Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/652

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
636
ANC

Bologne, de l’illustre famille des Farnèse, joignit le talent de l’éloquence, la connaissance de la philosophie et celle des affaires, à un profond savoir dans le droit, qu’il avait étudié sous Balde. Son mérite le rendit utile à sa patrie, et lui procura une grande considération dans toute l’Italie. Ancharano professa le droit à Padoue, à Bologne, à Sienne et à Ferrare, parut avec distinction au concile de Pise, dont il soutint vigoureusement la légitimité contre les ambassadeurs de Robert de Bavière, prouva que ce concile pouvait procéder contre Grégoire XII et Benoit XIII, et mourut dans sa patrie, en 1410, selon les uns, et en 1417, selon les autres. Quant à la date de 1497, marquée dans son épitaphe, elle n’est pas soutenable, à moins qu’on ne veuille le faire vivre bien au delà d’un siècle. On a de lui des commentaires sur les Décrétales, Bologne, 1581, in-fol. ; sur les Clémentines, Lyon, 1549 et 1553 ; sur le Digeste, Francfort, 1581 ; des Consilia juris, avec les additions de Lelio Zanchi, Venise, 1568, et d’autres ouvrages du même genre. Son épitaphe le qualifie de juris canostici speculum, el civilis anchora. T-d.


ANCHER (Pierre-Kofod). Il a occupé plusieurs postes importants dans l’administration du Danemark. Vers la fin du 18e siècle, il eut le titre de conseiller de conférence. On a de lui une Histoire de la législation danoise, depuis le roi Harald Blatand ; jusqu’au roi Christian V, Copenhague, 1769, 3 vol. in-8o, en danois : c’est un ouvrage plein d’une grande érudition historique, et digne d’être extrait par un jurisconsulte philosophe. Kofod Ancher a posé beaucoup d’ouvrages élémentaires sur le droit civil et criminel du Danemark, qui diffère du droit romain en plusieurs points importants. M-B-n.


ANCHERES (Daniel d’), né à Verdun, à la fin du 16e siècle, était jeune encore quand il fit imprimer, en 1608, à Paris, chez Jean Micard, une tragédie, avec des chœurs, intitulée : Tyr et Sidon, ou les funestes Amours de Belcar et Méliane. Cette pièce fait partie de son Recueil de poésies diverses. On sait très-peu de particularités de sa vie : il était gentilhomme, et peut-être était-il attaché à la personne de Jacques Ier, qu’il suivit en Angleterre. Beauchamp fait mention de cet auteur dans ses Recherches sur le Théâtre-Français, t. 2, p. 14, de l’édition in-8o, mais ce qu’il en dit est assez peu satisfaisant. La Vallière, dans sa Bibliothèque du Théâtre-Français, t. 1er, p. 408, donne un extrait assez étendu de la tragédie d’Anchères. D. Calmet l’a oublié dans sa Bibliothèque de Lorraine. W-s.


ANCHERSEN (Pierre), professeur au gymnase d’Odensé en Fionie, ile danoise, a vécu dans la première moitié du 18e siècle. C’était un des hommes les plus érudits de sa nation. Quoiqu’il ne possédât pas la profonde critique d’un Langehek, d’un Sulem, d’un Schœning, ces savants, qui l’ont éclipse, le citent avec estime. On a de lui : 1° Origines Danicæ, Hafniœ, 1747, in-4o ; 2° Parva Cimbrorun Civitas, ibid., 1746, in-4o ; 3° de Suevis, ibid., 1746, in-4o ; 4° Herthedal, ou la Vallée de Hertha, ibid., 1745 ; 5° de Solduriis, ibid., 1734, et plusieurs autres ouvrages historiques et littéraires, recueillis en partie dans ses Opuscula minora, odita a G. Oelrichs, Brême, 1775, 3 vol. in-4o, qu’il ne faut plus considérer comme des modèles, mais qui, à l’époque de leur publication, avaient le mérite d’exciter les jeunes gens à ce genre de recherches. M-B-n.


ANCHIETA (Joseph d’), missionnaire portugais, surnommé l’apôtre du nouveau monde, naquit, en 1553, dans l’ile de Ténériffe, de parents nobles et riches, reçut une éducation brillante, entra, à dix-ept ans, dans l’ordre des jésuites, et, animé d’un zèle pour la propagation de foi, partit pour le Brésil, en 1553, avec don Édouard d’Acusta, second gouverneur général, et six autres religieux de son ordre. Il fonda à Piratiningua, à la suite de longs et pénibles travaux, le premier collège du Brésil, pour avancer la conversion et la civilisation des sauvages de cette contrée. Les jésuites donnèrent à ce collège le nom de St-Paul, qui s’étendit ensuite à la ville qui y fut bâtie. « Ici, dit-il dans une de ses lettres St. Ignace de Loyola, nous sommes quelquefois plus de vingt dans une hutte grossièrement construite en terre, couverte de paille, n’ayant que 14 pas de long et 10 de large. C’est l’école, l’infirmerie, le dortoir, le réfectoire et la cuisine. » Les sauvages du Brésil et les créoles portugais vinrent en foule se mettre sous la direction d’Anchieta, qui leur enseignait le latin, et apprenait d’eux la langue du pays. Le premier, il en composa une grammaire et un vocabulaire. Travaillant jour et nuit, il était tout pour ces nouveaux fidèles. « Je sers, écrivait-il, de médecin et de barbier, traitant et saignant les Indiens malades. » Cles conversions étant regardées par les colons portugais de St-André comme nuisibles à leurs intérêts, en ce qu’elles tendaient à détruire l’esclavage, ils se réunirent pour attaquer l’établissement de Piratiningua ; mais Anchieta fit prendre les armes aux nouveaux convertis, et repoussa les assaillants. Son influence augmenta sous le gouvernement de Memdesa ; et, soutenu par ce gouverneur général, il parcourut les capitaineries du Brésil, et s’efforça de détruire l’anthropophagie parmi les tribus sauvages. Durant la longue et malheureuse guerre des Portugais contre les Tamoyos, Anchieta, compagnon fidèle du célèbre Nobrega, prêcha en chaire et sur les places publiques des villes nouvellement fondées, que les Brésiliens avaient partout l’avantage, parce que le droit et la justice étaient de leur côté, et qu’ainsi Dieu les protégeait visiblement : « Vous les avez attaqués, disait-il aux Portugais, au mépris des traités ; vous les avez faits esclaves contre le droit de la nature et des gens ; vous avez souffert que vos alliés dévorassent leurs prisonniers, etc. » à la fin, les malheurs de cette guerre déterminèrent Anchieta et Nobrega, de concert avec le gouverneur général, à aller se mettre entre les mains des Tamoyos, dans l’espoir d’en obtenir la paix. Le danger était imminent ; toutes les tribus des Tamoyos s’étaient réunies pour faire une attaque générale : aussi jamais on n’entreprit une ambassade plus périlleuse et plus utile. Après s’être exposés cent fois à perdre la vie au milieu de ces anthropophages, Anchieta et Nobrega parvinrent enfin,