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encore que cinq ans. Irrité de ce que Mamoun avait refusé de se rendre à sa cour, il raya son nom de la khothbah (prière), et lui déclara solennellement la guerre. Le gouverneur du fils d’Amyn, Ali-ben-Issa, homme présomptueux et sans talents militaires, offrit au calife de chasser Mamoun du Khoraçan ; et Amyn lui donna le commandement d’une armée de 60,000 hommes. Mamoun était aimé de ses soldats, et son armée, bien moins nombreuse que celle de son frère, lui était toute dévouée. Ali s’avança jusqu’à Rey, où commandait Thaher, général brave et expérimenté, qui justifia pleinement la confiance de Mamoum ; avec 4,000 hommes d’élite seulement, il attaqua et mit en fuite l’armée d’Ali, qui périt dans l’action : ce revers fut suivi de beaucoup d’autres pour Amyn. Les généraux qu’il envoya successivement contre Thaher furent battus, et Bagdad, où il s’était renfermé, fut prise. Lorsqu’on lui apprit que Thaher victorieux venait l’assiéger, il s’amusait à pêcher à la ligne, « Ne me troublez pas, dit-il au messager, car mon affranchi a déjà pris deux poissons, et je n’en ai pas pris un seul. » Pendant le siége, au moment où l’ennemi venait de se rendre maître d’un poste important, les officiers du calife, qui venaient l’exhorter à prendre les armes, le trouvèrent jouant tranquillement aux échecs. Il leur ordonna de se retirer, parce qu’il était sur le point de faire son adversaire échec et mat. Après la prise de Bagdad, Amyn, qui redoutait Thaher, alla se rendre à Hertsemeh, autre général de Mamoum, qui le fit embarquer sur le Tigre ; mais Thaher fit submerger la barque, et Amyn, tombé dans les mains des soldats, fut massacré par ses ordres, le 25 de moharrem, 198 (813 de J.-C.) ; il n’était âgé que de 28 ans, dont il avait régné 5. Sa mort mit Mamoum en possession du califat. J-n.


AMYNANDRE, roi des Athamances, peuples voisins des Ëtoliens, interposa sa médiation en faveur de ces derniers, pour obtenir la paix de Philippe, roi de Macédoine, l’an 208 avant J.-C. Longtemps après, à la sollicitation du consul romain, il engagea les Ëtoliens dans la ligue contre Philippe, amena des secours aux Romains, se laissa gagner ensuite par les promesses d’Antiochus le Grand, fut obligé de quitter ses États par l’adresse de ce même Philippe, remonta peu après sur son trône, où le rappela son peuple, irrité de l’orgueil des lieutenants du prince macédonien, fit sa paix avec les Romains, et engagea la ville d’Ambracie à leur ouvrir ses portes. On ignore le temps et les circonstances de sa mort. N-l.


AMYNTAS Ier, roi de Macédoine, fils d’Alcetas, auquel il succéda vers l’an 507 avant J.-C. À cette époque le royaume de Macédoine était peu puissant, et la monarchie des Perses prenait chaque jour un nouvel accroissement, sous Darius, fils d’Hystape. Ce prince, à son retour de l’expédition contre les Scythes, envoya demander la terre et l’eau à Amyntas, qui, trop faible pour refuser, se reconnut tributaire de la Perse, et donna un magnifique repas aux ambassadeurs de Darius. Ceux-ci, échauffés par le vin, demandèrent, à la fin du repas, au roi de Macédoine, ses femmes et ses filles. Amyntas eut la bassesse de les amener, et les députes de Darius allaient s’abandonner à leur brutalité, lorsqu’Alexandre, fils d’Amyntas, substituant avec adresse aux princesses macédoniennes de jeunes garçons armés de poignards et travestis en femmes, fit massacrer les ambassadeurs,et sauva ainsi l’honneur de sa famille. Il trouva ensuite le moyen de dérober ce crime à la connaissance du roi de Perse, en donnant en mariage sa sœur Gygæa, qui était d’une beauté ravissante, à Bubaris, seigneur persan, que Darius avait envoyé à la recherche de ses ambassadeurs. Ce fut encore pendant le règne d’Amyntas que Xercès vint attaquer les Grecs, avec l’armée la plus formidable qui eût jamais été rassemblée. Il traversa la Macédoine, et Amyntas n’épargna rien pour lui prouver son attachement aux intérêts de la Perse. Il mourut peu de jours après la bataille de Salamine, l’an 480 av. J.-C., et eut pour successeur Alexandre 1er, son fils. C-r.


AMYNTAS II, fils de Philippe, et petit-fils d’Alexandre Ier, roi de Macédoine. On l’a souvent confondu avec Amyntas III, ce qui nous oblige à entrer dans quelques détails sur les rois de Macédoine, depuis Alexandre Ier. Ce prince laissa trois fils : Perdiccas, Philippe et Alcétas. Perdiccas refusa de partager le royaume avec ses frères ; Alcetas ne chercha point à faire valoir ses droits ; Philippe se retira auprès de Sitalcès, roi de Thrace, qui ne fit rien pour lui. Après sa mort, il ramena Amyntas II, son fils, dans ses États, avec une puissante armée, l’an 428 avant J.-C. Bientôt après, Sitalcès, s’étant allié avec Perdiccas, abandonna Amyntas, qui se retira on ne sait où, car l’histoire n’en parle plus. Perdiccas laissa, en mourant, deux fils, Archélaüs, qu’il avait eu d’une esclave, et qui était déjà grand, et Alcétas, qu’il avait eu d’Eurydice, son épouse, et qui n’avait que sept ans. Archélaüs prit le gouvernement de la Macédoine, comme tuteur de son jeune frère. Feignant alors de vouloir rendre la couronne à Alcétas, son oncle, qui avait un fils à peu près de son âge, nommé Alexandre, il les manda tous les deux, et, les ayant enivrés, il les égorgea. Il précipita ensuite dans un puits le fils légitime de Perdiccas, et se trouva ainsi seul possesseur du trône ; il laissa, en mourant, Oreste, son fils encore enfant, sous la tutelle d’Aéropus, qui le tua, et s’empara du trône. L’origine de cet Aéropus ne nous est pas connue. Celui-ci, après avoir régné 6 ans, mourut, et laissa la couronne à Pausanias, son fils, qui fut tué au bout d’un an, l’an 392 avant J.-C., par Amyntas III, fils de Ménélaüs. Il y a donc eu, entre ces deux Amyntas, trente-six ans d’intervalle ; et, comme le troisième a régné 24 ans depuis la mort de Pausanias, que d’ailleurs on lui donne un père différent, il est évident qu’on ne doit pas les confondre. C-r.


AMYNTAS III, roi de Macédoine, fils de Tharalée, selon les uns, et de Ménélaüs, selon d’autres, et probablement petit-fils d’Amyntas II, monta sur le trône, par l’assassinat de Pausanias, fils d’Aéropus, l’an 392 avant J.-C. ; mais Argée, frère de Pausanias, s’étant fait un parti puissant parmi les nobles de macédoine et les princes voisins, Amyntas fut obligé de lui abandonner la couronne, et de se retirer