Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
666
AND

Riquet il fut nommé directeur particulier du canal. Ce fut en 1682, pendant qu’il exerçait ces fonctions, qu’il publia une nouvelle carte du canal du Languedoc. D-m-t.


ANDRÉOSSI (Antoine-François, comte), lieutenant général, issu d’une famille originaire d’Italie [1], naquit à Castelnaudary le 6 mars 1761. Il. était arrière-petit-fils de François Andréossi qui concourut avec Riquet à la construction du canal de Languedoc[2]. À vingt ans il entra au service avec le grade de lieutenant d’artillerie, et fit la campagne de 1787 en Hollande, où il fut fait prisonnier par les Prussiens. Il faisait partie des trois détachements que le gouvernement avait fait passer au secours des patriotes hollandais. Il revint peu de temps après en France, en vertu d’un échange. Andréossi passait, à l’époque de la révolution, pour l’un des officiers d’artillerie les plus attachés à l’ancien régime. Lorsque l’émigration commença, on comptait si bien sur ses sentiments à cet égard, que, dans la répartition des officiers d’artillerie qui fut faite entre les trois corps commandes par les princes frères du roi, par le prince de Condé et par le duc de Bourbon, il fut compris dans la liste de ceux qui devaient servir sous les ordres de ce dernier. Quel ne fut donc pas l’étonnement général. Lorsqu’on apprit qu’il avait embrassé avec chaleur la cause de la révolution ? Cependant il en repoussait les excès. Se trouvant en garnison à Metz en 1790, il se prononça fortement contre les mouvements anarchiques qui s’y manifestèrent. Andréossi fit toutes les campagnes de la révolution ; il commença par celle du blocus de Landau en 1793 ; se fit surtout remarquer dans celles d’Italie, depuis le passage du Var jusqu’au traité de Léoben, et fut souvent cité dans les relations du général en chef. Au siége de Mantoue, il dirigea avec cinq chaloupes canonnières une fausse attaque qui attira tout le feu de la place, tandis que les généraux Murat et Dallemagne conduisaient l’attaque réelle sur deux autres points. C’est à la suite de cet exploit qu’il fut nommé chef de brigade. Un peu plus tard, après la bataille du Tagliamento, Bonaparte l’ayant chargé de reconnaître si l’Izonso était guéable, il se jeta dans cette rivière qu’il passa et repassa sur deux points différents sous le feu de l’ennemi. Il fut envoyé à Paris avec le général Joubert, dans le mois de décembre 1797 (an 6), pour présenter au directoire les drapeaux enlevés par l’armée d’Italie. Lorsque le directoire ordonna les préparatifs d’une descente en Angleterre (1798), Andréossi fit sur les côtes un voyage dont le but était d’accélérer l’organisation des troupes. Ce projet n’ayant pas eu de suite, il suivit le général Bonaparte en Égypte, en qualité de général de brigade, et, sur cette terre antique de la civilisation, il sut conquérir plus d’un genre de gloire. Il fit partie de toutes les expéditions, notamment de celle de Syrie. Souvent, dans ses rapports, le général en chef donna des éloges à son courage. Devenu membre de l’institut formé au Caire, il fut chargé de plusieurs opérations savantes, dont il s’acquitta avec une grande supériorité. La rade de Damiette, l’embouchure du Nil, le lac de Menzaleh, le Fleuve sans Eau, etc., sont des points importants qu’il décrivit avec une rare exactitude, et sur lesquels il composa des mémoires qui font partie du beau travail de la commission d’Égypte. Ces mémoires ont paru aussi séparément. Andréossi accompagna Bonaparte lorsque ce général quitta l’Égypte ; il le suivit à Paris, et concourut de tout son pouvoir à la révolution du 18 brumaire. Il faisait les fonctions de chef d’état-major dans cette journée mémorable[3], et il obtint pour récompense une quatrième division formée exprès pour lui au ministère de la guerre, et qui comprenait l’administration de l’artillerie et du génie. Il joignit bien à son administration le titre de commandant de l’artillerie à Strasbourg, et le grade de général de division. Il fut appelé, en août 1800, au commandement de la place de Mayence, puis aux fonctions de chef d’état-major de l’armée gallo-batave. C’est en cette dernière qualité qu’il rendit compte d’un combat meurtrier où une poignée de soldats, entre Lauffembonrg et Nuremberg, battit une armée entière (18 décembre 1800), et sur lequel il publia une relation qui parut sans nom d’auteur. Peu de temps après, il fut fait directeur du dépôt de la guerre, puis ambassadeur à Londres après le traité d’Amiens. Il tint, dans cette dernière place, une conduite assez prudente ; mais, introduit dans les cercles de la hante société, on prétend qu’il laissa voir, par quelques bévues, qu’il n’en connaissait pas tous les usages. Ami des arts, il acheta à Londres la belle collection de dessins du ministre Calonne, qui avait été formée par le Brien. Revenu en France après la rupture avec l’Angleterre, il fut successivement nommé président du collège électoral de l’Aude, comte de l’empire, candidat au sénat et ambassadeur à Vienne. Il avait été chef d’état-major de l’armée de Boulogne. Il s’était trouve à la bataille d’Austerlitz, et avait été d’abord nommé commissaire du gouvernement à Vienne pour le complément du traité de Presbourg. Devenu gouverneur de cette ville, après la bataille de Wagram, il y rechercha les savants, les gens de lettres, rapporta quelques manuscrits, et se fit estimer et regretter. À son retour à Paris, il fut nommé à l’ambassade de Constantinople, et reçut des instructions de la plus haute importance. Napoléon, qui méditait alors son invasion en Russie, et qui avait besoin de susciter des ennemis à cette

  1. La famille noble des Andréossi subsiste encore à Lucques. Jérôme Andréossi étant passé en France, y fut reconnu gentilhomme par Louis XIII, et naturalisé Français par lettres patentes de Louis XIII. données à Fontaineblau et enregistrées à la cour des comptes de Paris, le 30 avril 1626. Il avait épousé Marguerite, fille de Pierre de Beauchamp, secrétaire ordinaire du roi. V-ve.
  2. On voit, dans l’histoire de ce canal qu’il a publiée, la part honorable que son bisaïeul prit à la construction de ce monument. Cette histoire donna lieu à de vives réclamations de la part de MM. de Carsman, descendants de Riquet. Voy. Andréossi (François). V-ve.
  3. « Je ne fus nommé, écrivait-il à l’auteur de cette note, chef d’état-major qu’au refus de Berthier, qui dit qu’il avait deux réputations dans Paris, tandis que moi, n’ayant pas marqué dans la révolution, je n’inspirerais aucune défiance. Je n’étais pas venu une seule fois à Paris pendant la crise révolutionnaire. » V-VE