Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/649

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
633
ANA

sur la scène grecque). L’innovation introduite par Anaxandrides consista en ce qu’il donna plus d’étendue et d’importance aux rôles d’amoureuses. Il était opulent, et aimait une grande magnificence. On dit même qu’un jour, étant à Athènes, il récita une de ses pièces, monté sur un cheval. Il avait plus de verve que de correction ; et, quoiqu’il fut très-affligé d’un mauvais succès, jamais il ne prenait la peine de retoucher ses ouvrages. Dans sa vieillesse, il en détruisit plusieurs. Sa mort fut malheureuse. Euripide avait dit, dans une de ses tragédies : « La nature le voulait ainsi, elle qui n’écoute point les lois. » Anaxandrides parodia ce vers, en substituant seulement les mots : la ville, à ceux de la nature. On n’était plus au temps d’Aristophane : les Athéniens permettaient bien encore qu’on prit les plus grandes libertés à l’égard des particuliers, mais ils ne soufraient plus les critiques contre l’État. Ils citèrent en justice Anaxandrides et le condamnèrent à mourir de faim. Athénée fait mention d’une Odyssée, composée par ce poëte, et Aristote, dans sa Rhétorique, cite quelques-unes de ses comédies. Platon fut un de ceux qui excitèrent la verve satirique d’Anaxandrides. B-t.


ANAXARQUE, philosophe de la secte éléatique, était natif d’Abdère, et fut disciple de Diomènes de Smyrne, ou, selon d’autres, de Métrodore de Chios, tous deux de l’école de Démocrite. Appelé auprès d’Alexandre le Grand, Anaxarque le suivit dans toutes ses expéditions, et lui parla toujours avec une entière liberté. Le monarque, un jour, s’était blessé : « C’est bien là du sang humain, dit Anaxarque, en montrant du doigt la blessure, et non du sang des dieux. » Lorsque Alexandre s’enorgueillissait d’avoir asservi sous ses lois tant de peuples divers, Anaxarque lui faisait considérer les cieux, ou gravitent une infinité de mondes, semblables à celui dont il n’avait pu seulement achever la conquête. C’était ainsi que, par des leçons puisées dans l’étude de la nature, le philosophe instruisait le conquérant, modérai la fougue de ses passions, dissipait les rêves de son ambition, et le ramenait souvent a des sentiments plus raisonnables. La conduite d’Annaxarque dut nécessairement lui susciter beaucoup d’ennemis. Les courtisans d’Alexandre, et le philosophe Callithènes lui-même, lui vouèrent une haine implacable, qui fut la source de toutes les calomnies qu’ont débitées contre lui les péripatéticiens. Satyrus, Cléarque, Hermippus, Athénée, Diogène Laërce, l’ont peint sous les couleurs les plus odieuses, et lui prêtent la même fin qu’à Zénon d’Elée. Ils prétendent qu’après la mort d’Alexandre, Anaxarque tomba entre les mains de Nicocréon, tyran de Chypre, dont il s’était attiré la haine, et que ce dernier le fit piler dans un mortier. Quoi qu’il en soit, ce philosophe était digne d’un meilleur sort. Il faisait consister le souverain bien dans la vertu, et pensait que le vrai sage doit trouver son bonheur en lui-même, indépendamment des objets extérieurs, ce qui lui fit donner le surnom d’Eudœmonicos (qui rend heureux). On trouvera, sur l’histoire d’Anaxarque, des détails intéressants dans l’ouvrage de Jean Lune, intitulé Lectiones atticæ, Leyde, 1809, in-4°. D. l.


ANAXILAS Ier, roi de Rhégium, descendait, la quatrième génération, d’Alcidamidas, Messénien. Après la prise d’Ira, vers l’an 625 avant J.-C., il attira à Rhégium une partie des Messéniens, qui ne voulurent pas se soumettre aux Lacédémoniens, ce qui rendit sa capitale très-florissante. On l’a souvent confondu, mal à propos, avec le suivant. C-r.


ANAXILAS II, fils de Grétinéus, et descendant du précédent, monta sur le trône à Rhégium, l’an 494 avant J.-C. Il fut célèbre par sa modération et son amour pour sa patrie. Il chassa de Zancle les Samiens, qui s’en étaient emparés, l’an 497 avant J.-C. ; il y conduisit une colonie, et donna à cette ville le nom de Messine, en mémoire de la patrie de ses ancêtres. Hérodote débite plusieurs contes sur Anaxilas ; il prétend que ce fut lui qui détermina les Samiens à s’emparer de Zancle, tandis qu’il n’était pas encore sur le trône lorsque les Samiens vinrent en Sicile. Il ajoute, d’après les Siciliens, qu’il engagea les Carthaginois à faire la guerre à Gélon et à Théron, pour venger Terillus, son beau-père, que Théron avait chassé d’Himère, où il était tyran. Pausanias a aussi commis plusieurs erreurs à son sujet, en le confondant avec le précédent. Il mourut l’an 476 avant J.-C., et laissa plusieurs enfants en bas âge, sous la tutelle de Micythus, son esclave. C-r.


ANAXILAS, de Larisse, philosophe pythagoricien, vivait à Rome sous le règne d’Auguste. Il s’adonna particulièrement à la médecine, à l’étude des merveilles de la nature, et consigne le fruit de ses recherches dans un ouvrage intitulé Παίγνια, cité par Irénée et par Epiphane. Pline nous a conservé trois de ses expériences, dont deux peuvent être reléguées parmi les fables. Il enveloppait un arbre d’un voile d’amiante, et parvenait à l’abattre, sans que l’on entendit les coups qu’il lui portait. En brûlant dans une lampe la liqueur que les cavales laissent écouler pendant le coït, il faisait apparaître aux spectateurs des têtes de chevaux monstrueuses. Enfin, il fut l’inventeur de ce que nous nommons flambeau infernal, dont il produisait l’effet en brûlant du soufre dans un lieu privé de lumière. Ses recherches lui devinrent fatales ; il fut accusé de magie, et banni par ordre d’Auguste. D. l.


ANAXIMANDRE, fils de Praxiades, fut le disciple et le successeur de Thalès, fondateur de la secte ionique. Comme son maître, il naquit à Milet, la 3e année de la 42e olympiade, 610 ans avant J.-C. La seule circonstance de sa vie qui nous soit parvenue, c’est qu’il fut chargé de conduire la colonie Milésienne, fondatrice d’Apollonie, sur les bords du Pont-Euxin. Anaximandre se livra particulièrement à l’étude des sciences mathématiques. Le premier, il découvrit, ou du moins fit connaître aux Grecs l’obliquité de l’écliptique, et parvint à déterminer l’observation plus exacte des solstices et des équinoxes, par le moyen d’une espèce de gnomon, dont il fit l’essai à Lacédémone. Le premier encore, il traça des figures de géométrie, pour rendre sensibles aux yeux les principes de cette science. Il essaya de