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nouvelle production eut encore un plus frand succès que les précedentes. La ressemblance était si fid_le, que don Carlos, dans un mouvement de reconnaissance, porta lui-même a l’auteur un diamant de 1,500 piastres. Le roi maria ensuite Sophonisbe avec don Fabrice de Moncade, qui l’emmena en Sicile, sa patrie. Moncade étant mort, elle épousa Horace Lomellini, d’une illustre famille de Gènes. À soixante-sept ans, elle eut le malheur de devenir aveugle : elle continua cependant de réunir chez elle, à Gènes, les artistes, les amateurs et la société la mieux choisie. Tous les étrangers s’empressaient de lui faire visite, pour jouir des charmes de sa conversation. Dans la Vie des Peintres génois de Raphaël Soprani, revue par Ratti, on lit qu’Antoine van Dyck s’estima très-heureux, pendant ses voyages, d’avoir pu parler de son art avec Sophonisbe, et assurait qu’il avait plus appris d’une femme aveugle que de l’étude des plus grands maîtres. Nous croyons que des admirateurs passionnés du talent de Sophonisbe ont inventé cette anecdote, qui est inutile à sa gloire. Van Dyck n’avait que vingt et un ans lors de la mort de Sophonisbe, et après les recherches les plus exactes, nous trouvons qu’il ne commença à voyager qu’à l’âge de vingt-trois ans. Sophonisbe, pendant sa vie, fut louée par les poëtes les plus distingués. D. Ange Grillo lui adressa un sonnet italien très-estimé. A-d.


ANGOT (Robert), né à Caen en 1581. Il parait qu’il appartenait à une honnête famille, puisqu’il prend, à la tête de ses gravures, le titre de sieur de l’Esperonnière ; et que, dans une de ses pièces, il parle d’une autre terre qui lui appartenait. Il n’avait que vingt-deux ans lorsqu’il fit imprimer un recueil d’odes, de sonnets, d’épigrammes et d’élégies, intitulé le Prélude poétique, Paris, Gilles Robinot, 1605, in-12. Sa versification est assez naturelle ; et, suivant Gouget, on remarque entre Robert Angot et Vauquelin de la Fresnaye. poëte beaucoup plus connu, quelque conformité de tour d’esprit et d’érudition. Robert Angot avait fait de bonnes études, et, si l’on en juge par ses traductions de plusieurs pièces grecques, il possédait cette langue, dont l’étude commençait à être négligée. On a encore de lui : les Nouveaux Satyres et Exercices gaillards de ce temps, en neuf satyres, auxquels est ajoutée l’Uranie de muse céleste, Rouen, Michel Lallemant, 1637, in-12. Ce dernier ouvrage est devenu très-rare. W-s.


ANGOULÊME. Voyez Aymar.


ANGOULÊME (Charles de Valois, duc d’), fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, naquit le 28 avril 1573, vécut sous cinq rois, et se rendit célèbre par sa valeur. La fameuse marquise de Verneuil, maîtresse de Henri IV, était sa sœur utérine. Charles de Valois, destiné des son enfance à l’ordre de Malte, fut pourvu, en 1587, de l’abbaye de la Chaise-Dieu, et devint, en 1589, grand prieur de France. Catherine de Médicis lui ayant légué les comtés d’Auvergne et de Lauraguais, il quitta l’ordre de Malte, avec dispense pour se marier, et épousa, le 6 mars 1591, Charlotte, fille du connétable Henri de Moutmorenoi. En 1606, Marguerite de Valois fit casser, par le parlement, la donation de Catherine de Médicis, et donner les comtés qui en étaient l’objet au dauphin (depuis Louis XIII). Charles cependant continua de porter le titre de comte d’Auvergne jusqu’en 1619, qu’il obtint du roi le duché d’Angoulême. Il avait été un des premiers à reconnaître, à St-Cloud, le roi Henri IV, et il combattit avec gloire pour son service aux journées d’Arques, en 1589, d’Ivry, en 1590, de Fontaine-Française, en 1595. Impliqué dans la conspiration de Biron, en 1602, il fut mis à la Bastille, mais obtint sa grâce. Convaincu peu après de nouvelles pratiques concertées contre le roi avec la marquise de Verneuil, il fut arrêté une seconde fois, le 9 novembre 1604, et condamné, l’année suivante, à perdre la tête. Henri IV commua cette peine en une prison perpétuelle. Il recouvra sa liberté en 1616, et alla, en 1617, faire le siége de Soissons. Nommé colonel général de la cavalerie légère de France, et créé chevalier des ordres du roi, il fut, en 1620, à la tête de l’ambassade envoyée à l’empereur Ferdinand II. Le comte Philippe de Béthune, mort en 1649, fut l’âme de cette ambassade, qui eut lieu à l’occasion du soulèvement de la Bohême et de la Hongrie. « Le motif de cette ambassade, dit le Journal des savants, fut aussi glorieux à la France que le succès en fut avantageux à la maison d’Autriche. » La relation en a été donnée au public par Henri, comte de Béthune, petit-fils de Philippe, sous le titre d’Ambassade de M. le duc d’Angoulême, etc., 1667, in-fol. Cet ouvrage est écrit sèchement, mais il petit donner connaissance de plusieurs faits importants de ce temps-là. Le duc d’Angoulême ouvrit, le 10 août 1628. le fameux siége de la Rochelle, où il commanda en chef jusqu’au 22 octobre, époque de l’arrivée du roi. Il donna de nouvelles preuves de sa valeur et, de son habileté dans les guerres de Languedoc, d’Allemagne et de Flandre. Il mourut à Paris, le 24 septembre 1650. Françoise de Nargonne, qu’il avait épousee en secondes noces, le 25 février 1644, mourut cent trente-neuf ans après son beau-père Charles IX, le 10 août 1713, à l’âge de 92 ans. On a du duc d’Angoulême : 1° Mémoires três-particuliers du duc d’angoulême, pour servir à l’histoire des règnes de Henri III et Henri IV, 1662, in-12. Jacques Bineau, éditeur de ces Mémoires, y en a joint d’autres assez amples qui rapportent, jour par jour, les négociations de la paix faite à Vervins en 1598. Les Mémoires du duc d’Angoulême forment le tome 1er des Mémoires particuliers pour servir à l’histoire de France, 1756, 4 vol. in-12 ; et le tome 3 des Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France, publiées par le marquis d’Aubais et Ménard, 1759, 3 vol. in-4o. 2° Les Harangues prononcées on l’assemblée de MM. les princes protestants d’Allemagne, par le duc d’Angoulême, 1620, in-8o. 3° La générale et fidèle Relation de tout ce qui s’est passé en l’île de Ré, envoyé par le roy à la royne sa mère, 1627, in-8o. 4° Une traduction française de la Relation de l’origine et succès des chérifs, et de l’état du royaumes de Maroc, Fez et Tarudant, écrite en espagnol par Diejo de Torrès,