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— DAC tes travaux, au commencement de 1683, qu’elle épousa M. Dacier. Quelques biographes ont prétendu qu’elle avait précédemment contracté un premier engagement avec un libraire de Saumur, quils nomment Jean Lesnier ; mais ils ne donnent rien de positif sur la durée de cet engagement et sur les causes qui le 1·ompirent. Monsieur et madame Dacier, nés tous deux protestants, renoncèrent solennellement à leur religion en 1685, et plusieurs mois avant qu’il fût question de la révocation de l’édit de Nantes. Pour donner à cette action le moins d’éclat possible, et détourner d’enx jusqu’au moindre soupçon que des vues d’ambition ou de t’r-rtiu1e entrassent pour quelque chose dans ce rangement, ils se retirèrent à Castres, patrie de ll. Dacier. Il fallut un ordre du roi pour les rappeler à Paris, et les rendre à leurs travaux littéraires. Le soin le plus important de madame Dacier fut alors de se livrer tout entière à l’éducation de deux Elles, et particulièrement d’un fils, qui répondit si bien aux soins de l’institutrice, qu’à dix ans il lui dérobait furtivement les auteurs grecs x dont elle lui interdisait la lecture, comme encore s trop difficile pour lui. Ce jeune prodige mourut à j peine âgé de 11 ans. L’aînée des filles se fit religieuse à l’abbaye de Longchamp, et la seconde I mourutà 18 ans. On ne peut lire sans attendrissement les regrets que sa’mère a consacrés à sa mé-I moire dans la préface de son Iliade. Quand M. Dacier épousa mademoiselle Lefèvre, on dit assez plaisamment que c’était le mariage du grec et du latin. Cette alliance fut heureuse, et surtout féconde en productions utiles ; car, indépendamment l des ouvrages auxquels elle travailla en commun É avec son mari, et parmi lesquels il l’aut distinguer les Béfle.·m’on-s de l’empereur Marc-Antonin, nous g avons de madame Dacier : 1° Ccllimachi hymni, l epigremmetc et fregmentc, grœce et latine ; nec non ejusdem pœmctium de coma Berenices, c Cctullo p rerwm, edente cum notis et indice, Anna Tanaj guilli Fcbri flic, Paris, in-4o, 1674. La préface et les notes de madame Dacier ont été réimprimées ensuite dans l’édition de Grœvius, Utrecht, 1697, et plus récemment dans celle de Spanheim ; 2°* L. 4. Fiori historic romcnc cd usum delph., Paris, in-4o, 1674 ; Oxford, in-8o, 1692 ; Venise, in-4o, 1714 ; 3° Dictys Cretensis et Dares Phrygius, ad us. delph., Paris, in-4o, 1684 ; 4° Seœti Aurelii Victoris historiœ romcnœ compendium, cum interprétation et notis, ad usum delph., Paris, in-4o, 1681 ; 3° les Poésies d’.»mccréon et de Scpho, traduites du grec en français avec des remarques, Paris, 1681, in-12. Despréaux a dit de cette traduction qu’elle devait faire tomber la plume des mains à tous ceux qui entreprendraient de traduire ces poésies en vers. Elle fut réimprimée in-8o à Amsterdam, en 1716, avec les notes latines de Tanneguy-Lefèvre, et la traduction en vers français de Lafosse. 6° Eutropii hslstoriœ romcnœ breviarium, etc., cum notis et emendetionibus, cd us. delph., Paris, in-4o*, 1683 ; Oxford, in-8o, 1696 ; 7°l’Amphytrion, l’Epi DAC ti dicus et le Rudens, comédies de Plante, traduites en français, avec des remar-ques et un examen selon les règles du théâtre, Paris, 3 vol. in-12, 1683 ; 8° le Plutus et les Nuées d’Aristophane, traduits en f rançais, avec des remarques et un examen de chaque pièce selon les règles du théâtre, Paris, 1 vol. in-12, 1684. C’est la première traduction française que · l’on ait hasardée de ce fameux comique. 9° Les Comédies de Térence, traduites en français avec des remarques, 3 vol. in-12, Paris, 1688 ; Amsterdam, 1691 ; Zittau, 1705 ; Rotterdam, 1717, 3 vol in-8o, avec des figures à chaque acte, empruntées des anciens manuscrits, et qui r-présentent les masques et l’action de chaque personnage ; 10° deux Vies des hommes illustres de Pluterque, traduites en français : elles font partie de la traduction complète des Vies de ce célèbre biographe, entreprise d’abord par M. et madame Dacier, mais dont M. Dacier resta seul chargé ; 11° l’Iliade d’Homère, traduite ’ en français avec des remarques, Paris, 1699, 4 vol. in-12 ; ibid., 1711, 1720, etc. ; 12° Des causes de lc corruption du goût, Paris, 1714, 1 vol. in-12 ; Amsterdam, 1715, in-8o, Cet ouvrage est entièrement dirigé cont1·e La Mothe, qui, dans la préface de son abrégé en vers français de l’Iliade, s’était permis de juger un peu sévèrement le prince des poëtes. Le zèle de la bonne cause entraina madame Dacier au delà des bornes que le goût et la politesse prescrivent à ces sortes de discussions ; son adversaire lui répondit avec autant d’esprit que d’agrément ; ce qui fit dire que madame Dacier avait écrit et combattu en savant, et La Mothe, avec les grâces et la facilité d’une femme d’esprit. 13° Homère défendu contre l’apologie du R. P. Hcrdouin, Paris, 1 vol. in-12, 1716 ; Amsterdam, 1717. C’est un nouveau factrrm en faveur d’Homèr-e, contre l’apologie prétendue du P. Hardouin, qui, était aux yeux de madame Dacier, la plus grande injure que le prince des poëtes eût jamais reçue. 14° l.’Odyssée d’IIomère, traduite en français avec des remarques, Amsterdam, 1708, 1717 ; Paris, 1716, 1746, 3 ou 4 vol. in-12. L’Ilicde et l’Odysséc réugies, ont été réimpr-imées en 8 volumes, Paris, 17556. Malgré des titres si nombreux et si bien fondés, à la célébrité ; malgré les bornages flatteru-s qu’ils lui attiraient de toutes parts, madame Dacier ne sortit jamais des homes de la modestie ; et si elle parr1ts’blier un moment, en mettant trop de chaleur dgs la défense de son poëte chéri, c’est un excès de zèle bien pardonnable en faveur d’une cause qui alors avait grand besoin d’appui. On doit lui savoi1· gré du courage qu’elle montra dans cette circonstance ; et il ne fallait rien moins qu’une semblable résistance pour arrêter l’invasion des barbares. Ce fut le signal de cette guerre célèbre où Boileau prit une part si active, et dont il contribua surtout à déterminer le succès. Aussi ce gr-and cr-itique, cet admirateur si éclairé des anciens, faisait-il de madame Dacier un cas particulier : il la plaçait, dans son estime, infiniment au-dessus de son mari. « Dans a leurs productions d’esprit, faites en commun, di