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service, fit deux campagnes, quitta les armes pour l’état ecclésiastique, et fut chargé, par la reine d’enseigner les belles-lettres aux jeunes seigneurs de la cour ; ce qu’il fit pendant un certain temps. Ayant saisi quelques occasions de montrer de la capacité pour les affaires, Ferdinand le chargea, en 1501, d’une mission délicate auprès du soudan d’Égypte ; il s’en acquitta à la satisfaction du roi ; visita une partie de l’Égypte, surtout les pyramides, et fut de retour en Espagne au mois d’août 1502. Il continua de suivre la cour. Le roi Ferdinand le fit son conseiller pour les affaires de l’Inde, obtint pour lui, du pape, le titre de protonotaire apostolique, et le nomma en 1505, prieur de l’église de Grenade, avec un bon bénéfice. Après la mort de Ferdinand, Anghiera conserva son crédit auprès du nouveau roi ; il obtint aussi une riche abbaye de l’empereur Charles-Quint, et mourut à Grenade, en 1526. Il a laissé plusieurs ouvrages historiques. On les cite souvent, en appelant l’auteur Pierre Martyr, comme si Martyr était son nom de famille, et il n’est pas inutile d’être averti de cette erreur. Ses trois principaux ouvrages sont : 1o Opus epistolarum Petri Matyris Anglerii, Mediolanensis, 1530, in-fol., réimprimé plus correctement en Hollande, par les Elzevirs, en 1670, in-fol., avec les lettres, et d’autres ouvrages latins et espagnols, de Ferdinand de Pulgar. Ce recueil, justement estimé, divisé en 38 livres, embrasse tout le temps de la vie politique de l’auteur, c’est-à-dire depuis 1488 jusqu’en 1523, et contient un grand nombre de particularités historiques, qu’on ne trouve point ailleurs. 2o De rébus Oceanicis et orbe novo decades. C’est une histoire de la découverte du nouveau monde, écrite d’après les originaux de Christophe Colomb, et les relations qui étaient envoyées en Espagne, au conseil des Indes, dont l’auteur était membre. Elle est divisée en huit décades, dont chacune contient 10 livres ou chapitres. Ces décades furent d’abord publiées à différentes reprises ; elles le furent, pour la première fois ensemble, à Paris, 1536, in-fol., et ont été réimprimées plusieurs fois depuis. 3o De insulis nuper inventis et incolarum Moribus, Bâle, 1521, in-4o, et 1533, in-fol. ; 4o De Legatione Babylonica libri tres. L’auteur y raconte l’histoire de son ambassade auprès du Soudan d’Égypte ; cet ouvrage a presque toujours, été imprimé avec les décades. On lui attribue encore quelques autres écrits, mais il est douteux qu’ils soient de lui. G-é.


ANGIER (Paul), né à Carentan, en Normandie, était encore jeune quand la seule pièce de vers que nous ayons de lui, fut imprimée, et, suivant Duverdier, ce fut en 1545 qu’elle le fut pour la première fois. Cette pièce est intitulée : l’Expérience de M. Paul Angier, Carentenois, contenant une briesve défense en la personne de l’honneste Amani, pour l’Amye de Court, contre la Contr’Amye. Pour bien entendre ce titre, il faut savoir que l’Amye de Court est un poème du sieur de la Borderie, compatriote de Paul Angier, auquel Charles Fontaine en avait opposé un autre, intitulé : la Contr’Amye. Paul Angier prit la défense de la Borderie, dans l’ouvrage que nous venons de citer. Guill. des Autels, caché sous le nom de G. Terbault, répondit à Paul Angier, qu’il appelle le dernier des novices rimeurs. Paul Angier ne répliqua point ; et même il paraît qu’il renonça tout-à-fait à la poésie, pour laquelle, il faut en convenir, il n’annonçait aucune disposition. Son poème, si un ouvrage aussi médiocre mérite ce nom, imprimé d’abord à Paris, par Jean Ruelle, en 1545, in-16, fut réimprimé avec les Opuscules d’Amour, d’Héroet, la Borderie et autres divins poëtes, Lyon, 1547, in-8o W-s.


ANGILBERT, abbé de Centule dans le 9e siècle, était fils d’un des grands de la cour de Pépin le Bref. Disciple d’Alcuin, il fut élevé dans le palais de Charlemagne : c’était l’homme le plus aimable de la cour de ce prince, qui lui fit épouser secrètement sa fille Berthe. Quelques historiens racontent que ce mariage n’eut lieu qu’après qu’il eût été rendu nécessaire par la naissance de deux enfants. Il était membre de l’académie du palais. Charlemagne l’appelait son Homère, soit parce qu’Angilbert faisait ses délices de la lecture de ce poète, soit parce qu’il composait lui-même des vers. On trouve quelques pièces de sa façon dans Duchêne, dans les œuvres d’Alcuin, et dans d’autres recueils. Étant tombé malade au château de Centule en Ponthieu, il fit vœu d’embrasser la vie monastique à St-Riquier, s’il en relevait ; ce qu’il exécuta, après son rétablissement, avec le consentement de sa femme, qui prit en même temps le voile. Charlemagne l’arracha de son cloître, pendant qu’il en était abbé, pour le faire secrétaire d’état et maître de sa chapelle. Ce prince le chargea successivement de trois ambassades à Rome. Angilbert fut, pendant quelque temps, premier ministre de Pépin, roi d’Italie, et mourut, en 814. J. D. Mabillon a inséré dans les Annales ordinis S. Benedicti, la relation qu’il avait écrite de son monastère, pendant sa gestion en qualité d’abbé. On a publié une Histoire des premières expéditions de Charlemagne pendant sa jeunesse et avant son règne, composée pour l’instruction de Louis le Débonnaire, ouvrage d’Angilbert, surnommé Homère ; 1741, in-8o. Ce n’est qu’un roman dont l’auteur est Dufresne de Francheville. T-d.


ANGIOLELLO (Jean-Marie), né à Vicence, a écrit, en italien, une vie abrégée d’Ussum-Cassan, roi de Perse, Breve narrazione della, vita e fatti del sig. Ussun-Cassano, rè di Persia, insérée dans le second volume des Voyages publiés par Ramusio, Venise 1539, in-fol. Nous apprenons, par la préface de cet ouvrage, que son auteur avait écrit une autre histoire, où il racontait qu’il avait servi Mustapha, fils du Grand Turc Mahomet II, et qu’il s’était trouvé à la bataille dans laquelle Mahomet fut vaincu, près de l’Euphrate, par l’armée de Ussum-Cassan. En effet, Angiolello, étant esclave de Mustapha, le suivit dans cette expédition de son père, en 1473 ; il écrivit ensuite la vie de Mahomet II, en italien et en turc, et la dédia à ce sultan lui-même, qui l’accueillit, le récompensa généreusement, et le mit en liberté. On ne sait rien de précis sur l’époque de la naissance et de la mort de cet écrivain. On voit seulement,