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Enfin ce fut lui qui signa, comme ministre plénipotentiaire du roi Stanislas, le 23 juillet 1793, le traité par lequel ce partage fut consommé. Toutes les conditions du traité ne furent pas alors connues du public ; mais on sut qu’après sa conclusion le nonce Ancwitz avait obtenu du cabinet de St-Pétersbourg une pension de 30,000 florins. Il fut nommé dans la même année maréchal du conseil permanent, et revint habiter Varsovie, où il se trouvait à l’époque de l’insurrection du 18 avril 1794, lorsque les Russes furent chassés de cette ville et égorgés pour la plupart (Voy. Igelstrom.). On sait que dans ce moment l’exaltation populaire se porta contre tous les hommes que l’on pouvait soupçonner d’être partisans de la Russie. Ancwitz fut arrêté et emprisonné comme tel, et la populace demandait sa tête a grands cris : il fut traduit devant un tribunal révolutionnaire ou provisoire, qui le condamna à être pendu, et le fit exécuter à l’instant même devant l’Hôtel-de-Ville, à la demande du peuple. Son cadavre fut exposé toute la journée sur la place de l’exécution, et livré aux insultes de la populace. Quelques personnes ont regardé ce supplice comme la juste punition d’un crime bien prouvé ; et l’on a prétendu que des papiers saisis dans les équipages d’Igelstrom avaient fourni la preuve évidente de sa trahison. D’autres, au contraire, ont regardé le malheureux Ancwitz comme une de ces victimes trop souvent immolées dans les premiers moments d’effervescence qui accompagnent les révolutions ; et sous ce rapport ils ont comparé sa mort à celle des Foulon, des Berthier et des Favras. M-d j.


ANDECA, roi des Suèves en Espagne, enleva la couronne à Eboric, vers l’an 583, et s’affermit sur le trône en épousant Segonce, belle-mère d’Eboric. qu’il relégua ensuite dans un monastère, après lui avoir fait raser la tête, ce qui, selon l’usage des Suèves, la rendait inhabile au gouvernement. Andeca ne jouit pas longtemps de son usurpation. Leovigilde, roi des Visigoths, ayant tourné ses armes contre le Suèves, les défit, entra dans Brague, capitale du royaume, déposa Andeca, qu’il fit ordonné prêtre, et le relégua à Badajoz, où il mourut peu de temps après. Le royaume des Suèves devint une province des Goths en 584, après avoir existé pendant un siècle et demi. Il s’étendait sur la Lusitanie et sur la Galice. B-p.


ANDEIRO (don Juan-Ferdinand), favori de la reine de Portugal, Eléonore Tellez, entra de bonne heure au service du roi Ferdinand. Exilé en 1375, il passa en Angleterre, y jouit de la faveur du comte de Cambridge, et reçut de Ferdinand l’ordre secret d’engager la cour de Londres à former une ligue avec le Portugal contre la Castille. Andeiro réussit, revint à Lisbonne en 1380, et rendit compte au roi du succès de sa négociation. Ferdinand, pour mieux cacher ses desseins, le fit enfermer dans la tour d’Esiremos, où il allait souvent l’entretenir en secret, accompagné de la reine Eléonore. Quelque-fois même cette princesse s’y rendait seule, par ordre du roi. Séduite par l’esprit et les grâces d’Andeiro, elle oublia bientôt avec lui sa dignité et son devoir. La négociation avec l’Angleterre ayant été réglée entre le roi et le favori, celui-ci sortit de sa prison, et Ferdinand, voulant encore user d’artifice, l’exila de nouveau avec éclat, pour mieux cacher le but d’un second voyage à Londres. Andeiro reparut bientôt en Portugal, avec une expédition anglaise : la reine le fit créer comte d’Ourem et grand de Portugal, et il fut chargé par Ferdinand d’aller offrir la main de sa fille, Béatrix au roi de Castille. De retour à Lisbonne, il se vit au comble de la faveur, et ne cacha plus sa passion pour la reine. Le roi, éclairé enfin sur cette intrigue, allait s’en venger, lorsque la mort l’en empêcha ; mais la perte d’Andeiro n’était que différée. La reine, qui s’était emparée de la régence, avait fait, de son amant, l’arbitre du Portugal. Les grands, indignés, se liguèrent contre lui, et le grand maître d’Aviz, frère bâtard de l’infant don Juan, s’étant mis à leur tête, pénétra dans le palais de la reine avec vingt-cinq hommes armés, et poignarda Andeiro, le 6 décembre 1383 ; il chassa ensuite la reine, et s’empara de l’autorité. (Voy. Tellez (Éléonore), et Jean Ier. B-p.


ANDEELOT. Voyez Dandelot et Coligny.


ANDERSON, ou ANDREÆE (Laurent), chancelier de Gustave Wasa, né en Suède, en 1480, fut d’abord prêtre à Strengnes, et devint ensuite archidiacre à Upsal. Ayant reçu de la nature des talents supérieurs, il les avait cultivés par l’étude, et se distinguait surtout par une grande facilité à développer ses idées avec autant de clarté que d’élégance. Des voyages en divers pays, et un séjour à Rome, lui avaient donné la connaissance des hommes et des affaires. Lorsque les dogmes de Luther, qu’il avait appris à connaître à Wittenberg, se furent répandus en Suède, il les recommanda fortement à Gustave Wasa, qui venait de monter sur le trône, et devint le mobile principal de la révolution qui changea la croyance religieuse des Suédois. Le roi lui donna toute sa confiance, suivit le plan qu’il traça, et le nomma son chancelier. Ce fut lui qui à la diète de Vesteras, en 1527, malgré la forte opposition du clergé et de plusieurs grands du royaume, décida les états à publier le recès qui mettait les intérêts de l’Église à la disposition du roi. Des incidents, dont les mémoires du temps n’indiquent pas clairement la marche, entraînèrent ensuite le chancelier dans le parti des mécontents. instruit d’une conspiration contre Gustave, il n’en avait pas donné connaissance, et, le roi l’ayant accusé devant les états. il fut condamné à perdre la vie. Il parvint cependant à la racheter par une somme d’argent, et se retira à Strengues, où il mourut en 1552. Il donna la première traduction du Nouveau Testament en langue suédoise. C’était un chef-d’œuvre pour le temps ; mais le style en a vieilli, et d’autres traductions l’ont remplacée. C-au.


ANDERSON (sir Edmond), jurisconsulte anglais, né vers l’an 1540, à Brougton, ou à Flixborough, dans le comte de Lincoln, fut nommé chef juge de la cour des plaids communs, sous le règne d’Élisabeth ; place qu’il conserva sous le règne de Jacques Ier. C’était un homme plein d’érudition et de