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AMRI, roi d’Israël, fut proclamé par l’armée qu’il commandait au siége de Gebbëthon, après la mort d’Ela, assassiné par Zambri. Il investit l’assassin usurpateur dans Thersa, et le força de se brûler, avec la famille, dans le palais du roi. Thebin lui disputa encore la couronne pendant quatre ans ; mais enfin il se trouva maître de tout Israël par la mort de son concurrent. L’Écriture loue la valeur de ce prince, mais elle lui reproche d’avoir porté l’impiété plus loin que ses prédécesseurs, en quoi il fut surpasse par Achah, son fils. Amri mourut vers l’an 918 avant J.-C., après avoir fait bâtir Samarie, pour en faire la capitale de son royaume. T-d.


AMRIAL-CAIS, le plus célèbre des anciens poëtes arabes, est auteur d’une des sept Moallacah, poëmes composée avant Mahomet, et qui avaient été suspendus à la kaaba, ou temple de la Mecque, d’où leur est venu le nom de Moallacah (suspendus). Amrial-Cais était d’une famille distinguée ; son goût pour la poésie ayant déplu à son père, qui régnait sur la tribu des Benou-Asad, il fut chasse de sa maison, et mena une vie errante parmi les Arabes vagabonds et brigands, jusqu’à la mort de son père, qui fut tué par ses sujets, indignes de sa barbarie. Amrial-Cais alors obligé, selon l’ancienne coutume des Arabes, de venger, par le sang, le sang de l’auteur de ses jours, vint fondre, avec une troupe d’Arobes errants, sur ses sujets mais ceux-ci s’étaient sauvés, et une tribu voisine devint l’objet de la vengeance d’Amrial-Caïs. Ses compagnons, irrité de cette méprise, l’abandonnèrent, et il se réfugia auprès d’un prince de l’Yémen, qui lui promit, mais en vain, de lui faciliter les moyens de se venger. Lassé des retards que ce prince apportait à l’exécution de sa promesse, il alla trouver l’empereur grec, dont il implora le secours. Malheureusement, un Arabe de la tribu des Benou-Asad se trouvait à la cour de ce prince ; il parvint à l’indisposer contre Amrial-Caïs, et enfin à perdre ce dernier. L’empereur lui avait promis des troupes : il les lui donna en effet, mais, pendant sa marche. il lui envoya une chemise empoisonnée. À peine Amrial-Caïs s’en fut-il revêtu, qu’il sentit de vives douleurs, il expira peu après et fut inhumé près d’Ancyre. Amrial-Cais était contemporain de Mahomet, et avait même fut des vers satiriques contre lui. La Moallacah, dont Lette a publie, à Leyde, en 1748, le texte arabe, et W. Jones, la traduction anglaise, à Londres, en 1782, ne tient à aucun fait historique ; c’est une suite de tableaux où s’égaye l’imagination de l’auteur. Les plaisirs que lui a causés la présence des belles, les charmes de ses maïtresses, la description de son agile coursier, et la peinture d’un orage qui fond sur la terre, et dérobe à la vue les sommets des montagnes, tels sont les sujets traités dans ce poëme, dont les riches détails, les comparaisons variées, et les figures hardies, semblent avoir servi de modèles à la plupart des poëtes arabes des siècles suivants. J-n.


AMROU-BEN-LEITS, deuxième prince de la dynastie des Soffarides, succéda à Yacoub, son frère, l’an 265 de l’hégire (879 de J.-C.). Maître d’un d’un trône où l’avait porté la faveur des troupes, il voulut s’y affermir en méritant les bonnes grâces du calife alors régnant, et à qui son frère avait juré une guerre perpétuelle. Une splendide ambassade porta son hommage au pied du trône, avec des présents considérables, et le calife lui envoya à son tour un riche Kihlah (habillement), avec le diplôme d gouverneur du Khoraçan, d’Isaphan, etc. Le calife et son lieutenant vécurent ainsi en bonne intelligence pendant quelques années, qu’Amrou employa à étouffer les troubles élevés dans son gouvernement ; mais en 884 de l’hégire, soit qu’il négligeait d’envoyer des présents à, soit qu’il eût mécontenté, par son avarice, las habitants du Khoraçan, le calife ordonna que son nom fut rayé de la prière, et qu’on le chargeât de malédiction ; ce qui fut le signal d’une guerre funeste. Complètement battu par les troupes de Bagdad, Amrou se réfugia dans le Kerman, et passa, de cette province, dans le Khoraçan, ou Refyi s’était rendu indépendant. Amrou le vainquit, le fit prisonnier, ainsi que Mohammed, et les envoya au calife, avec qui ce service le réconcilia. Pendant ce temps, Ismaël le Samanide s’était révolte contre Amrou, à l’instigation du calife ; celui-ci se mit à la tête de ses troupes, marcha contre le rebelle ; mais, trop sur de vaincre, il négligea de choisir un campement avantageux. L’armée d’Ismaël, au contraire, qui avait passé le Djyhonn, était disposée de telle façon, qu’elle cernait celle d’Amrou. Ce désavantage de position jeta l’effroi dans le camp soffaride, où avait déjà retenti le bruit des exploits d’Ismaêl. Les généraux vinrent trouver Amrou, et le forcèrent à se retirer dans une forêt voisine. Ce prince céda aux circonstances ; mais sa marche fut plutôt une déroute qu’une retraite. Entrainé lui-même par les fuyards, son cheval le jeta dans un buisson, et un parti ennemi le fit prisonnier. D’autres historiens disent qu’Amrou fut emporté par son cheval au milieu des rangs ennemis ; quoi qu’il en soit, Ismaël obtint une victoire complète, et devint maitre d’un vaste empire ; Amrou fut conduit dans une tente pour y attendre son sort. Le changement inattendu de sa fortune ne lui fit rien perdre de sa gaieté, et comme on lui apprêtait quelque nourriture, un chien mit la tête dans la marmite : s’étant brûle, il la retira avec tant de vivacité qu’il emporta à son cou, et le repas du prince, et le vase qui le contenait. Amrou, témoin de cette scène, rit aux éclats, et, quelqu’un lui ayant témoigné son étonnement de le voir si gai, lorsqu’il avait tant de sujets d’être affligé : « Ce qui me fait rire, lui dit Amrou, c’est de penser que mon cuisinier se plaignait ce matin que trois cents chameaux ne suffisaient pas pour porter ma cuisine, et de voir qu’un seul chien la porte si lestement. » Lorsqu’Amrou parut devant Ismaël, celui-ci vint à sa rencontre, l’embrassa, et jura qu’il ne lui arriverait rien de fâcheux ; mais le calife ayant réclamé ce prisonnier, Ismaël, qui voulait mériter ses faveurs, le lui envoya. Amrou entra à Bagdad monté sur un chameau, et quand il eut servi de spectacle à toute la ville, on le jeta dans un cachot. Les circonstances