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temps à Rome, et passa ensuite en Angleterre, où il eut pour protecteur et pour ami le célèbre Thomas Morus. Après quelques années de gêne et de mécontentement, il devint, vers 1513, secrétaire du roi Henri VIII, pour les lettres latines. Il suivit ce prince, en cette qualité, dans sa campagne contre la France, fut témoin de notre défaite à Guinegate, et de la prise de Tournay et de Térouane. Il célébra ces victoires dans un poème latin qu’il intitula Panegyrieys, dont Érasme fait un grand éloge. Léon X le nomma, peu de temps après, son nonce auprès du même Henri VIII, charge qu’il exerça le reste de sa vie, sans quitter celle de secrétaire du roi. Il mourut à Londres en 1517. On cite de lui des poésies latines, dont il n’existe ni éditions ni manuscrits. Une de ses églogues seulement se trouve imprimée dans le recueil intitulé : Bucolicorum Auctores, Bâle, 1546, in-8o. Dans les lettres d’Érasme, on en a inséré dix ou onze d’Ammonio, qui suffisent pour donner une idée avantageuse de son esprit de son style. G-é.


AMMONIUS SACCAS, ainsi nommé parce qu’il fut, dit-on, porte-sac dans sa jeunesse, était natif d’Alexandrie, et vivait vers la fin du 2e siècle. Ses parents étaient pauvres et chrétiens ; ils l’élevèrent dans leur religion. Dégoûté de l’état pénible qu’il exerçait, il le quitta pour se livrer a l’étude de la philosophie, dans laquelle on crut qu’il eut pour maître Pantænus. Au bout de quelques années, il ouvrit une école et se fit un grand nombre de disciples, dont les plus célèbres furent Hérennius, Origène, Plotin. On regarde ordinairement cette école comme la première de la philosophie éclectique. Cette opinion néanmoins a besoin d’être rectifiée. L’éclectisme est la doctrine de ceux qui, sans embrasser aucun système particulier, prennent dans chacun de qui leur paraît le plus conforme à la vérité, et, de ces diverses parties, coordonnent un nouveau tout. C’était ainsi qu’avait procède Potamou. Mais il est impossible de donner le nom d’éclectisme à la philosophie d’Ammonius, assemblage monstrueux et bizarre des opinions les plus contradictoires. En effet, non content d’avoir amalgamé sans ordre les systèmes fondamentaux des diverses sectes grecques, l’épicurisme excepté, il tomba dans la même confusion relativement aux principes religieux ; de sorte que le chaos de sa doctrine embrassait également les opinions philosophiques et les dogmes sacrés. On doit donc plutôt le regarder comme le fondateur du théosophes ou illuminés. Ammonius n’écrivit jamais rien. Il ne confiait ses principes qu’à un petit nombre de disciples et sous le voile du mystère. Cependant quelques historiens le font auteur d’une Concorde évangélique, qui se trouve dans le 1er  tome de la Bibliothèque des Pères, et que d’autres attribuent, avec plus de fondement, à un évêque Ammonius. D. l.


AMMONIUS, philosophe éclectique, fils d’Hermias et dÆdesia, vivait vers le mileu du 5e siècle. Il était natif d’Alexandrie ; mais, après la mort son père, Ædesia le conduisit à Athènes avec son frère Héliodore, et les confia tous deux aux soins de Proclus. Sous cet habile maître, Ammonius obtint des succès honorables ; il eut même, à son tour, des disciples distingués, tels que Simplicius, Damascius, J. Philoponus. Il nous reste d’Ammonius divers commentaires sur les œuvres d’Aristote et de Porphyre, savoir : 1o  in libr. Peri-Hermenias, Venitiis, Ald., 1503, in-fol. ; 2o  in libr. Aristot. de Interpretatione ; 3o  in ejusdem prædicamenta ; 4o  in Quinque Voces Porphyri. Les trois traités réunis, Venetiis, Ald., 1546, in-8o. Un extrait du 2e  commentaire, dans lequel Ammonius traite du libre arbitre et de la Providence, se trouve, grec-latin, dans l’édition faite à Londres, du traité de Fato d’Alexandre d’Aphrodisée ; et, en latin seulement, dans le recueil de Grotius intitulé : Philosophorum Sententiæ de fato. On attribue encore à Ammonius la vie d’Aristote qui orne plusieurs éditions des œuvres de ce philosophe. ─ Un autre Ammonius, philosophe péripatéticien, fut un des maîtres de Plutarque : il était également natif d’Alexandrie, mais il quitta cette ville pour aller s’établir à Athènes, où il termina ces jours. Il essaya de concilier entre elles la doctrine d’Aristote, et celle de Platon, ce qui doit le faire regarder comme un des l’auteur de l’éclectisine. Plutarque avait écrit sa vie, qui est perdue. Au reste, on compte dans l’antiquité plusieurs Ammonius, souvent confondus. et dont l’histoire est enveloppée d’une grande obscurité. Longin parle d’un péripatéticien de ce nom, différent du précédent. et que Philostrate regardait comme l’homme le plus savant de son siècle. D. l.


AMMONIUS, grammairien grec, est sans doute le même que celui qui, étant à Alexandrie, prêtre d’un singe, fut obligé de prendre la fuite vers l’an 389 de notre ère, lorsque Théophile, patriarche de cette ville, eut porté les chrétiens a détruire les temples des païens. Il nous reste de lui un traité de adfinium verborum Diffrentia, qui a été imprimé un grand nombre de fois, à la suite de différents dictionnaires grecs. La meilleure édition est celle que Valckenaer en a donné, avec des notes très-savantes, Lugd. Bat., 1739, in-4o. M. Ammon, savant professeur de Goettingue, l’a fait réimprimer, avec des notes choisies de Valckenaer, et les siennes propres, Eriangæ, 1187, in-8o. C-r.


AMNON, fils aîné de David et d’Achinoam, devint tellement épris de sa sœur Thamar, qu’il lui fit violence ; mais il n’eût pas plutôt commis cette action détestable, que, sa passion se changeant en haine, il chassa honteusement Thamar. David, qui aimait beaucoup Amnon, laissa son crime impuni ; mais Absalon, irrité de l’insulte qu’Amnon avait faite à sa sœur, résolut de s’en venger. Il invita ses frères a un festin, et a peine Amnon se fut-il abandonné aux plaisirs de la table, qu’il le fit tuer, l’an 1030 avant J.-C. T-d.


AMOLON ; disciple, diacre et successeur d’Agobard dans l’archevêché de Lyon, en 840, gouverna cette Église avec beaucoup de zèle et de sagesse jusqu’à sa mort, en 852 : il avait joui d’une grande considération auprès du roi Charles le Chauve et du pape Léon IV. Le petit nombre d’écrits qui nous