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struisit de nouvelles et fixa sa résidence à Séville. Mais la passion que lui inspira la reine Égilone, veuve de Roderic, dernier roi des Goth, lui fit perdre en peu de temps le fruit de ses talents et de ses vertus guerrière. Cette princesse ambitieuse lui persuada de se faire proclamer roi, et lui mit, dit-on, elle-même, la couronne sur la tête, ce qui indigna tellement les principaux officiers de l’armée, qu’ils le massacrèrent. Les historiens arabes rapportent autrement ils assurent qu’Abdel-Azyz, ayant appris la disgrâce de son père Mouça, ne voulut plus reconnaître l’autorité du calife Soleïman, et que ce prince irrité chargea secrètement cinq Arabes de se rendre en Espagne pour l’assassiner. Les émissaires du calife choisirent le jour où Abdel-Azyz devait faire la prière dans une mosquée située dans les prairies de Séville. À peine avait-il lu le premier chapitre du Coran, qu’ils se jetèrent sur lui, et l’égorgèrent, l’an 717 de J.-C. (Voy. Mousa.) B-p.


ABDEL-AZYZ, prince des Wahabis, fils d’Ebn-Seboud, lui succéda, vers la fin du 18e sicèle, dans l’autorité souveraine chez les mahométans réformés. Ne manquant ni de courage ni d’adresse, il profita du zèle des nouveaux sectaires pour achever de soumettre le reste des tribus qui n’avaient pas encore plié sous le wahabisme, amassa des trésors immenses et se vit maître d’une grande nation toute composée de soldats. La puissance toujours croissante des Wahabis ayant donné de l’inquiétude à la Porte, elle ordonna, en 1801, au pacha de Bagdad, d’aller les attaquer. À l’approche des Turcs, les Wahabis abandonnèrent leurs foyers. Abdel-Azyz, obligé de prendre la fuite, eu recours a la ruse, et les Turcs, trompes par ses négociations et réduits par ses présents, retournèrent à Bagdad ; ce qui lui donna le temps de rassembler son armée, pour se signaler bientôt par la prise imprévue d’Iman-Hussein, ville importante qui renfermait le tombeau du fils d’Ali ; et, peu de temps après, par celle de la Mecque. Mais, au milieu de ces triomphes, il fut poignardé pendant qu’il était en prière, le 13 novembre 1803, par un Persan qui s’était fait Wahabis pour l’immoler à sa vengeance. Abdel-Azyz laissa un fils nommé Seboud, qui lui succéda par le suffrage unanime de sa nation, et sut maintenir parmi ses sectaires le fanatisme religieux et le désir des conquête. (Voy. Seik-Mahmouk) B-p.


ABDEL-AZYZ. (Voyez Alchabitius.)


ABDEL-CADIR-BEN-MOHAMMED, originaire de Médine et natif de Djézyréh, est auteur d’un traité arabe sur le café, écrit vers la fin du 10 siècle de l’hégire (16e de J.-C.). M. Silvestre de Sacy en a publié un extrait curieux dans chresiomaihie arabe. J-n.


ABDEL-MELEK, 5e calife ommiade de Damas, succéda a Nerwan Ier, son père, au mois de ramadhan, 63 de l’hégire (avril 685 de J.-C.). Avant son élévation au trône, il étudiait le droit ; mais ayant appris la mort de Nerwan, il referma le Coran qu’il lisait en disant : « Ami, c’est le dernier entretien que nous avons ensemble. » Il signala la première année de son règne par une démarche aussi hardie que nécessaire. L’empire qu’exerçait Abdallah à la empêchait les musulmans de la Syrie et des provinces soumises a Abdel-Mélek de s’acquitter du pèlerinage, et les plus zélés désertaient son empire pour se livrer a leur dévotion dans les lieux où régnait Abdallah. Abdel-Mélek, pour remédier à cet veulent, se rendit a Jérusalem, en agrandit le temple et voulut qu’on s’acquittât du pèlerinage dans cette ville. Il fit ensuite rentrer dans le devoir tous les petits gouverneurs de Syrie ; mais il luttait avec peine contre les troupes de l’empereur Justinien II (voy. ce nom), qui lui accorda enfin la paix, à condition qu’il lui donnerait chaque jour 100 pièces d’or, un esclave et un cheval arabe. Ce traité permit au calife de marcher contre Mossab, frère d’Abdallah-Ben-Zobaîr, qui s’était emparé de l’Irac ; mais à peine fut-il sorti de Damas, que le gouverneur qu’il y avait laissé se révolta. Abdel-Mélek fut forcé de revenir sur ses pas pour lui livrer bataille : il le tua, et rentra triomphant dans sa capitale. Enfin, en 71 de l’hégire, il se dirigea de nouveau contre Mossab, le rencontra sur les bords du Tigre, le vainquit, le tua et reçut le serment de fidélité de ses troupes. Abdel-Mélek était dans le château de Coufah lorsqu’on lui apporta la tête de Mossab : « C’est dans ce château, lui dit un vieil officier, que j’ai vu apporter à Obeid’Allah la tête de Hocein, celle d’Obeid’Allah à Mokhtar, celle de Mokhtar à Mossab ; maintenant vous apporte celle de Mossab. » Abdel-Mélek fut si profondément affecté de cette remarque, qu’il quitta le château sur-le-champ, et ordonna qu’on le démolît. Cette victoire rendit Abdel-Melek maître de l’Irac. Sa puissance était déjà établie en Syrie, en Égypte et dans la partie de l’Afrique soumise alors aux Arabes. Mais une partie de l’Arabie obéissait encore a Abdallah-Ben-Zobaïr. La même année, Abdel-Mélek envoya pour le réduire le célèbre Hedjadj-Ben-Yousouf. Ce général vint mettre le siége devant la Mecque, et Abdallah ayant péri, il s’en rendit maître, le 18 de djoumady 1er (71 de l’hégire). Abdel-Mélek obtint encore d’autres succès par ses lieutenants dans l’Arménie et la Mésopotamie ; mais la faction des Alides s’étant accrue dans cette dernière contrée, Hedjadj n’y eut pas tout l’avantage qu’on attendait de son habileté. Plusieurs fois ses troupes furent vaincues, et peu s’en fallut que Koufah ne tombât au pouvoir des rebelles. La mort de Chebyb, leur chef, mit fin à cette guerre en 82 (de l’hégire). Abdel-Rahman, lieutenant d’Hedjadj, s’étant révolté peu de temps après, Ahdel-Mélek se joignit à son général ; mais leurs armées réunies furent complètement battues, et Abdel-Rahman se rendit maître de Bassora et de Koufah. Les deux partis se préparèrent à une seconde bataille, et pendant cent jours qu’ils se harcelèrent, il se livra quatre-vingt-un combats. Enfin Hedjadj mit en fuite Abdel-Rahman-et le força à se réfugier à Sahanah, où il fut pris par le gouverneur qui y commandait pour Abdel-Mélek. Ces troubles furent les derniers qui agitèrent le règne de ce prince iusqu’à sa mort, arrivée en chawal 86 de l’hégire (décembre 705) : il avait régné 21 ans et 13 jours. Tous les historiens orientaux vantent les talents politiques