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de beaucoup de crédit dans le siècle où elle parut, et où l’on n’avait, pour les sciences géographiques, que la Cosmographie de Sébastien Munster. Aujourd’hui que nos connaissances sont plus étendues, son importance a beaucoup diminué. On doit aussi a Abelin le 12e et dernier volume de l’Histoire des Indes orientales, publié à Francfort, en 1628, in-fol., sous ce titre : Historiarum orientalis India tomus 12. J. Ludovicus Gottofridus ex anglico et belgico sermone in latimun transtulii, etc. Cet ouvrage, qui embrasse la description des Indes orientales et occidentales, est extrêmement rare et précieux, lorsqu’il est complet ; il a été payé 4,000 francs pour la bibliothèque royale. En 1632, Abelin publia en allemand, dans la même ville, sa Description du royaume de Suéde ; et, l’année suivante, parut aussi, en allemand, sa Chronique historique, ou Description de l’histoire, depuis le commencement du monde jusqu’à l’an 1619, avec un grand nombre de figures gravées par Matthieu Mérian. Cet ouvrage n’a même été composé que pour servir de texte à la suite des gravures historiques que Mérian voulait publier. Ces ouvrages sont l’un et l’autre in-folio. Le second a eu plusieurs éditions ; Jacques de Meurs a fait une traduction hollandaise du 1er volume, avec des augmentations. Enfin Abelin est l’auteur d’un livre allemand, intitulé : Historia Antipodum, ou le Nouveau Monde ; c’est-à-dire, Description de la partie de la terre connue sous le nom d’Indes occidentales, par J.-L. Gottfried ; Francfort, 1655, in-fol. On croit aussi qu’Abelin est le même que Jean-Philippe Abel, qui a publie à Francfort, en 1627, in-8o, une traduction allemande de la comédie de Daniel Cramer, intitulée : Plagium, comœdia de Alberto et Ernesto surreptis. A. L. M.


ABELL (Jean), célèbre chanteur anglais et joueur de luth, renvoyé par Charles II, comme catholique, passa sur le continent, dissipa follement l’argent qu’il y gagna, et voyages son luth sur le dos. Arrivé à Varsovie, le roi de Pologne voulut l’entendre. Abell refusa d’abord, fut conduit au palais, placé dans un fauteuil, et guindé fort haut au milieu d’une grande salle. La cour parut dans une galerie. Des ours entrèrent, et Abell eut l’option de chanter ou de leur être livré. Il n’hésita pas, et de sa vie il n’avait si bien chanté. Après avoir erré plusieurs années, il revint en Angleterre en 1701, y publia un recueil de chansons en plusieurs langues, et mourut dans l’obscurité, après avoir conservé sa voix jusqu’à une extrême vieillesse. N-l.


ABELLI (Antoine), abbé de Livry, et prédicateur du roi, naquit à Paris, en 1527, et entra fort jeune dans l’ordre des frères prêcheurs. Ayant eu quelques différends avec ses supérieurs, il fut relégué à Troyes ; mais il rentra bientôt en grâce et fut nommé vicaire général de sa congrégation. Il avait prêché avec tant de succès dans plusieurs églises du royaume, que la reine Catherine de Médicis le choisit pour directeur de sa conscience. Après avoir été pourvu d’une abbaye, il paraissait réservé à l’épiscopat. La mort de sa pénitente, arrivée en 1580, lui en ferma le chemin. Les ouvrages qu’il a publiés sont : 1° La manière de bien prier, avec la vertu et esficace de l’oraison, Paris, 1564, in-8o ; 2° Sermon sur les lamentations du saint prophète Hièremie, Paris, 1582, in-8o. La Croix du Maine et Duverdier ne citent d’Abelli que cet ouvrage. Bayle, qui les copie, tout en reprochant à Moréri d’en avoir fait autant sans corriger les fautes que ces bibliographes peuvent avoir commises, se livre à des réflexions assez longues où il examine si un jacobin pouvait posséder une abbaye. La Monnoye lui avait adressé à ce sujet une note qui n’a pas été reproduite dans l’édition de la Croix du Maine donnée par Rigoley de Juvigny. Cette note, présentée par Bayle comme un bon éclaircissement, contient plusieurs erreurs qui ont été relevées par Josse Leclerc dans sa Lettre critique sur le Dictionnaire de Bayle (p. 518-525). Ce savant prouve que Fr. Abelli, abbé d’Ivry, dont le nom figure au bas de l’acte de prestation de serment de fidélité au roi Henri IV par les docteurs de Sorbonne, n’est autre qu’Antoine Abelli, abbé de Livry (et non d’Ivry où il n’y a jamais eu d’abbaye), et que les lettres initiales Fr., dont sa signature est précédée, indiquent sa qualité de frère. Cette discussion sert du moins à prouver que les plus savants philologues peuvent tomber dans d’étranges préoccupations. 3° Lettre du frère Antoine Abelli à la royne Catherine de Médicis, 1564, in-8o. Le P. Lelong bibliotheca sacra, t. 2, p. 591) dit qu’il mourut en 1589 ; mais on ne peut admettre cette date, puisque la soumission de la Sorbonne, dont Abelli fisait partie, n’a eu lieu qu’en 1594. Les PP. Quétif et Echard, qui lui donnent de grands éloges et l’appellent vir morum integritate et eruditione clarus (Scriptores ord. prœdicat. recensiti, in-fol., t. 2 ), n’ont pu découvrir l’époque de sa mort. Il n’a été fait aucune mention d’Abelli dans l’Histoire des confesseurs des rois et des princes, par Grégoire. L-m-x.


ABELLI (Louis), né en 1605, ; dans le Vexin français (ou à Paris, suivant quelques auteurs). Après avoir pris le bonnet de docteur en théologie, il fut d’abord curé de St-Josse, à Paris, puis évêque de Rodez. Abelli, alors âge de soixante ans, et ayant passé la plus grande partie de sa vie avec les gens de lettres, ne put trouver agréable le séjour de son évêché. Il s’en démit en 1664, et revint a Paris s’établir dans la maison de St-Lazare, où il mourut le 4 octobre 1691. Les ouvrages d’Abelli sont en très-grand nombre. Le P. Nicéron en donne la liste dans le 41e vol. des Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres de la république des lettres. Les principaux sont : 1° Medulla theologica (la Moelle théologique), imprimée pour la première fois en 1650, et très-souvent réimprimée ; production pernicieuse selon les uns, estimable selon les autres, mais qui n’est plus lue de personne. C’est au titre de cet ouvrage que Boileau faisait allusion quand il appelait l’auteur le moelleux Abelli (Lutrin, ch. 4). Le prélat s’en plaignit hautement, et cita Boileau au tribunal de Dieu. Abelli avait composé cet ouvrage principalement pour réfuter un autre traité sous le même titre, par Améssus, puritain