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1er ramazan (15 janvier), se rendit dans l’île Hormuz où il séjourna deux mois, et s’y embarqua avec sa suite sur deux navires que lui fournit le roi de cette île. Une tempête l’obligea de relâcher à Maskat, et dans d’autres places sur les côtes d’Arabie, où les grandes chaleurs et les maladies le retinrent quatre mois. Il remit enfin a la voile, arriva en dix-huit jours à Kalikut, et se présenta devant le samorin. Mal accueilli par ce prince, ce ne fut qu’au bout de six mois, et sur les réclamations du roi de Bisnagar, qu’il lui fut permis de continuer son voyage, et il arriva, le 30 dzoul-hadjah 846 (30 avril 1445) dans la capitale de ce monarque, qui était alors le plus puissant roi des Indes. La réception qu’il lui fit aurait été plus bienveillante, si des Hormuziens établis à Bisnagar n’eussent répandu de faux bruits sur l’authenticité de la mission de l’ambassadeur persan. Abd-Errezzak partit de Bisnagar, avec des présents pour Schah-Rokh, et fut de retour a Hérat au mois de ramazan 848 (janvier 1145), après un voyage de trois ans. La mort de Schah-Rokh et les guerres qui éclatèrent entre les princes de sa race, rendirent sa position très-précaire. Lorsque le sultan Abou-Saïd Mina se fut emparé du Khoraçan, l’an 865 (1459), il envoya Abd-Errezzak en ambassade auprès du sultan Houçaîn-Mirza, qui s’était rendu maître du Djordjan et du Mazanderan, et qui, cédant aux instances de cet envoyé, consentit à reconnaître Abou-Saïd pour son suzerain. Abd-Errezzak avait été disciple du docteur Meulana Mohammed Esed, mort en 864. Il fut élu le 8 djoumadi 1er 867 (29 janvier 1463), par les magistrats de Hérat, pour remplacer le cheik ou directeur du collège royal de cette ville. Son frère, Meulana Chérif-Eddin Abd-al-Cahar, auteur d’un recueil de poésies, et aussi savant dans la loi musulmane qu’habile dans l’écriture, la chimie et la musique, mourut le 27 redjeb 869 (25 mars 1465). Quant à Abd-Errezzak, on ignore la date et le lieu de sa mort ; mais elle dut arriver peu de temps après l’année 875 (1470), époque où se termine son histoire des descendants de Tamerlan. Cet ouvrage, fort intéressant, et moins surchargé de puérilités et d’exagérations que la plupart des écrits orientaux, est intitulé Mathlaa Saad-aïn, ou Djemaa Bhar-aïn (l’ascendant des deux heureuses planètes et la réunion des deux mers). Ce double titre fait allusion au nom d’Abou-Saïd (père heureux), que portait Schah-Rokh, et au titre de sahebkeran (maître des conjonctions), héréditaire dans la famille de Tamerlan. Il existe à la bibliothèque royale de Paris, sous le n" 106, un manuscrit persan de cette histoire commençant à la mort du conquérant, l’an 807 (1405), et finissant en 875 (1470), la 6e année du règne du sultan Houçaïn. Galland a traduit cette histoire en français. Sa traduction n’a jamais été imprimée ; mais elle n’est pas perdue, comme l’a dit Langlés dans la préface de ses Ambassades réciproques d’un roi des Indes, etc., extraites par lui de la même traduction ; il en existe au contraire a la bibliothèque royale deux exemplaires manuscrits, dans l’un desquels Langlès a pris en entier la petite relation qu’il a publiée du Voyage d’Abd-Ouririzaq, de la Perse dans l’Inde, comme traduite par lui-même du persan. Il avait détaché de ce manuscrit tous les feuillets qui contenaient cette relation, sans songer qu’il avait déjà marqué sur l’autre exemplaire relié les paragraphes dont il avait besoin. Cependant les feuillets détachés du premier exemplaire ne se sont pas retrouvés, après la mort de Langlès, parmi ses papiers. A-t.


ABDIAS 4e des douze petits prophètes, a été confondu, par les Juifs et par St. Jérome, avec Abdias, intendant de la maison d’Achab, roi d’Israël, qui cacha et nourrit dans des cavernes les cent prophètes que Jézabel voulait faire mourir, et qui se conserva pur au milieu d’une cour impie. Abdias le prophète vécut plusieurs siècles après Achab, au temps de Jérémie et de la captivité de Babylone. Nous avons de lui un seul chapitre qu’il a composé contre les Iduméens. Il imite quelquefois le style de Jérémie, et se sert même de ses paroles. St. Jérôme parle du tombeau d’Abdias que Ste. Paule vit à Samarie ; mais comme il confond ce prophète avec l’intendant d’Achab, peut-être n’a-t-il indiqué que le tombeau de celui-ci. Il dit dans l’épitaphe de Ste. Paule, que cette dame pieuse étant sortie de Samarie, alla voir les montagnes et les cavernes où l’intendant d’Achab avait caché cent prophètes, et que de là elle vint à Nazareth. C-r.


ABDIAS de Babylone, auteur supposé, sous le nom duquel on a une histoire apocryphe intitulée Historia certaminis apostolici. Il ne parait pas qu’Eusèbe, St. Jérome ni les autres historiens sacrés, aient eu connaissance de cet ouvrage ; d’ailleurs les contradictions grossières que l’on y rencontre, surtout dans le 5e livre, ont réuni les opinions des catholiques et des protestants sur la supposition de ce livre. Il a été rejeté comme apocryphe par le pape Paul IV. Wolfgang Lazius, dans le 6e siècle, en trouva le manuscrit en Carinthie et le publia à Bâle, en 1552, in-fol. Jacques Lefèvre, docteur de Sorbonne, en donna une nouvelle édition à Paris, 1560, in-8o. Il a été plusieurs fois réimprimé, entre autres a Paris, 1574, in-8o, Cologne, 1576, in-16. Quoique regardé comme suspect par la plupart des savants, il se trouve encore dans l’Historia christiana veterum Patrum de Laurent de la Barre, dans les Orthodoxographes et, dans les Bibliothèques des, Pères. C. T-y.


ABDOLONYME, issu du sang royal de Sidon, fut réduit à faire le métier de jardinier pour vivre. Alexandre le Grand s’étant rendu maître de Sidon, ôta la couronne a Straton, qui était attaché au parti de Darius, et permit a Ephestion d’en disposer a son gré. Ephestion offrit la couronne à deux frères chez lesquels il logeait ; mais ils la refusèrent, en alléguant que, selon leurs lois, elle ne pouvait être portée que par quelqu’un du sang royal. Sur la demande qui leur fut faite de désigner celui à qui elle appartenait de droit, ils nommèrent Abdolonyme ; Ephestion chargea les deux frères de lui porter la couronne et les vêtements royaux. Ils obéirent, et le trouvèrent bêchant son jardin. L’ayant revêtu des ornements de