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était Bussi ou Bossi. Il était né à Vigevano, en 1417. Après avoir langui quelques années à Rome, dans un état de dénuement et de pauvreté, il en sortit en s’attachant au cardinal de Cusa. Il obtint, par le crédit de ce cardinal, le titre de secrétaire de la bibliothèque apostolique, ensuite l’évêché d’Accia, dans l’île de Corse, d’où il passa bientôt après à celui d’Aleria. Les principales éditions qu’il dirigea, et auxquelles il ajoutait toujours des préfaces et des épitres dédicatoires, sont celles des Épitres de S. Jérôme, en 2 vol. ; des Épîtres et des Oraisons de Cicéron ; des Commentaires de César, de Lucain, d’Aulu-Gelle, d’Apulée, de Pline, de Quintilien, de Suétone, de Strabon, de Virgile, d’Ovide, de Silius-Italicus, de Tite-Live, etc. Les dates de ces éditions, justement recherchées, s’étendent depuis 1468, jusqu’en 1471. Quelques auteurs lui ont attribué des écrits sur les Décrétales, sur les fiefs, etc. ; mais ils l’ont, sans doute, confondu avec le célèbre canoniste Jean d’Andréa, qui florissait dans le même temps. G-é.


ANDREA (Onuphre d’), poète napolitain, florissait en 1630, et mourut vers 1647. Quoiqu’il participât à la corruption du style qui régnait alors, Crescimbeni et le Quadrio le mettent cependant au nombre des meilleurs poètes du 17e siècle. On a de lui : 1o deux poèmes, l’un fabuleux, l’autre héroïque, Aci, poema, canti 8, in ottava rima, Naples, 1628, in-12, et Italia liberata, poema eroico, ove si traita la distruzione del regno de Longobardi, 20 canti, Naples, 1646, in-12 ; 2o deux pièces de théâtre, l’Elpino, favala boschereccia, Naples, 1629, in-12, et la Vana gelosia, commedia, Naples, 1635, in-12 ; 3o le recueil de ses Poésies lyriques, en 2 parties, Naples, 1631 et 1635, in-12 ; 4o des discours sur differents sujets de morale et de philosophie, Discorsi in prosa, che sono della bellezza, dell’ amicizia, dell’ amore, della musica, etc., Naples, 1636, in-4o. G-é.


ANDREA de Nerciat. Voyez Nerciat.


ANDREA (Pisano), sculpteur et architecte, naquit à Pise, en 1270. Déjà, Arnolfo di Lapo, Jean de Pise, et quelques autres, d’après l’exemple et les conseils de Cimabué et de Giotto, avaient, en partie, renoncé au style gothique, qui régnait encore dans les arts du dessin, et, prenant pour modèles les ouvrages des anciens, ramenaient la peinture, la sculpture et l’architecture aux bons principes. André de Pise contribua plus qu’eux tous à cette heureuse révolution ; et en cela, il fut aidé par les circonstances ; car, à cette époque, ses compatriotes, très-puissants sur mer, faisaient le commerce avec la Grèce, et en rapportaient des statues, des bas-reliefs antiques, et jusqu’à des colonnes de marbre précieux, qu’ils employaient à la construction ou à l’ornement de leurs édifices, et surtout de la cathédrale et du Campo-Santo. André lit la comparaison de ces beaux ouvrages avec ceux qu’on avait exécutés jusqu’alors, et ce fut pour lui un trait de lumière, qui le guida dans la bonne route, que devaient achever de frayer les Donatallo, les Brunelleschi et les Ghiberti. Les première ouvrages d’André de Pise eurent tant de succès, qu’il fut appelé à Florence pour exécuter, sur les dessins de Giotto, les sculptures de la façade de Ste-Marie del Fiore, le monument le plus magnifique de ce siècle. Il commença par la statue de Boniface VIII, protecteur des Florentins ; il l’accompagna des figures de St. Pierre et de St. Paul, et de plusieurs autres saints personnages. Vers 1586, tous ces morceaux de sculpture furent enlevés, lorsqu’on voulut refaire cette façade sur un dessin plus moderne ; mais, ce projet n’ayant pas eu de suite, les statues d’André furent dispersées dans l’église et en d’autres lieux ; on en a transporté quelques-unes dans l’allée principale du Poggio impériale, maison de plaisance des grand-ducs de Toscane. On cite la Madone et les deux anges, qu’on voit sur l’autel de l’église de la Miséricorde, comme ayant été faits dans le même temps, par André ; ce groupe en marbre, et de grandeur naturelle, est d’une bonne exécution, et on remarque déjà dans les poses une certaine souplesse qui est voisine de la grâce. À la mort d’Arnolpho di Lapo, la république de Florence chargea André de tous les grands travaux qui s’exécutaient sur son territoire ; bientôt après, il fut employé, comme ingénieur ; il éleva des fortifications autour de la ville de Florence, menacée par les armées impériales, et construisit le château fort de Scarperia, situé au Mugello, sur le revers de l’Apennin. Dans un temps plus tranquille, André s’était occupé de l’art de couler et de travailler le bronze. Ce talent lui devint bientôt utile ; les Florentins, voulant imiter dans leurs temples la magnificence des anciens, résolurent de prodiguer la sculpture sur les portes de bronze du baptistère. Giotto, dont le nom est mêlé à tous les grands travaux de ce temps, fut chargé de composer les dessins de ces portes ; André se chargea de les exécuter. Elles sont couvertes de bas-reliefs, représentant toute l’histoire de St. Jean-Baptiste. Les compositions sont bien entendues ; les attitudes des figures sont naturelles et expressives, quoique toujours un peu roides ; mais tous les détails sont ciselés avec un art et une adresse infinis. Ces portes, commencées en 1331, furent terminées, polies et dorées huit ans après ; on les posa d’abord à l’entrée principale de l’édifice ; mais, ayant été remplacées ensuite par les admirables portes de Laurent Ghiberti, elles furent transportées à l’une des faces latérales, où on les voit encore. André exécuta plusieurs autres ouvrages en bronze, tels que le tabernacle de San-Giovanni, des bas-reliefs et des statues qui ornent le campanile de Sainte-Marie del Fiore. Cet artiste fit un voyage à Venise, pour enrichir de sculpture la façade de l’église de St.-Marc ; il donna aussi le modèle du baptistère de Pistoie, exécuté en 1337, et érigea, dans une église de cette ville, le tombeau de Cino d’Angibolgi. Gautier de Brienne, duc d’Athènes, qui avait usurpé le pouvoir à Florence, chargea André de plusieurs travaux d’architecture, et lui fit élargir les places, fortifier son palais, et élever plusieurs tours sur les murs de la ville ; il lui fit bâtir la belle porte San Friano, et presque toutes les autres. Enfin ce duc lui demanda le modèle d’une