-dessus d’eux ; mais peu de temps après, les satrapes, jaloux de son pouvoir, engagèrent Darius à exiger les honneurs divins. Daniel refusa de l’adorer et fut descendu dans la fosse aux lions. Le lendemain, le monarque ayant vu lui-même dans cette