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ANE

direction du célèbre Ant. Petit et de Maréchal, premier chirurgien du roi. Au bout de ce temps il obtint le brevet de chirurgien-major d’un régiment d’infanterie stationné sur les bords du Rhin. En 1707, le comte de Gronsfeld, l’un des généraux de l’empereur, ayant entendu vanter les talents et la dextérité d’Anel, l’appela pour soigner un de ses parents dangereusement malade ; et il le fit chirurgien-major d’un régiment de cuirassiers en lui assignant un traitement considérable. Mandé quelque temps après à Vienne pour donner son avis sur un cas embarrassant, Anel fut retenu deux ans dans cette ville, d’où il passa en Italie pour traiter des malades d’un haut rang. Sur les sollicitations pressantes des généraux autrichiens, et avec l’agrément de son souverain, il consentit à prendre du service dans les armées impériales, et fut attaché pendant trois campagnes à l’état-major Ne perdant aucune occasion de s’instruire, il employait ses quartiers d’hiver à visiter les hôpitaux et les écoles les plus fameuses, cherchant à captiver la bienveillance et l’amitié des professeurs. Il fut appelé souvent pour des opérations difficiles à Rome, à Bologne, à Florence, etc., et toujours il eut le bonheur de réussir. En 1710 il s’établit à Gènes. Parmi les malades qui vinrent l’y consulter était un jeune abbé, attaqué d’une fistule lacrymale. Anel parvint à le guérir très-promptement, en introduisant dans les conduits lacrymatoires une soie de sanglier pour les nettoyer, et en y pratiquant des injections à l’aide d’une petite seringue. Cette cure merveilleuse fit beaucoup de bruit en Italie. Pour répondre au désir de ses amis, Anel s’empressa de publier la méthode qu’il avait employée et d’indiquer les améliorations dont il la croyait susceptible. La principale consistait dans la substitution d’une sonde à la soie de sanglier. Peu de temps après (1713) il fut appelé à Turin pour traiter de la même maladie madame royale de Savoie ; il réussit aussi complètement que la première fois. La princesse le récompensa par une pension de cent louis, avec le titre de son chirurgien ordinaire. L’envie n’avait pas attendu ce nouveau succès pour se déchaîner contre la méthode d’Anel. De tous ses adversaires, le plus acharné comme le plus ignorant était François Signorotti, chirurgien génois ; Anel le réduisit au silence, en produisant en faveur de sa méthode les attestations des chirurgiens les plus distingués d’Italie et de France, et même de l’académie des sciences qui chargea Fontenelle de lui témoigner combien elle était satisfaite de ses observations. Anel annonçait en 1714. le projet de revenir en France ; mais on ne sait s’il put le réaliser, tant était grande la foule de malades qui le réclamaient de toutes parts : de Mantoue, d’Alexandrie, de Milan, etc. Il vivait encore en 1722 ; mais, quoiqu’il n’eût alors que quarante-deux ans, il est douteux qu’il ait poussé sa carrière au delà de cette époque. On ignore complètement le lieu et la date de sa mort. On a de cet habile chirurgien. 1° Art de sucer les plaies sans se servir de la bouche d’un homme ; avec un discours sur un spécifique propre à prévenir les maladies vénériennes, Amsterdam, 1707, in-12. Cet ouvrage réimprimé plusieurs fois a été inséré par Sancassani dans les Dilucidazioni, etc. Anel y propose de se servir d’une espèce de seringue de son invention pour extraire du corps le sang extravasé. Ce moyen, trop négligé peut-être, a été conseillé assez récemment par Petit de Lyon et Percy. 2° Nouvelle méthode de guérir les fistules lacrymales, avec un Recueil de différentes pièces pour et contre, et en faveur de la même méthode, Turin, 1713-14, in-4o. Ce volume, qui n’est pas commun, contient : Observation singulières sur la fistule lacrymale par Anel. — Informazione fatta dal chirurgo Fr. Signoretti contra monsù Dom. Anel. — Lettres diverses, ou les critiques de la critique de Signorotti. — Suite de la nouvelle Méthode ou discours apologétique, etc. Heister perfectionna la méthode d’Anel, et publia le précis de son ouvrage en 1716 sous la forme d’une dissertation académique (Voy. Heister.). On en trouve l’analyse dans les Réflexions sur l’opération de la fistule lacrymale, par Ant. Louis (Mémoires de l’académie de chirurgie, t. 2, p. 193), et dans l’Histoire de la chirurgie de Portal (loc. cit.). 3° Dissertation sur la nouvelle découverte de l’hydropisie du conduit lacrymal, Paris, 1716, in-12. 4° Recueil de méthodes pour la guérison des plus dangereuses maladies, Trévoux, 1717, in-12. 5° Relation d’une énorme tumeur occupant toute l’étendue du ventre d’un homme hydropique, et remplie de plus de sept mille corps étrangers, Paris, 1722, in-12. Anel a communiqué à l’académie des sciences une Observation d’un fœtus trouvé dans une masse membraneuse. W-s.


ANELLI (Angelo), poëte italien, naquit en 1761 à Desenzano, dans le Brescian. Avant l’âge de vingt ans il fut, à la suite d’un concours public, nommé professeur de littérature latine et italienne au collège de nette ville. Peu de temps après, ayant abandonné l’enseignement, il exerça différentes places municipales, et fut chargé de plusieurs commissions honorables. Son inclination le portait vers la jurisprudence ; mais con père n’ayant jamais voulu lui permettre d’étudier le droit, ce ne fut qu’en 1793, à trente-deux ans, qu’il put aller commencer son cours à Padoue. Charmés des talents d’Anelli, les curateurs de l’académie s’empressèrent de demander pour lui les dispenses nécessaires, et au bout de deux ans d’études il obtint le laurier doctoral dans la double faculté. À la première entrée des Français en Italie, il se hâta de revenir dans sa ville natale offrir ses services à ses compatriotes. La conduite qu’il avait tenue dans ces circonstances difficiles lui valut les remerciments du sénat de Venise ; mais cette distinction flatteuse lui fit des ennemis de tous ceux qui conspiraient dès lors la ruine du gouvernement vénitien ; et, quand la révolution éclata dans le Brescian, Anelli fut mis en prison comme suspect. Quelques citoyens courageux ayant élevé la voix en sa faveur, il ne tarda pas à recouvrer sa liberté ; mais, craignant de retomber dans les mains de ses adversaires, il partit pour Mantoue et s’enrôla dans un régiment d’artillerie française. Peu de temps après, le général Augereau, qui commandait à Vérone, le choisit pour son secrétaire, et il employa l’influence que lui donnait cette place pour rendre aux Italiens