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l’ambassadeur persan, et cette erreur ayant été répétée par une feuille anglaise, d’après un journal français, Aboul-Haçan adressa, de Londres, à un orientaliste français, en date du 6 janvier 1820, une lettre de son secrétaire, insérée dans le Journal de la librairie du 22 et dans le moniteur du 28 ; il y disait, ce qui est très-vrai, que l’auteur de ces voyages était Indien et n’avait jamais été en Perse. (Voy. Abou-Taleb.) Il désavouait principalement tout ce que ce voyageur dit de peu galant pour les dames françaises, et il annonçait le projet de publier lui-même la relation de ses longs et nombreux voyages dont il avait toujours eu soin d’écrire le journal. De retour à Paris, Aboul-Haçan offrit trois superbes chevaux à Louis XVIII. Il quitta la France peu de temps après, se dirigea par l’Allemagne et la Pologne, visita le grand-duc Constantin à Varsovie, dans les premiers jours d’août ; et, continuant sa route par Moscou, il arriva à la cour de Téhéran, fut bientôt nommé ministre des affaires étrangères, et mourut dans ce poste au bout de quelques années. Aboul-Haçan avait de l’esprit ; mais il parait que les Anglais eux-mêmes n’ont pas toujours eu à se louer de sa franchise et de sa loyauté. A-t.


ABOUL-MARAHAÇAN (Ben-Taghry-Berdy), historien arabe, naquit à Alep où son père était émir, et quitta par la suite cette ville pour habiter le Caire, sous la protection des sultans circassiens, qui le comblèrent de bienfaits et l’élevèrent à la dignité d’émir. Aboul-Mahaçan s’appliqua à toutes les sciences, mais principalement à l’histoire. Parmi ses nombreux ouvrages, on distingue celui qu’il a intitulé : Nordjoum elzahereh (les Étoiles brillantes), ou Histoire de l’Égypte et du Caire. On y trouve l’histoire de cette contrée, depuis sa conquête par les Arabes jusqu’au temps où vivait l’auteur, c’est-à-dire jusqu’à l’an 857 de l’hégire (1453 de J.-C.). Dom Berthereau (voy. ce nom) s’en est servi utilement pour son Histoire des Croisades, et en a laissé de nombreux extraits manuscrits. M. Sylvestre de Sacy, en rendant compte des travaux du savant bénédictin, observe que les Annales d’Aboul-Mahaçan sont un des ouvrages qui mériteraient le plus d’être traduits. Comme elles étaient très-volumineuses, Aboul-Mahaçan en a composé plusieurs abrégés. L’un d’eux, intitulés Maured Allethafeh, a été publié en partie à Cambridge, en 1792, par Carlyle, avec une traduction latine. Aboul-Mahaçan est encore auteur du Dictionnaire biographique connu sous le titre de Menhel-el-Safady, et destiné à faire suite à celui de Khalyl-ben-Ibek-Safady. Cet ouvrage commence par la vie d’Ibek, 1er sultan des mameluks Baharytes, mort en 656 de l’hégire (1258 de J.-C.), après quoi l’auteur suit l’ordre alphabétique. Selon Hadjy-Khalfah, ce Dictionnaire ne devrait avoir que trois volumes ; mais, quoique la bibliothèque royale en possède cinq, cet exemplaire est incomplet, car il finit à la lettre miym. Quant à la grande Histoire d’Aboul-Mahaçan, on en trouve plusieurs volumes et manuscrits dans la bibliothèque royale, dans celle de Leyde et dans la bibliothèque Bodléienne. Le sultan Sélim, après la conquête d’Égypte, en fit faire une traduction. J-n.


ABOU-OBAID-AL-CACEM-BEN-SALLAM, auteur arabe, naquit à Hérat vers le milieu du 2e siècle de l’hégire. Parmi ses nombreux ouvrages, on distingue : 1° son Traité sur les Hadyts, ou traditions prophétiques, intitulé Gharybel-hadyts : il employa quarante ans à en rassembler les immenses matériaux. Lorsqu’il commença à le composer, il se retira auprès d’Abdallah, fils de Thaher, qui lui assigna un revenu de 10,000 dirhem, afin qu’il fût sans inquiétude sur les besoins de la vie. Cet ouvrage se trouve manuscrit à la bibliothèque de Leyde. 2° un recueil de proverbes ou d’apologues, intitulé Al-amisal al-sayreh, que possède la bibliothèque royale. C’est particulièrement de ce recueil, et de ceux d’autres auteurs arabes, que Scaliger, cédant aux instances de Casaubon, composa ses deux Centuries de proverbes arabes, publiées par Erpenius, à Leyde, en 1614 et 1623. Abou-Obaïd joignait à une rare pureté de mœurs une ardeur infatigable pour le travail. Il exerça pendant douze ans la charge de cadi de Tarsous, et mourut en 224 de l’hégire (838-39), à la Mecque, ou il avait fixé sa demeure, après s’être acquitté du pélerinage. J-n.


ABOUL-OLA, célèbre poëte arabe, naquit à Moarrah, en 363 de l’hégire (973 de J.-C.). Dès l’âge de quatre ans, il fut privé de la vue par la petite vérole. Il étudia néanmoins sous son père, et alla ensuite à Bagdad, où il passa un an et sept mois à s’instruire. Revenu dans sa patrie, il s’enferma dans sa maison, et se livra entièrement à la poésie. Malgré l’obscurité dont il s’efforçait de se couvrir, on venait le voir de toutes les parties de l’empire. Ses mœurs et sa doctrine ont été censurées par les musulmans, ils l’ont accusé de suivre la religion des brahmanes ; ou plutôt de n’en avoir aucune, et de s’abandonner au libertinage. Il faut avouer que Aboul’-Ola, quoiqu’il se prétendit musulman, favorisait ces opinions par ses poésies libres et hardies, et plus encore par la pratique qu’il adopta pendant les quarante dernières années de sa vie de ne point vivre comme les autres musulmans. Ses poésies sont dans un genre futile ; mais la facilité de son talent et la grande connaissance qu’il avait de la langue arabe les feront toujours lire avec plaisir. Elles se composent de différentes collections, ou la vanité des choses de ce monde, le ridicule des mœurs humaines, le peu de fondement de la plupart des religions, et l’insuffisance de notre intelligence, sont toujours adroitement exposés. Aboul’-Ola mourut à Moarrah, en 1057. Fabricius et Golius ont publié, l’un en 1638, l’autre en 1656, des extraits de ses poésies. J-n.


ABOU-MANSOUR, astronome arabe, dont le, nom est Yahya-ben-Ali-ben-Aby-Mansour, dit Mouneddjem, ou l’Astronome. naquit l’an 241 de l’hégire, 855 de J.-C. L’étendue de ses connaissances lui acquit une grande réputation ; il fut comblé d’honneurs et de bienfaits par les califes sous le règne desquels il vécut, et surtout par Mamoun (voy. ce nom), dont le nom rappelle les plus beaux