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taire sur la loi. On ne trouve presque plus l’édition faite à Naples, 1488, de son Commentaire sur le Pentateuque. Aben-Hezra est aussi auteur d’un ouvrage de morale, intitulé : Chai-Ben-Megir, c’est-à-dire, vive le fils qui ressuscite, et d’un livre des Êtres animés, où il prouve l’existence de Dieu par la merveilleuse structure des êtres qui peuplent l’univers. Ce dernier ouvrage, composé en arabe, a été traduit en hébreu par Jacob ben Alphander. Quelques auteurs modernes lui attribuent le petit traité Amicus Medicorum : mais cet ouvrage est de Jean Ganivete. L’erreur vient de ce qu’il se trouve joint dans les anciennes éditions au traité d’Aben-Hezra, intitulé : de Luminaribus et Diebus criticis liber, imprimé à Lyon, 1496, 1508, in-4o, et 1550, in-8o ; Rome, 1544, in-4o ; Francfort, 1614, in-12. Il y a un commentaire d’Aben-Hezra sur Josèphe (Josephben Govion), de Bello Judaïco, Basileœ, 1599, in-8o, heb. lat. Enfin, on a de cet auteur un livre de géométrie et d’algèbre ; un Traité d’astronomie, intitulé Porte des Cieux ; un poëme publié en hébreu et en latin, par Th. Layde, Oxford, 1694 ; et un livre d’astrologie, dont ha bibliothèque de l’Escurial possède deux traductions manuscrites en limousin. Bailly (Astr. mod., t. 1, p. 600) a été mal informé, lorsqu’il dit qu’il ne nous est rien resté des ouvrages de cet astronome : il convient cependant qu’Aben-Hezra a rendu service à l’histoire de l’astronomie, en nous conservant les trois sphères dont Scaliger nous a laissé la description. On trouve une notice détaillée sur la vie de ce fameux rabbin dans Bartholomio. D-g.


ABEN-PACE, correctement Ibn Badjch, dont le nom entier est : Aboubecr-Mohammed-Ebn-el-Sayeg, un des plus fameux philosophes arabes, naquit à Cordoue, et mourut très-jeune à Fez, en Afrique, l’année 533 de l’hégire (1138), par excès d’application, ou, selon quelques historiens arabes, empoisonné par des envieux. Ses ouvrages ne sont que des esquisses et des pensées que sa mort prématurée l’empêcha de développer. La métaphysique et la morale étaient le sujet de ses méditations. Sa réputation est très-grande parmi les savants arabes, c’est leur Vauvenargues. Aboul-Haaçn, qui a fait un recueil de ses ouvrages, n’hésite point à le préférer à tous les auteurs de sa nation, même à Avicenne et à Algazaly. On trouve des détails intéressants sur Aben-Pace, sur ses ouvrages et sur l’estime dont ils ont joui, dans la Vie du philosophe Ebn-Yokdan, écrite par Ebn-Tophail, que Pocock a traduite et imprimée à Oxford, en 1671, et dans la Bibl. arab.-hisp. de Casiri. C.-s-a.


ABEN-RAGEL (Ali), astrologue arabe, natif de Cordoue, vivait vers le commencement du 5e siècle de l’hégire (11e de J.-C.), sous le calife Mamoun. Il jouit d’une grande célébrité parmi les mahométans, et même parmi les chrétiens qui croyaient à la science occulte de l’astrologie. Le livre qu’il a laissé sur le jugement et le sort des étoiles a été traduit en latin et imprimé à Bâle, par Henricus Petri, et a Venise, en 1485, par Erhard Radelez, sous ce titre : de Judicii : seu Fatis stellarum. Il est de la plus grande rareté. Aben-Ragel est aussi l’auteur d’un second ouvrage, connu sous ce titre : de Revolutionibus nativatum, seu de fredariis, Venise, 1524. Les historiens arabes racontent des choses merveilleuses sur la certitude des prédictions d’Aben-Ragel. La bibliothèque de l’Escurial possède un poëme de cet auteur arabe, sur l’astrologie judiciaire. C’est probablement l’original du premier des deux ouvrages imprimés. C.-s-a.


ABEN-ZOHAR, dont les noms sont : Abou-Merwan-Ben-Abdel-Melck-Ben-Zohr, fameux médecin arabe, naquit à Penaflor, près de Séville, vers la fin du 12e siècle ; il était juif de religion, fils et petit-fils de médecin. Dès l’âge de dix ans, il commença à étudier la médecine sous la direction de son père, qui lui fit faire le serment de ne jamais employer de poisons. Ce serment, qui a tout lieu de nous étonner, montre à quel point les empoisonnement s’étaient multipliés chez les Arabes. Aben-Zohar guérit le frère d’Ali-Rentemin, tyran de Séville, que sa propre famille avait empoisonné ; les parents irrites persécutèrent avec acharnement ce médecin, et le retinrent longtemps en prison. À la fin, il entra au service de Yousef ben Tachefyn (voy. ce nom), prince de Maroc, qui venait de chasser les petits tyrans d’Espagne ; ce souverain généreux le combla d’honneurs et de richesses. Aben-Zohar mourut à son service, l’an 557 de l’hégire (1261-2 de J.-C.), à l’âge de 92 ans. Il fut le maître d’Averroès, qui, tout détracteur qu’il est des autres médecins, parle toujours d’Aben-Zohar avec vénération et même avec enthousiasme. « Pour parvenir, dit-il, à une connaissance profonde de la médecine, il faut lire avec soin les ouvrages d’Aben-Zohar, qui en sont le vrai trésor. Il a connu tout ce qu’il est permis à l’homme de connaître dans ces matières, et c’est à sa famille que l’on doit la vraie science médicale. » il fut aussi le maître de son fils, dont nous parlerons dans l’article suivant. Aben-Zohar n’est pas un simple compilateur, comme presque tous les savants de cette nation : il voulait ramener la médecine à la méthode sage de l’observation. C’est même ce qui l’a fait accuser d’empirisme, mais à tort, car il tendait à réduire les faits en principes ; il cherchait à s’élever à la connaissance des causes des maladies ; et profondément nourri de la lecture de Galien, on le voit sans cesse professer la doctrine de ce grand maître. Il osa, contre les préjuges de son temps, unir a l’étude de la médecine celle de la chirurgie et de la pharmacie ; il chercha même à démontrer l’utilité de cette triple alliance ; aussi la matière médicale lui doit-elle l’emploi de quelques médicaments nouveaux ; la chirurgie, la première idée de la bronchotomie ; et la médecine, la description de quelques maladies nouvelles, comme l’inflammation du médiastin, du péricarde, etc. Cependant Aben-Zohar ne secoua pas complètement le joug de toutes les superstitions et de toutes les erreurs de son temps. Son livre intitulé : Thais ser, correctement Teïçyr, où il indique les remèdes et le régime qui conviennent à la plupart des maladies, semble faire croire qu’un hôpital lui fut confié. Ce livre, traduit en latin, a paru plusieurs fois