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  1. ABEL (Nicolas-Henri) ##

jamais il ne s’admire, jamais il ne cherche à se faire valoir… Nous ne cesserions pas de nous occuper d’un sujet si intéressant, mais pour finir dignement cette notice, nous emprunterons les expressions d’un géomètre dont le jugement n’admet point d’appel[1]« Les recherches qu’Abel a publiées en moins de deux ans dans les journaux de M. Crelle et de M. Suchamcher, prouvent par leur nombre considérable, l’activité de son esprit et l’ardeur qu’il mettait a cultiver les sciences. Elles sont toutes remarquables par la généralité des considérations que l’auteur y expose, et par les vues nouvelles qu’il se proposait de développer. La mort a interrompu ses travaux avant qu’il eût achevé sa 27e année ; mais pendant une vie si courte, il s’est placé au premier rang parmi les géomètres, et, dans ce qu’il a fait, la postérité saura reconnaître et tout ce qu’il aurait pu faire s’il eût vécu davantage.[2] » L-i.

ABELA (Jean-François) naquit à Malte, vers la fin du 16e siècle, d’une famille illustre, qui s’éteignit avec lui. Il entra de bonne heure dans l’ordre des chevaliers de Jérusalem, et s’y distingua au point qu’il obtint, avant 1622, le titre de vice-chancelier, et enfin celui de commandeur. Il est principalement connu par un ouvrage curieux et devenu rare, intitulé : Malta illustrata, ouvero della descrizione di Malta, con le sise antichità, ad altre notizie, Malte, 1647, in-fol. L’auteur y montre une grande érudition et semble avoir embrassé tout ce qui concerne sa patrie. L’ouvrage est divisé en quatre livres : le 1er traité de la topographie et de la statistique de l’île de Malte ; le 2e en retrace l’histoire ; le 3 contient des notices sur les églises et les couvents ; le 4e d’autres notices sur les grands maîtres, sur les familles et les hommes les plus remarquables. Cet ouvrage offre quelques particularités sur la vie d’Abela ; on y voit qu’en 1610, il était, avec la flotte des galères de la religion et le vaisseau amiral, dans l’île de Lampédouse. Il voyagea dans une grande partie de l’Europe, recherchant les monuments et les livres anciens. Il entretenait des correspondances avec les savants les plus distingués de son temps ; nous citerons, entre autres, Gualteri, auquel il fut très-utile, lorsque celui-ci parcourut la Sicile pour en recueillir les monuments ; Luc Holstein, qu’il amena lui-même dans l’île de Malte, au retour de sa voyages ; et Pelrsac, auquel il envoya divers objets rares de cette île. On voit, par quelques passages de son ouvrage, qu’il l’a composé dans un âge avancé. Seiner l’a traduit en latin et y a ajouté une courte préface. Cette traduction a été publié séparément, et insérée, en 1725, dans le 15e volume du recueil de J.-G. Grævius, intitulé : Thesaurus antiquitaium et historiarum Siciliæ ; Leyde, in-fol. Seiner, dans sa préface, s’exprime sur Abela d’une manière trés-honorable ; et Pierre Burrmann, dans celle qu’il a faite au 11e vol. du Thesaurus de Grævius, en parle dans la même sens, lui reprochant toutefois d’avoir admis quelques traditions fabuleuses ; mais, ajoute-t-il, ces légers défauts sont plus que compensés par sa vaste érudition. A. L. M.

ABELIN (Jean-Philippe), historien, né à Strasbourg, mort vers l’an 1646, est le même que Jean-Louis Gottfried, ou Gothofredus, nom supposé sous lequel il est plus connu, parce qu’il l’a mis en tête de la plupart de ses écrits qui sont assez nombreux. Il n’a publie sous son véritable nom que le 1er volume de son Theatrum Europæum, qui contient l’histoire de l’Europe depuis 1617 jusqu’à la fin de 1628 ; et les 17e, 18e, 19e et 20e tomes du Mercurius Gallo-Belgicus, commencé par Gothard-Arthus, ouvrage ou l’on trouve la relation des événements qui se sont passés en Europe, et surtout en France, depuis 1628 jusqu’en 1636. Ces volumes ont été imprimés à Francfort, dans les mémés années, in-8o. Le Mercurius est écrit en latin ; le Theatrum en allemand. Le second volume de ce dernier ouvrage porte aussi le nom d’Abelin ; cependant Chrétien Gryphe, dans sa Dissertatio isagogica de scriptoribus historiam seculi XVII illustratibus, Leipsick, 1710, p. 48, prétend qu’il est de Jean-George Schleder, qui est aussi l’auteur de quelques-uns des volumes suivants. La meilleure édition du Theatrum Europæum est celle qui a paru à Francfort depuis 1662 jusqu’à 1758, en 12 vol. in-fol. Elle est ornée de gravures de Matthieu Maittaire. Cette énorme compilation parut en 1718. Les volumes qui ont été composés par Abelin, Schleder et Schneider, sont estimés ; mais ceux de leurs nombreux continuateurs n’ont ni la même réputation ni le même mérite. Abelin publia, en 1619 une explication des Métamorphoses d’Ovide sous ce titre : P. Ovidii Nasonis Metamorphoseon plerarumque historica, naturalisa, moralis ἔϰφρασις (ekphrasis) Francfort, in-8°. Il l’avait rédigé pour accompagner de jolies gravures de Jean-Théodore de Bry, qui représentaient quelques-unes des fables d’Ovide. Le titre du livre est sans nom d’auteur, mais il se nomme, dans la dédicace, Ludovicus Gottofridus. En 1628 il parut à Francfort une traduction allemande, et, l’année suivante, une traduction latine des Estats, Empires, Royaumes et principautez du Monde, de D. T. V. Y. (d’Ativy). La dernière est intitulée : Archoniloga cosmica, sive imperalorum, regnorum, printcipatuun, rerumque publicorum omnium per ioium terrarum orbem commenterii locupletissimi. Francfort, 1629, in-fol. La traduction allemande, qui a aussi été publiés in-fol., porte le même titre en allemand ; mais l’ouvrage original français n’y est pas nommé. Elle a été réimprimée à Francfort, du vivant de l’auteur, en 1638, et après sa mort, en 1646 et 1695. Ces deux dernières éditions, qui ont été faites par les soins de Matthieu Mérian et de ses héritiers, ont reçu des augmentations considérables, et sont ornées de gravures faites par Mérian ; dans celle de 1695, l’auteur n’est pas nommé. L’Archoniologia cosmica joussait

  1. Rapport de M. Poisson à l’Académie des sciences sur les travaux de M. Jacobi.
  2. Outre les mémoires insérés dans le journal de Christiania et dans le recueil de M. Schumacher, Abel a donné au journal de M. Crelle vingt et un mémoires dont on peut voir le titre dans le 10e volume de cette importante publication. Le mémoire présenté à l’Institut a paru dans les volumes des Savants étrangers