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sacrée, entre autres : 1o Judicium de judiciis circa argumentum Cartesianum pro existentia Dei ad, nostra usque tempora latis, Berlin, 1792, in-8o. 2o Tentamen in Psalmo sexagesimo octavo denuo vertendo, cum Dissertatione historica, quam claudil Carmen seculare Horatii cum codem Psalmo collatum, Berlin, 1797, in-8o ; 3o Un discours qui a remporté le prix a l’académie de Rouen sur les Beautés oratoires et poétiques de l’Écriture sainte. 4o Un éloge du Saumaise couronné par l’académie de Dijon, et divers mémoires insérés dans le recueil de l’académie de Berlin. L-m-x.


ANCILLON (Charles), fils de David, né à Metz le 28 juillet 1659, commença ses études classiques dans cette ville, et alla les continuer à Hanau. Il suivit des cours de droit à Marsbourg, à Genève, à Paris, où il se fit recevoir avocat. Il exerça cette profession avec tant de succès dans sa patrie, que les reformés de Metz le députèrent en cour pour représenter qu’ils ne devaient point être compris dans la révocation de l’édit de Nantes. Tout ce qu’il put obtenir fut qu’on userait à leur égard d’un traitement plus doux qu’à l’égard des autres. Peu satisfait des dispositions de la cour, il suivit son père à Berlin. l’électeur de Brandebourg le fit d’abord juge et directeur des réfugiés français de cette ville, puis inspecteur des tribunaux de justice que ces mêmes réfugiés avaient en Prusse, enfin conseiller d’ambassade historiographe du roi et surintendant de l’école française. Il avait été employé dans des négociations importantes en Suisse, avait résidé quelque temps à la cour de Bade-Dourlac, et mourut à Berlin, le 5 juillet 1715, après avoir publié les ouvrages Suivants : 1o Réflexions politiques, par lesquelles on fait voir que la persécution des réformés est contre les véritables intérêts de la France, Cologne, 1685, in-12, ouvrage mal à propos attribué par Bayle à Sandras de Courtilz. 2o L’Irrévocabilité de l’édit de Nantes prouvée par les principes du droit et de la politique, Amsterd, 1688, in-12. 3o La France intéressée à rétablir l’édit de Nantes, ibid., 1690, in-12. 4o Histoire de l’établissement des Français réfugiés dans les États de Brandebourg, Berlin, 1690, in-8o : c’est un monument de la reconnaissance de l’auteur pour l’électeur. 5o Dissertation sur l’usage de mettre la première pierre au fondement des édifices publics, à l’occasion de la première pierre posée au temple de Fredérikstadt, pour les réfugiés français, ibid, 1701, in-8o. 6o Discours sur la statue érigée sur le pont Neuf de Berlin à l’électeur Frédéric-Guillaume, ibid, 1703, in-fol. : c’est une dissertation, en style oratoire, sur les statues équestres et pédestres, où les éloges les plus ampoules sont prodigués à son héros. 7o Mélanges critiques de littérature, Bâle, 1698, in-8o, 3 vol. On y trouve des remarques utiles et curieuses ; mais le 3e volume, consacré tout entier à l’éloge de son père et au sien, est très-inexact. L’auteur désavoua un extrait donné en 1701, à Rouen, sous la rubrique d’Amsterdam, en un seul volume, parce qu’on y avait inséré des choses qui faisaient tort à la mémoire de l’un et de l’autre. Le titre de l’édition de la même ville, en 1796, attribue faussement ces mélanges a Jean Leclerc. 8o Histoires concernant les vies de plusieurs modernes célèbres dans la république des lettres, Amsterdam, 1709, in-12 : ces vies, écrites d’un style diffus, étaient destinées pour un supplément au Dictionnaire critique de Bayle que Renier-Leers se proposait de donner. 9o Vie de Soliman II, Rotterdam, 1706, in-8o. Par cet ouvrage, où règne une grande incorrection de style, Ancillon voulait pressentir le goût du public sur une histoire des hommes célèbres, dont de Thou a fait l’éloge ; mais elle n’a pas été achevée. 10o Traité du Eunuques, 1707, in-12, sous le nom de C. Ollincan, qui est l’anagrmnme du sien. Il fut composé à l’occasion d’un eunuque italien qui voulait se marier. L’auteur prouve que le mariage est absolument interdit à ces sortes de gens : on y trouve une littérature variée et curieuse, mais la critique en est fort légère. T-d.


ANCILLON (Jean-Pierre-Frédéric), fils de Louis-Frédéric, dont il a été parlé plus haut, naquit à Berlin, le 30 avril 1766. Ainsi, quoiqu’il eût reçu le jour sur la terre étrangère, il appartenait à la France par sa famille, originaire de Metz. Loin de réduire l’héritage de science et d’honneur qu’elle lui avait transmis, il l’enrichit au contraire par sa gloire et ses travaux personnel. Il fut dirigé dans ses études par son père, et la belle carrière qu’il parcourut donne assurément une haute idée des lumières du maître. Celui-ci le destinait à l’état ecclésiastique : les exercices théologiques ne nuisirent sans doute pas aux progrès de l’historien et du philosophe, mais la vocation de l’historien l’emporta. Toutefois ses premiers écrits eurent peu de retentissement, comme il arrive à tous ceux chez qui la pensée doit s’épurer au creuset de l’expérience et souvent du malheur. Des 1785, il avait publie une brochure dont le titre était cette question politique et sociale : Quelle est la meilleure manière de rappeler à la raison les nations qui se sont livrées à l’erreur : cette forme de publication était la mode du temps, et le sujet à lui seul prouvait que le jeune publiciste, dont le caractère, même lorsqu’il serait devenu homme d’État, devait être d’une inaltérable modération, s’effrayait déjà des graves perturbations qui allaient remuer si profondément le corps social ; sans doute aussi qu’il sentit le besoin d’étudier de plus près, et en quelque sorte dans son foyer, cette révolution prochaine. Il vint donc en France, à Paris ; c’était en 1789. Assurément jamais époque, jamais théâtre, n’étaient plus faits pour offrir au philosophe un vaste champ d’observations. Le jeune voyageur y rencontra les hommes marquants de cette période unique peut-être dans l’histoire ; il vit Mirabeau, et tant d’autres personnages destinés à se signaler d’une manière plus éclatante, mais non plus honorable, que le futur ministre du royaume de Prusse. Allemand par l’éducation et les habitudes, Français par l’esprit, il consigna, selon l’usage de ses compatriotes d’au delà du Rhin, les observations qu’il avait pu recueillir, dans des Lettres écrites de Paris, et imprimées depuis en 1791 dans le journal littéraire de Berlin. Mais jusqu’alors si