Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/607

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
591
AMM

si malheureusement féconde, de l’abbé de Marolles, dont la traduction parut en 1672, 5 vol. in-12. M. Moulines en a publié, à Berlin, en 1775, une nouvelle version en français, qui est beaucoup meilleure, mais qui ne doit pas décourager les nouveaux traducteurs. (Voy. Spartien.) M-d.


AMMIRATO (Scipion), ne le 27 septembre 1531, à Lecce, dans le royaume de Naples, fut destiné par son père à l’étude des lois. Envoyé deux fois à Naples pour suivre cette carrière, il en tut écarté par son goût pour les belles-lettres. Il crut que ce goût s’accorderait mieux avec l’état ecclésiastique, où il entra en 1551. Ayant obtenu un canonicat, il se rendit à Venise, où il se lia avec plusieurs hommes célèbres ; mais il en sortit peu de temps après, pour éviter les effets de la jalousie d’un mari puissant ; il crut trouver la liberté et plus de tranquillité à Rome, sous le pontificat de Paul IV ; mais s’étant attaché a Brianna Caraffa, nièce du pape, et ayant voulu servir en même temps Caterina Caraffa, sœur de ce pontife, qui était brouillée avec sa nièce, Brianna saisit le premier sujet de mécontentement, et fit dire si positivement à Scipion qu’il était bien heureux qu’elle ne le fit pas assassiner, qu’il jugea plus prudent de quitter Rome. Après quelques incertitudes, il retourna à Naples pour y reprendre l’étude des lois ; il y arrivait a peine, qu’un ecclésiastique, qui devint ensuite évêque de Calvi, lui ayant dit quelque injure, Ammirato s’oublia ]usqu’à lui donner un soufflet ; la foule s’assembla autour d’eux, et il reçut, entre les deux épaules, un coup de couteau ou de stylet. Guéri de cette blessure, il fut rappelé dans sa patrie par son père, qui voulait le marier. Il se rendait à Lecce, lorsqu’il rencontra un homme qui se disait habile en chiromancie, et qui, ayant examiné sa main, lui prédit que ce mariage ne se conclurait pas. Le mariage manqua en effet, et l’on remarqua alors la prédiction, qu’on aurait oubliée si le contraire était arrivé. Quelques années se passèrent encore en déplacements et en projetsinutiles. Étant a Rome, en 1563, Ammirato fut rappelé à Naples pour écrire l’histoire de ce royaume. Il y retourna encore une fois ; mais, mécontent des arrangements qu’on avait faits, et des dispositions où il trouva ceux qui gouvernaient la ville, il reprit le chemin de Rome, où il fit quelque séjour, et se fit beaucoup d’amis, mais sans trouver un protecteur qui se chargeât de sa fortune. Enfin il se rendit à Florence, dans le dessein de s’attacher à la maison de Médicis. Il y réussit, et le grand-due Cosme Ier le chargea, en 1570, d’écrire l’histoire de Florence. Le cardinal Ferdinand de Médicis le logea dans son palais à la ville et à la campagne, et lui fit avoir un bon canonicat. C’est dans cette position heureuse, mais non tout à fait indépendante, qu’il écrivit son histoire, et qu’il passa le reste de sa vie. Il mourut à Florence, le 30 janvier 1601, âgé de 69 ans. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages : 1° delle Fumiglie nobili Napolitane, parte prima. Florence, 1580, perte seconda, 1651, in-fol. La première partie est plus rare et beaucoup plus estimé que la seconde, qui n’a été imprimés que longtemps après la mort de l’auteur. 2° Discorsi sopra Cornetio Tacito, Florence, giunti, 1594, in-4o ; ibid., 1598, et plusieurs fois ailleurs. Ce furent sans doute les discours de Machiavel sur Tite-Live qui donnèrent à l’Ammirato l’idée d’en faire sur Tacite ; mais ceux-ci n’ont ni l’énergique liberté de leur modèle, ni sa profondeur ; nous avons une traduction française de ces discours, Lyon, 1619, in-4o. 3° Oraxioni a diversi principi, intorno a’ preparamenti contro la potenza de Turco, Florence, Giunti, 1598, in-4o, contenant sept discours ou harangues adressées à Sixte V, à Clément VIII, à Philippe II, roi d’Espagne, etc. 4° Istorie fiorentine, le meilleur ouvrage de l’auteur, et l’une des meilleures histoires de Florence. Il ne faut pourtant pas oublier la position où il était en l’écrivant, et l’influence qu’elle a du avoir sur tout ce qui regarde la famille des Médicis. La première partie parut à Florence, chez les Junte, en 1600, in-fol. ; elle comprend vingt livres, et s’étend jusqu’en 1434. La seconde partie ne fut publiée que quarante ans après sa mort, par Ammirato le jeune, Florence, 1641, in-fol. ; elle contient quinze autres livres, et va jusqu’en 1574. Le même éditeurflit ensuite réimprimer la première partie seulement, Florence, 1647, 2 vol. in-fol., avec des additions, marquées dans le texte par des guillemets. Ce sont les exemplaires composés de ces deux volumes, réimprimés en 1647, et de la seconde partie imprimée en 1641, qui sont les plus recherchés, et composent la meilleure édition des Storie fiorentine. 5° Delle Famiglie nobili fiorentine,, Florence, 1615, in-fol. 6° I Vescovi di Fiesole, di Volterra e d’Arezzo, Florence, 1637, in-4o. 7° Opuscoli, Florence, 3 vol. in-4o, 1640-1642. Ce sont des mélanges, des discours, parmi lesquels on retrouve les sept qui avaient été imprimés en 1598 ; des lettres, des dialogues, des parallèles, des portraits, des morceaux de philosophie morale, des poésies diverses, etc. Ammirato fut le premier éditeur des poésies de Berardino Rota, célèbre poëte napolitain ; il les accompagna de notes, et donna à leur publication des soins qui n’ont pas peu servi à leur suceès. On lui dut l’impression de plusieurs autres bons ouvrages en · prose et en vers. Il laissa lui-même plusieurs écrits qui n’ont point été publiés, entre autres l’histoire de sa vie, que l’on dit conservée en manuscrit à Florence, dans la bibliothèque de l’hôpital de Ste-Marie-Nouvelle. Ammirato fit, en mourant, son légataire universel le fils d’un maçon de Montajone, nommé del Bianco, qui avait été son secrétaire, et il mit à ce bienfait la condition de porter son nom. Del Bianco remplit fidèlement cette condition, et ne s’appela plus que Scipion Ammirato le Jeune. Il fut ensuite attaché au prince Laurent de Médicis, et eut quelques autres emplois, où il se fit estimer. Il n’a laissé aucun ouvrage de sa façon ; mais il a publié plusieurs de ceux de son père adoptif, et y a fait de bonnes et utiles additions. Il mourut à Florence en 1646. G-é.


AMMONIO (André), de Lucques, poëte latin, intime ami d’Érasme, qui l’a beaucoup loué dans ses lettres. Né en 1477, il se livra de bonne heure, et avec succès, à l’étude des belles-lettres, de la langue grecque et de la poésie latine ; il vécut quelque